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Etats-Unis: Obama et Romney font la cour à l’électorat latino

Les deux candidats à l’élection présidentielle américaine vont tenter de s’attirer les faveurs des Américains originaires d’Amérique latine, jeudi et vendredi, une semaine après un geste d’Obama en faveur des immigrés sans papiers.

Mitt Romney et Barack Obama se disputent l’électorat d’origine hispanique cette semaine. Les deux challengers de l’élection présidentielle de novembre vont prendre la parole jeudi et vendredi devant une importante association latino en Floride, la Naleo (Association nationale des élus et des responsables hispaniques). Mitt Romney s’exprimera devant l’association ce jeudi, avant que Barack Obama ne le fasse vendredi. La question des sans-papiers, quelque 11,5 millions de personnes aux États-Unis, sera au coeur des débats. Aux États-Unis, la plupart d’entre eux sont originaires du Mexique et d’Amérique centrale.

Un vivier électoral à mobiliser L’électorat latino pourrait être l’un des leviers de l’élection de novembre puisque les Américains d’origine hispanique sont désormais la première minorité aux Etats-Unis, avec 16% de la population et 10% des électeurs potentiels. Mais ils ne représentaient que 9% des électeurs en 2008 (et 7% lors des élections de mi-mandat en 2010), souligne le Washington Post.

Cette différence s’explique par leur faible taux de participation aux élections: il n’atteignait que 50% en 2008, contre 65% chez les Afro-américains. Sans doute les Hispaniques ont-ils été déçus qu’Obama n’ait pas réussi à imposer la réforme de l’immigration promise avant son élection. Selon un sondage de Pew Hispanic Center du mois de décembre, alors que deux tiers des Hispaniques avaient voté pour Obama en 2008, leur taux de satisfaction à son égard avait dégringolé à 49%. Reste que 68% d’entre eux reconnaissent qu’ils le préfèrent à Mitt Romney.

Avantage -relatif- à Obama

Barack Obama, dont la réélection en novembre est loin d’être assurée, a une longueur d’avance après avoir annoncé, la semaine dernière, la fin des expulsions de jeunes immigrés dépourvus de papiers. Cette mesure s’appliquera aux mineurs arrivés sur le territoire américain avant l’âge de 16 ans, qui sont actuellement âgés de moins de 30 ans, scolarisés ou ayant obtenu un niveau équivalent au baccalauréat et n’ayant aucun antécédent judiciaire. Cette mesure pourrait concerner 1,4 million d’immigrants, pour la plupart d’origine hispanique.

Son adversaire Mitt Romney a aussitôt dénoncé une annonce aux visées électoralistes: Barack Obama « aurait dû travailler sur ce problème il y a des années si cela lui tenait vraiment à coeur », a-t-il jugé. Mais Romney est pourtant apparu embarrassé dans sa réaction à cette annonce. Il a par exemple refusé de dire, alors qu’il était interrogé dimanche par CBS, s’il remettrait en cause cette mesure une fois élu. Le candidat républicain est pénalisé par ses prises de position sur l’immigration au cours des primaires républicaines. Le candidat a été amené à durcir son discours afin de courtiser la frange radicale du parti. Il a par exemple soutenu la très répressive et controversée loi sur l’immigration adoptée en Arizona en 2010 (et partiellement invalidée depuis par la justice).

Un ticket hispanique pour Romney?

L’annonce de Barack Obama sur la fin des expulsions pourrait d’ailleurs avoir des conséquences sur le choix du n° 2 du « ticket républicain » pour la présidentielle. « Cette année, le vote hispanique pourrait jouer un rôle encore plus important qu’en 2008, en particulier pour quelques millions d’électeurs dans un certain nombre de Swing states », explique le Christian Science Monitor.
Le « problème hispanique de Romney est devenu si flagrant qu’il pourrait être obligé de choisir comme candidat à la vice-président le sénateur de Floride Marco Rubio (d’origine cubaine), par ailleurs l’une des étoiles montantes du parti et chouchou du Tea Party pour ses positions ultraconservatrices. Celui-ci avait d’ailleurs interpellé au mois de janvier son parti sur la question des jeunes sans-papiers. Il a, constate le Los Angeles Times, finalement renoncé à soumettre à son parti cette question, devenue désormais moins urgente après l’annonce d’Obama.

Par Catherine Gouëset, L’Express

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