© Reuters

Espagne: le juge Garzon devant la justice

Dès ce mardi, le juge espagnol -connu pour avoir fait interpeller Pinochet en 1998- est sur le banc des accusés, alors que son deuxième procès s’ouvre le 24 janvier. Pour quelles raisons est-il jugé? Que risque-t-il?

Qui est Baltasar Garzon ?

Accusé d’écoutes illégales, d’infraction à une loi d’amnistie et conflit d’intérêts, le juge espagnol est mondialement connu pour avoir fait interpeller en 1998 à Londres l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet, au nom de la « justice universelle ». Sa célébrité est aussi due à ses enquêtes sur le mouvement basque ETA. Le « juge star » et ancien responsable socialiste bénéficie d’une aura internationale, mais reste controversé en Espagne.

« Pour beaucoup, un héros des droits de l’homme qui a mis fin à l’impunité des dictateurs. Pour d’autres, ce personnage hyperactif a une fâcheuse propension à sauter sur les dossiers sensibles -corruption, terrorisme, narco¬trafic- et à attirer vers lui les caméras de télévision », résumait notre correspondante en Espagne en mai 2010, avant la suspension de Baltasar Garzon.

Le magistrat collabore actuellement auprès de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye comme consultant. Il a aussi été élu en juillet membre du Comité européen pour la prévention de la torture (CPT), un organe du Conseil de l’Europe.

Trois affaires distinctes À partir de ce mardi, Baltasar Garzon est accusé d’avoir ordonné des écoutes téléphoniques de conversations entre des suspects et leurs avocats, en violation des droits de la défense, dans le cadre d’une enquête sur un réseau de corruption qui avait éclaboussé le Parti populaire début 2009.

Mais surtout, le 24 janvier, s’ouvre un second procès, dans lequel le magistrat est accusé d’avoir enfreint une loi d’amnistie en voulant enquêter sur le sort de plus de 100 000 disparus de la Guerre civile (1936-39) et du franquisme (1939-75). Pour lui, ces disparitions forcées constituent des crimes contre l’humanité imprescriptibles.

Poursuivi par deux associations d’extrême droite qui dénoncent une violation de cette loi d’amnistie votée en octobre 1977, deux ans après la mort de Franco, il est précisément accusé de prévarication ou manquement aux devoirs de sa charge.

Il est enfin mis en examen dans un troisième dossier, portant sur le paiement indirect par la banque espagnole Santander de conférences sur le terrorisme qu’il a données à New York en 2005 et 2006, après lesquelles il a classé sans suite une plainte contre Santander pour délit fiscal. Aucune date n’a été fixée pour ce dernier procès.

Que risque Garzon?
Le juge, suspendu de ses fonctions depuis mai 2010, risque à 56 ans une interdiction d’exercer allant jusqu’à 20 ans, susceptible de mettre un terme définitif à sa carrière. Le magistrat a déposé en mars dernier une requête auprès de la Cour européenne des droits de l’homme contre ces poursuites, estimant que ses droits avaient été violés.

LeVif.be avec L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire