Illustration. © Reuters

État islamique : Un Français enlevé et menacé d’exécution

Un groupe lié aux jihadistes de l’Etat islamique (EI) a revendiqué lundi le rapt d’un Français en Algérie et menacé de l’exécuter dans les 24 heures si la France n’arrêtait pas ses frappes contre cette organisation ultra-radicale en Ira

Cette annonce est survenue quelques heures après un appel de l’EI à tuer les citoyens –notamment Américains et Français– des pays appartenant à la coalition internationale mise en place pour combattre ce groupe extrémiste sunnite en Irak et en Syrie, où il sème la terreur.

Dans ce dernier pays, la percée de l’EI dans une zone proche de la Turquie a poussé plus de 130.000 Syriens, principalement Kurdes, à trouver refuge de l’autre côté de la frontière. Dans une vidéo, le groupe jihadiste algérien « Jund al-Khilafa », qui a fait allégeance à l’EI, a revendiqué le rapt d’un Français, enlevé dimanche soir à Tizi Ouzou, à 110 km à l’est d’Alger, selon les autorités françaises.

La vidéo montre l’otage, Hervé Pierre Gourdel, demandant au président français de le sortir de cette situation. Il est assis par terre entouré de deux hommes masqués et armés de kalachnikovs. « Je laisse à Hollande, le président de l’Etat français criminel, le soin d’arrêter les attaques contre l’Etat islamique dans les 24 heures qui suivent la publication de ce communiqué ou son ressortissant Hervé Gourdel sera égorgé », déclare un des deux hommes armés dans cette vidéo. L’otage dit qu’il est originaire de Nice et guide de haute montagne. Il précise être arrivé samedi en Algérie.

Dans un message publié lundi matin en plusieurs langues, l’EI a lancé à ses fidèles un appel au meurtre de citoyens de la quarantaine de pays coalisés pour le « détruire », selon le mot du président américain Barack Obama. « Si vous pouvez tuer un infidèle américain ou européen –en particulier les méchants et sales Français– ou un Australien ou un Canadien, ou tout (…) citoyen des pays entrés dans une coalition contre l’État islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n’importe quelle manière », a déclaré un porte-parole de l’EI, Abou Mohammed al-Adnani. Face à cette menace, Paris a appelé « à la plus grande prudence » ses ressortissants résidant ou étant amenés à se déplacer dans une trentaine de pays, notamment au Maghreb, au Moyen-Orient et en Afrique.

Un peu plus tôt, le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve avait néanmoins assuré que la France n’avait « pas peur », ajoutant: les menaces des jihadistes « n’entameront en rien notre détermination à mettre fin à leurs exactions ». La France est jusqu’à présent le seul pays autre que les Etats-Unis à avoir bombardé des positions de l’EI en Irak. Dans ce pays, les jihadistes ont attaqué dimanche une base de l’armée irakienne, à l’ouest de Bagdad, où ils ont tué 40 soldats et en ont capturé 70 autres, a rapporté lundi un officier irakien.

En Syrie voisine, où l’EI s’est emparé d’au moins 64 villages de la région d’Aïn al-Arab (Kobané en kurde) depuis la semaine dernière, les habitants continuaient lundi à fuir vers la Turquie. Les jihadistes veulent prendre Aïn al-Arab, la troisième ville kurde de Syrie, pour s’offrir le contrôle total d’une longue bande de la frontière syro-turque. Mais leur progression rapide des derniers jours a été ralentie lundi par les combattants kurdes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Le vice-Premier ministre turc, Numan Kurtulmus, a annoncé que le nombre de Syriens ayant fui en Turquie ces derniers jours avait « dépassé 130.000 » et assuré que son pays avait « pris toutes les mesures nécessaires au cas où l’afflux de déplacés se poursuivrait ». Confirmant ce chiffre, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué que les déplacés avaient trouvé refuge dans plusieurs villes du sud-est de la Turquie, passant par neuf postes frontaliers.

Mais Amnesty International a regretté qu’Ankara ait commencé à « fermer certains de ses postes frontières », appelant la communauté internationale à aider davantage ce pays afin d’empêcher que les réfugiés ne connaissent « de nouvelles souffrances ». Face à la percée jihadiste dans le nord-est de la Syrie, le chef de la coalition nationale de l’opposition syrienne Hadi al-Bahra a appelé la communauté internationale à mener des frappes aériennes « immédiatement ». « Frapper les jihadistes de l’EI uniquement en Irak ne marchera pas, s’ils continuent à opérer, à se regrouper et à s’entraîner en Syrie », a-t-il insisté. Selon l’OSDH, des Syriens non kurdes se sont joints aux combattants kurdes pour défendre Aïn al-Arab.

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