Dans les rues de Caracas. © AFP/Juan Barreto

Evo Morales dénonce un coup d’Etat soutenu par les USA au Venezuela

Le président bolivien Evo Morales affirme qu’un coup d’Etat de l’opposition au Venezuela, avec le soutien des Etats-Unis, est en cours de préparation. Le pays est le théâtre depuis des mois de violentes manifestations anti-gouvernement qui ont déjà fait 65 morts.

« Ce qui se passe là-bas est un coup d’Etat », a affirmé le président de la Bolivie, Evo Morales, au sujet de la crise vénézuélienne dans un entretien accordé à l’agence de presse DPA, à Santa Cruz.

« Le gouvernement veut garantir l’élection de gouverneurs d’Etat et convenir d’une convention constitutionnelle mais la droite ne veut que la démission du président Maduro », a-t-il poursuivi.

« Et les Etats-Unis et l’Organisation des Etats américains (OEA) sont en train d’intervenir dans cet objectif », a-t-il ajouté en accusant Washington de soutenir l’opposition vénézuélienne afin d’avoir une main mise sur les réserves du pétrole du pays sud-américain.

L’intervention des Etats-Unis et de Luis Almagro, le secrétaire général de l’OEA allait à l’encontre de tous les principes démocratiques, a affirmé Evo Morales, un des derniers alliés internationaux du président Maduro.

« Maduro est un président qui a été élu par la majorité de la population », a insisté le président bolivien. « Sa voix doit être défendue. » Il accuse l’opposition vénézuélienne de faire volontairement escalader la crise pour attirer l’attention de la communauté internationale.

Mais la crise ne peut être résolue que par un dialogue politique intérieur ou avec l’aide de médiateurs, comme de l’Union des Etats d’Amériques du Sud (USAN).

« Almagro et les USA sont un danger pour la démocratie en Amérique latine », a conclu M. Morales.

Près de 100 personnes blessées dans les manifestations

Près de 100 personnes ont été blessées lundi à Caracas dans des affrontements entre des manifestants anti-gouvernement et la police. Par ailleurs, le Syndicat des travailleurs de la presse (SNTP) du Venezuela a protesté contre les « agressions » dont ont été victimes selon lui plusieurs reporters de la part de militaires lors de la couverture de manifestations contre le président Nicolas Maduro à Caracas.

« On dénombre 98 blessés », a dénoncé le parlementaire et membre de l’opposition, Juan Requesens. Il indique que des agents de police s’en sont pris aux manifestants et leur ont dérobé leurs affaires. M. Requesens affirmé également que des journalistes ont été agressés. Des accusations soutenues par le syndicat de presse vénézuélien.

« Il s’agit de 14 salariés de la presse agressés, 13 à Caracas et un dans l’état de Mérida (ouest). A l’exception de deux cas, les agressions ont été le fait d’organes de la sécurité d’Etat, principalement la Garde nationale », un corps militarisé, a déclaré à l’AFP Marco Ruiz, le secrétaire général du SNTP.

Selon lui, les reporters se sont fait également volés lundi leurs équipements -téléphones portables, masques de protection contre les gaz lacrymogènes ou autres- par les forces de l’ordre.

Au total, depuis le début de la vague de manifestations contre le président Maduro le 1er avril, le syndicaliste a recensé « 254 agressions en comptant celles de lundi ». Il a demandé que le responsable du maintien de l’ordre au ministère de l’Intérieur « remette au parquet les fonctionnaires qui ont commis ces délits ».

Les manifestations, organisées pour demander le départ du président socialiste, se sont soldées par 65 morts, plus d’un millier de blessés et des centaines d’emprisonnements.

Plusieurs reporters, dont le photographe de l’AFP, avaient été agressés par les militaires lors de la manifestation du 31 mai.

L’opposition a souligné de son côté que la « répression » a frappé non seulement la presse mais aussi les manifestants et leurs dirigeants qui ont été lundi « frappés et volés ».

« Le comportement de la Garde nationale a relevé de la délinquance. Ils ont volé même les chaussures, les motos, les téléphones portables, les portefeuilles de ceux qui manifestaient (…) Ils ont démoli une caméra de (la chaîne d’information) Globovision et volé des journalistes », a dénoncé le député Juan Andrés Mejia lors d’une conférence de presse.

Les manifestants ont tenté lundi d’installer des « piquets » sur les principales autoroutes de Caracas, avant d’être dispersés par des tirs de grenades lacrymogènes et des canons à eau.

Le gouvernement accuse le syndicat de la presse de soutenir l’opposition et rend celle-ci responsable de la violence dans le pays.

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