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ETA fournit à la France une liste de caches d’armes, un « grand pas » pour Paris

Le Vif

L’organisation séparatiste basque espagnole ETA, qui avait annoncé son « désarmement total » pour ce samedi, a accompli un « grand pas » en remettant aux autorités françaises, via des intermédiaires, une liste de caches d’armes en cours de localisation.

La remise de cette liste est « un grand pas » et marque un « jour incontestablement important », a souligné samedi le ministre de l’Intérieur Matthias Fekl, en assurant que cette décision avait « été prise de façon unilatérale par ETA ».

ETA, qui avait renoncé à la lutte armée en 2011 mais est toujours classée comme « organisation terroriste » par l’Union européenne (UE), avait annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi, dans un communiqué à la BBC, son « désarmement total » pour le samedi 8 avril.

M. Fekl a précisé qu’une opération de police était en cours pour localiser cet arsenal, réparti dans huit sites.

Ces caches sont situées dans le département français des Pyrénées-Atlantiques, frontalier de l’Espagne, indique-t-on de sources proches du dossier. Historiquement pour ETA, la France et plus particulièrement le Sud-Ouest ont été une véritable « base arrière ».

« Au fur et à mesure de ces localisations, les forces de l’ordre et de sécurité procèdent en temps réel à la sécurisation de ces sites », a expliqué le ministre, en rendant par ailleurs hommage aux victimes d’ETA, « notamment les policiers et membres de la Garde civile ».

Il appartient maintenant à la police française de vérifier que ces caches correspondent bien à ce qu’ils savent de l’arsenal du mouvement clandestin et c’est seulement si ces vérifications sont concluantes que cette journée sera véritablement historique.

Ensuite, la justice devra vérifier si parmi les armes saisies certaines ont pu servir à commettre des assassinats.

Armes à feu, explosifs, munitions

D’après des experts de la lutte antiterroriste, l’arsenal d’ETA comprendrait environ 130 armes de poing et deux tonnes d’explosifs, pour l’essentiel volées en France. Selon ces experts, ETA est « à l’agonie et le mouvement clandestin compterait tout au plus encore une trentaine de membres ».

Un des « artisans de la paix », l’avocat Michel Tubiana, ancien président de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), a avancé de son côté les chiffres de « 120 armes à feu, trois tonnes d’explosifs et plusieurs milliers de munitions ».

C’est la Commission internationale de vérification (CIV), une structure indépendante qui oeuvre depuis des années à la solution du conflit basque mais n’est reconnue ni par Madrid, ni par Paris, qui a « fourni aux autorités françaises une liste de caches d’armes », a confirmé samedi la CIV au cours d’une conférence de presse à Bayonne (sud-ouest).

Dans un communiqué commun, les gouvernements autonomes du Pays Basque espagnol (Euskadi) et de la Navarre, ainsi que la Communauté d’Agglomération Pays Basque français, ont exprimé vendredi leur soutien à la démarche de la CIV.

Les autorités espagnoles ont elles prévenu le mouvement clandestin vendredi qu’il n’avait « rien à attendre du gouvernement » de Madrid, « aucun avantage, aucun bénéfice politique » de son désarmement unilatéral, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Iñigo Méndez de Vigo.

ETA (Euskadi Ta Askatasuna, Pays Basque et Liberté), née en 1959 dans la lutte contre le franquisme, a renoncé en octobre 2011 à la lutte armée, après 43 ans de violences au nom de l’indépendance du Pays Basque et de la Navarre et 829 morts attribués à son mouvement clandestin. Mais ETA refusait son désarmement et sa dissolution exigés par Madrid et Paris, réclamant une négociation sur ses membres détenus (environ 360, dont 75 en France et une centaine purgeant des peines de plus de dix ans de prison).ETA fournit à la France une liste de caches d’armes, un « grand pas » pour Paris

En marge de l’opération de « désarmement » elle-même, un « grand rassemblement populaire » est organisé samedi à Bayonne (13H00 GMT) sur le thème « Nous sommes tous et toutes des artisans de la paix », auquel sont attendus plusieurs milliers de participants.

Vendredi soir, le Parti populaire (conservateur) au pouvoir en Espagne a organisé un « contre-événement », une cérémonie en hommage « aux protagonistes de la défaite de l’ETA », à Vitoria (Pays Basque), centrée autour des familles des victimes d’ETA.

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