Sergueï Skripal, un ex-colonel du renseignement militaire russe, avait été condamné à 13 ans de prison en Russie en 2006 (ici s'entretenant avec son avocat). © ISOPIX

Ex-espion russe: le Kremlin « n’admet pas » les accusations « sans preuve »

Le Vif

La Russie « n’admet pas » les accusations « sans preuves » et les ultimatums de Londres qui exige des explications de Moscou sur l’empoisonnement de l’ex-espion Sergueï Skripal en Angleterre, a averti mercredi le Kremlin, appelant au « bon sens ».

« Moscou n’admet pas les accusations sans preuves et non vérifiées, et le langage des ultimatums », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « La Russie n’a aucun rapport avec ce qui s’est passé en Grande-Bretagne », a-t-il martelé.

Lundi, la Première ministre britannique Theresa May a estimé « très probable que la Russie soit responsable » de l’empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, survenu le 4 mars à Salisbury au Royaume-Uni. Elle avait donné jusqu’à mardi soir à Moscou pour fournir des explications à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).

Mercredi, Sergueï Lavrov a qualifié les actions de Londres de « tentative grossière d’induire en erreur la communauté internationale », en soulignant « ne pas voir d’arguments » confirmant une éventuelle implication de la Russie qui n’avait selon lui « aucun motif » dans cette affaire. Si les autorités britanniques envoient à Moscou une demande officielle d’information, la Russie y répondra »dans un délai de dix jours », conformément à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, a-t-il précisé, lors d’une conférence de presse.

Entre temps, en l’absence d’explications de Moscou, Theresa May doit réunir mercredi son Conseil de sécurité nationale et pourrait décider d’éventuelles sanctions à l’encontre de la Russie. « Nous espérons que le bon sens l’emportera et que d’autres pays vont au moins se demander si oui ou non, il existe une preuve et si les reproches visant Moscou sont justifiés », a déclaré mercredi Dmitri Peskov.

« Véritable provocation »

« Nous voyons des menaces et des intimidations à l’égard de notre Etat, un Etat entier, à l’égard de notre peuple », a déclaré pour sa part à l’AFP la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. « Et ce sont les autorités d’un pays membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, un pays possédant des armes nucléaires, qui se permettent de faire des choses pareilles », a-t-elle déploré, en dénonçant un « show politique d’information qui se base sur une véritable provocation internationale ».

La Russie n’a reçu de Londres ni échantillons de la substance toxique utilisée pour l’empoisonnement de M. Skripal, ni leur descriptif, selon Mme Zakharova. « Nous avons reçu zéro informations de la partie britannique, malgré notre demande », a-t-elle assuré en précisant que la Russie n’avait « même pas d’accès » consulaire à la citoyenne russe Ioulia Skripal, hospitalisée avec son père.

L’une des sanctions éventuelles de Londres contre la Russie pourrait être la fermeture de la télévision russe RT, considérée comme un organe de propagande pro-Kremlin, déjà dans le viseur du régulateur britannique des médias. La riposte russe « concernera tous les médias britanniques travaillant sur le territoire russe », a prévenu Mme Zakharova.

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