Le leader de Podemos (We Can) Pablo Iglesias © REUTERS

Espagne: des journalistes dénoncent les pressions de Podemos

Le Vif

La principale association de journalistes d’Espagne a accusé lundi la direction du parti de gauche radicale Podemos de tenter de contrôler le travail de journalistes en les harcelant, notamment sur les réseaux sociaux.

Cette plainte intervient dans un contexte de pressions croissantes sur la presse, depuis le président américain Donald Trump qui accuse des medias de publier des fausses nouvelles, jusqu’à des candidats à l’élection présidentielle en France qui critiquent la couverture médiatique en passant par la Hongrie ou la Turquie.

L’Association de la presse de Madrid (APM), qui regroupe les journalistes des principaux médias d’Espagne, dénonce dans un communiqué les méthodes de Podemos en se basant sur les témoignages et preuves apportés par « un groupe de journalistes qui se sentent harcelés et mis sous pression par l’équipe dirigeante de Podemos, emmenée par (son chef) Pablo Iglesias ».

L’association « exige que Podemos abandonne une fois pour toute cette campagne systématique de harcèlement sur les réseaux sociaux qu’il mène contre des journalistes professionnels de différents médias qu’il intimide ou menace quand il n’est pas d’accord avec leurs informations ».

Elle « considère totalement incompatible avec le système démocratique qu’un parti, quel qu’il soit, essaie d’orienter et de contrôler le travail des journalistes et de limiter leur indépendance ».

L’AMP écrit que le harcèlement dure depuis plus d’un an et prend la forme de « reproches et allusions personnelles lors d’interviews, de réunions publiques ou directement sur Twitter », ainsi que « de messages et appels téléphoniques d’intimidation ».

Contactée par l’AFP, l’association s’est refusée à détailler le nombre de journalistes et les médias concernés et à donner des exemples précis. Mais les heurts sont fréquents entre Podemos et les médias que le parti juge hostiles.

Ainsi en avril 2016, lors d’une conférence publique dans une université, Iglesias avait attaqué nommément un journaliste du quotidien de centre-droit El Mundo en l’accusant d’écrire des histoires « qui n’ont pas besoin d’être vraies » sur Podemos afin de réussir dans la presse. Des journalistes avaient immédiatement quitté la salle en signe de protestation.

La porte-parole de Podemos au Parlement, Irene Montero, a réagi lundi en proposant une rencontre avec l’APM, tout en regrettant que l’association ne se soit pas adressée au parti.

Le parti antiaustérité Podemos, né en janvier 2014, est désormais la troisième force politique en Espagne et dirige, au sein de coalitions, des villes comme Madrid ou Barcelone.

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