© JOSHUA ROBERTS, REUTERS

Etats-Unis : ils se battent pour le mariage homosexuel

Stagiaire Le Vif

La Cour Suprême des Etats-Unis a étudié mardi et mercredi la question du mariage des homosexuels. Des auditions rendues possibles par la détermination de familles lésées par les lois américaines.

Cinq personnes vont peut-être changer le cours de l’histoire des Etats-Unis. Deux couples homosexuels ainsi qu’une veuve lesbienne âgée, mais combative, veulent défendre leur droit de bénéficier du mariage et des avantages qu’il procure. Mardi et mercredi, la Cour Suprême, à Washington, a entendu leur cas, pendant que les pro et anti mariage gay se rassemblaient à l’extérieur. Focus sur les visages de ce combat et leurs motivations.

Edith Windsor contre le DOMA

La plainte d’Edith Windsor devant la Cour Suprême s’attaque au DOMA, le « Defense of Marriage Act », adopté en 1996, qui définit le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme uniquement, privant les couples homosexuels mariés dans leur état (neuf le permettent) des bénéfices du mariage prévus au niveau fédéral.

En couple depuis 40 ans, Edith Windsor et Thea Spyer se marient en 2007 au Canada, où le mariage leur est ouvert depuis juillet 2005. Atteinte d’une sclérose en plaques, Thea Spyer meurt le 9 février 2009. Le mariage n’étant pas reconnu au niveau fédéral, Edith Windsor se retrouve avec une ardoise de 363 000 dollars d’impôts sur la succession à payer. Pour elle, il faut donc attaquer le DOMA et prouver qu’il met en cause l’égalité des citoyens américains devant la loi.

« Pendant 40 ans, je n’ai pas porté d’alliance, car je n’avais pas révélé mon homosexualité. Maintenant, je suis une lesbienne revendiquée qui attaque les Etats-Unis d’Amérique, ce qui est assez incroyable pour moi ! » Cette phrase, prononcée mardi à sa sortie de la Cour Suprême, résume bien l’importance du combat d’Edith Windsor. Son portrait paru sur le site américain Buzzfeed en janvier dernier, met en lumière le chemin parcouru par les homosexuels au cours du 20e siècle depuis les émeutes de Stonewall en 1969. Ainsi, en 1951, Edith se marie avec un homme qui lui donnera son nom de famille. « Je voulais être comme tout le monde, car je savais que beaucoup de mes amis m’auraient mal vu s’ils avaient su que j’étais lesbienne. Je ne cessais pas de mentir. »

Puis les décennies passent, et l’homosexualité est progressivement acceptée. En mai 2007, le mariage d’Edith et Thea est annoncé dans le New-York Times. « Quand l’annonce est parue, des centaines de personnes, des proches et des membres de notre famille nous ont félicitées », se souvenait-elle mardi. Une situation qu’elle n’aurait pu imaginer quatre décennies plus tôt. A plus de 80 ans, et poussée par les déclarations pro-mariage gay du président Obama, Edith Windsor continue de défendre ses droits en mémoire de l’amour de sa vie. Et la Cour Suprême pourrait bien la suivre : mercredi, une majorité de juges ont remis en cause le DOMA, selon le New-York Times.

Perry, Stier, Katami et Zarrillo contre la Proposition 8

En 2008, le mariage homosexuel a été légalisé en Californie, avant d’être à nouveau interdit quelques mois plus tard par la Proposition 8, adoptée par référendum. En mai 2009, deux couples, un couple lesbien et un couple homosexuel, se voient logiquement refuser leur demande de mariage par leur officier d’état civil. C’est ainsi que Kristin Perry, Sandra Stier, Paul Katami et Jeffrey Zarrillo décident d’attaquer les officiels et le gouverneur pour faire valoir leur droit au mariage.

Comme le rappelle le Washington Post, l’affaire est passée devant différentes juridictions qui ont toutes critiqué la Proposition 8, la qualifiant même d’anti-constitutionnelle. ProtectMarriage.com, défenseurs de la proposition, on fait appel à deux reprises, demandant au final à la Cour Suprême d’entendre l’affaire, ce qui fût accepté en décembre dernier. Dans son compte-rendu de l’audience, qui s’est tenue mardi, le New-York Times montre des juges bottant en touche, préférant prendre le temps que la société discute de ce fait social « plus récent qu’Internet et les téléphones portables ». La tenue même de l’audience a été remise en cause par certains juges.

Les deux couples devront donc s’armer de patience avant de voir la Proposition 8 disparaître. Une situation inconfortable qui n’est pas nouvelle pour Kristin Perry et Sandra Stier : en 2004, leur mariage à San Francisco avait été invalidé six mois plus tard par la Cour Suprême de Californie, car basé sur une provocation du maire Gavin Newsom pour stimuler le débat. En effet, celui-ci avait délivré des certificats de mariage en violation de la loi de l’état. Tous doivent maintenant attendre juin prochain pour entendre les conclusions des juges de la plus haute cour des Etats-Unis, même chose pour Edith Windsor. Des décisions très attendues dans un pays qui serait de plus en plus favorable à cette évolution: comme le clame la couverture du magazine Time ce week-end : « le mariage gay a déjà gagné ».

Lucas Godignon (stagiaire)

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