© Reuters

Euro 2016 : 7 blessés à Nice, 35 à Marseille, un homme entre la vie et la mort

Le Vif

D’après une dernière estimation, 35 personnes ont été blessées samedi lors des incidents survenus entre supporters russes, français et britanniques sur le Vieux-Port de Marseille en marge de la rencontre de l’Euro 2016 entre l’Angleterre et la Russie, rapporte le journal local La Provence.

Lors d’autres affrontements ayant suivi ce match mais opposant cette fois à Nice des jeunes locaux à des fans irlandais, sept autres supporters ont été blessés, selon le quotidien Nice-Matin.

Parmi les blessés à Marseille, quatre sont plus touchés, dont un Anglais qui se trouve entre la vie et la mort. La plupart des autres ont déjà pu quitter les hôpitaux où ils ont été soignés.

Des incidents ont également brièvement éclaté sur le Vieux-Port à l’issue de la rencontre, qui s’est terminée sur une égalité (1-1). La police est rapidement intervenue pour rétablir l’ordre. D’autres échauffourées ont opposé des supporters dans le stade Vélodrome, dont un certain nombre ont été évacués blessés, selon la chaîne britannique ITV. L’UEFA, organisatrice du tournoi, aurait d’ailleurs ouvert une enquête à ce propos, d’après Sky, qui annonce en outre que la fédération anglaise de football a condamné le comportement de ses fans émêchés et appelé les supporters à se comporter de façon respectueuse.

Citant la préfecture, La Provence indique que huit personnes ont été arrêtées samedi. Des affrontements ont également eu lieu après le match mais à Nice cette fois, faisant sept blessés. Des supporters irlandais et polonais y étaient réunis samedi soir lorsqu’une bande de vingt Niçois les a provoqués en entonnant l’hymne national français, la Marseillaise, détaille Nice Matin.

Une bouteille lancée dans le rassemblement a déclenché une échauffourée vers 23h00 donnant lieu à un « monumental mouvement de foule impliquant plusieurs centaines de personnes. » Des dizaines d’autres bouteilles ont été projetées et une vitrine a été cassée.

De nombreux supporteurs polonais se trouvaient dans les cafés voisins mais n’auraient pas pris part à la bagarre. La police est rapidement intervenue pour ramener le calme.

Violences à Marseille avant le match Russie-Angleterre

A 21H00 locales, au coup d’envoi de ce match considéré comme l’un des plus risqués de l’Euro 2016, les pompiers dénombraient 19 blessés dans des affrontements autour du Vieux-Port, dont trois dans un état plus grave, mais sans que leur pronostic vital ne soit engagé.

Un supporter anglais se trouvait par contre entre la vie et la mort, après avoir reçu, vers 17H30, « des coups de barre de fer, vraisemblablement à la tête », a rapporté une source policière.

Un CRS a tenté de le ranimer sur place avant qu’il ne soit évacué vers un hôpital, a-t-elle ajouté. Son pronostic vital est engagé, a complété le préfet de police des Bouches-du-Rhône Laurent Nunez.

Une heure avant le coup d’envoi, le calme était revenu au Vieux-Port, et les incidents s’étaient déplacés aux abords du stade Vélodrome.

Les forces de l’ordre y ont fait usage de grenades lacrymogènes et utilisé un canon à eau pour disperser les supporters russes et anglais, dont certains se battaient ou lançaient des bouteilles sur le rond-point du Prado, aux abords du stade. L’ordre a été rétabli rapidement, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Selon le préfet de police, les forces de l’ordre qui assurent la séparation des flux de supporters russes et anglais avaient été « pris à partie » par des supporters.

Plus tôt dans l’après-midi, « la police (était) intervenue sur des rixes qui opposaient des supporters anglais, russes et des Français » et six personnes avaient été interpellées, avait-il précisé.

« Nous intervenons systématiquement quand il y a des rixes pour les disperser », a-t-il ajouté. La rixe la plus sévère a opposé quelque 500 supporters – 300 d’un côté et 200 de l’autre – dans une rue perpendiculaire au Vieux-Port.

Des incidents similaires avaient déjà eu lieu jeudi et vendredi à Marseille, mais en présence de moins de supporters, et sans faire de blessé grave.

Deux supporters britanniques incarcérés

Deux Britanniques interpellés vendredi à Marseille pour des violences dans des incidents avec la police avant le coup d’envoi de l’Euro 2016, ont été placés en détention samedi après avoir été présentés à un juge, a-t-on appris auprès du parquet.

Un mineur, également britannique, et une Française, aussi arrêtés vendredi, ont en revanche été remis en liberté sous contrôle judiciaire et interdits de stade. Le mineur a comparu devant un juge pour enfants et son billet pour le match Angleterre-Russie a été désactivé.

Un autre Français, âgé de 30 ans, interpellé jeudi au cours d’incidents du même type, était toujours en attente de comparution. Il a été placé en garde à vue pour « violence avec arme par destination ». Il est poursuivi pour avoir volé un maillot de l’équipe d’Angleterre, ainsi qu’un drapeau.

Cazeneuve condamne le « comportement irresponsable et délibéré de pseudo-supporteurs »

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a condamné samedi soir « le comportement irresponsable et délibéré de pseudo-supporteurs », après les incidents « inacceptables » survenus à Marseille en amont du match de l’Euro-2016 Angleterre-Russie (groupe B).

« Les forces de l’ordre ne sauraient être détournées de leur mission de sécurisation du public par le comportement irresponsable et délibéré de pseudo-supporteurs dont la seule motivation est de troubler l’ordre public et dont le ministre de l’Intérieur condamne les agissements inacceptables », affirme-t-il dans un communiqué, qui confirme qu' »un ressortissant britannique a été grièvement » blessé dans ces affrontements survenus près du Vieux-Port.

Le souvenir de 1998

Les principales craintes liées à la sécurité pour l’Euro concernent les éventuels attentats. Mais les violences de Marseille rappellent que le hooliganisme est toujours là et que la crainte du terrorisme ne doit pas l’éclipser: Angleterre-Russie est d’ailleurs l’une des cinq rencontres du premier tour classées à risques.

L’UEFA, instance suprême du foot européen qui gère l’Euro-2016, a « fermement condamné » dans un communiqué les « incidents à Marseille », dénonçant « des actes de violences » de « gens qui n’ont rien à faire dans le football ».

Pour garantir le bon déroulement de l’accès des supporters au Vélodrome, la préfecture de police avait prévu deux itinéraires différents pour Russes et Anglais afin d' »éviter tout trouble à l’ordre public ». Mais impossible visiblement d’empêcher les bagarres autour des terrasses de café.

Ces scènes renvoient 18 ans en arrière, presque jour pour jour: elles rappellent les violences qui avaient entouré le match Angleterre-Tunisie les 14 et 15 juin 1998 au premier tour du Mondial et avaient impliqué des supporteurs anglais, tunisiens et de jeunes Marseillais.

« C’est les Anglais. A quoi vous attendiez-vous? On sait ce que ça va donner quand ils viennent ici », a déploré Laurent Ferrero, patron d’une pizzeria.

Le Vieux-Port est jonché d’innombrables bouteilles de bière brisées – parfois par packs entiers -, de chaises et de tables des bars voisins, qui s’empressent de fermer leurs terrasses et de se retrancher à l’intérieur, derrière les rideaux de fer.

Attention à Turquie-Croatie

Un deuxième des cinq matches classés « niveau 3 » sur une échelle de risques de 4 aura lieu ce week-end: Turquie-Croatie, dimanche au Parc des Princes à Paris (Gr. D).

Les trois autres sont Allemagne – Pologne (Gr. C, le 16 juin au Stade de France), Angleterre – Pays de Galles (Gr. B, le 16 juin à Lens) et Ukraine – Pologne (Gr. C, le 21 juin, encore à Marseille).

Tous feront l’objet d’un dispositif de maintien de l’ordre renforcé. Pour lutter contre le hooliganisme, le gouvernement a installé à Lognes, en Seine-et-Marne, un Centre de coopération policière internationale (CCPI), sorte de tour de contrôle durant l’Euro. Et 180 policiers des 23 pays étrangers participant à la compétition sont déjà en France.

Dans de telles circonstances, le sport et les trois matches du jour, Angleterre-Russie, Albanie-Suisse (0-1) et pays de Galles – Slovaquie (2-1) passent complètement au second plan.

Sur le front social, les grèves qui touchent la France depuis dix jours se poursuivent ce week-end. Pour autant, les déplacements des supporters ne devraient pas être perturbés.

Dans les airs, la grève des pilotes d’Air France débute mais la compagnie a prévu d’assurer « 83% de ses vols » samedi et « près de 80% » dimanche.

Côté rail, la grève à la SNCF se poursuit mais 9 TGV sur 10 et 6 trains régionaux (TER) sur 10 en moyenne circuleront samedi et dimanche.

Supporters anglais et russes coutumiers des violences

es supporters anglais et russes, impliqués dans de violentes échauffourées samedi à Marseille avant le match entre leurs deux équipes au Vélodrome, ont déjà été impliqués dans des incidents similaires au cours des dernières grandes compétitions de football organisées en Europe.

Ce match Angleterre-Russie était classé « niveau 3 » sur une échelle de risques de 4, tout comme quatre autres rencontres de la phase de groupes de l’Euro-2016: Turquie-Croatie, dimanche au Parc des Princes à Paris (Gr. D), Allemagne – Pologne (Gr. C, le 16 juin au Stade de France), Angleterre – Pays de Galles (Gr. B, le 16 juin à Lens) et Ukraine – Pologne (Gr. C, le 21 juin, encore à Marseille).

. Mondial-1998 en France: à Marseille, déjà, des violences éclatent en marge du match Angleterre-Tunisie les 14 et 15 juin 1998. Elles impliquent des supporteurs anglais, tunisiens et de jeunes Marseillais.

En marge du match Allemagne – Yougoslavie, le gendarme mobile Daniel Nivel est agressé par des hooligans allemands à Lens. Grièvement blessé, il a passé plusieurs semaines dans le coma et gardé de sévères séquelles.

. Euro-2000 en Belgique et aux Pays-Bas: des incidents violents attribués par les autorités belges à des supporters anglais ont éclaté à Charleroi (Belgique) et à Bruxelles avant et après le match Angleterre-Allemagne, faisant une cinquantaine de blessés. Quelque 500 personnes sont interpellées et près de 400 Anglais sont expulsés ou refoulés à la frontière.

L’UEFA réagit en menaçant d’exclure l’Angleterre de la compétition si le gouvernement britannique ne prend pas les dispositions susceptibles d’empêcher les hooligans anglais de venir perturber gravement la compétition.

. Euro-2004 au Portugal: la ville d’Albufeira est le théâtre de plusieurs échauffourées impliquant des centaines de supporters anglais. Au total, 36 d’entre eux sont expulsés et celui qui est considéré comme leur meneur est même condamné à deux ans de prison ferme au Portugal. Il est toutefois libéré pour un problème procédural dès son arrivée sur le sol britannique quelques jours plus tard.

. Mondial-2006 en Allemagne: quelque 180 personnes sont interpellées et placées en garde à vue en marge du quart de finale Angleterre-Portugal du Mondial-2006 à Gelsenkirchen (ouest). Parmi elles, 80, en grande majorité des supporters anglais mais aussi des Allemands et des ressortissants d’autres nationalités, ont été appréhendées après avoir commis des dégradations en ville et lancé des projectiles contre les forces de l’ordre.

La semaine précédente, la police avait interpellé quelque 400 supporters, pour l’essentiel anglais, lors d’affrontements avec des Allemands, en marge du huitième de finale Angleterre-Equateur (1-0) à Stuttgart.

. Euro-2008 en Autriche et Suisse: dans une édition globalement calme, les principaux incidents opposent des supporters croates et turcs après le quart de finale entre les deux équipes à Vienne. Douze personnes sont arrêtées, mais malgré des débuts d’échauffourées, la police a toujours eu la situation en main.

. Euro-2012 en Ukraine et Pologne: un groupe de supporters russes attaque à coups de poing et de pieds les bénévoles vêtus de gilets verts du service d’ordre dans le stade à Wroclaw, certains étant frappés alors qu’ils sont à terre.

L’UEFA réagit en menaçant de retirer 6 points à la Russie pour la campagne de qualification à l’Euro-2016 en cas de nouveaux incidents graves de ses supporters pendant l’édition 2012.

D’autres violents incidents ont lieu en marge du match Pologne-Russie (1-1) dans les rues de Varsovie. Ces accrochages, qui ont fait une vingtaine de blessés légers, se sont soldés par l’interpellation de 184 hooligans, majoritairement polonais (157) selon la police.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire