"Eric Zemmour fait sentir à ses supporters qu'ils peuvent être intelligents et racistes en même temps." © iStock

« Eric Zemmour fait sentir à ses supporters qu’ils peuvent être intelligents et racistes en même temps »

Éric Zemmour est une figure de proue de la chaîne d’information CNews, avec son appel à la haine et à la résistance. Il veut briguer la présidence l’année prochaine.

Dans l’émission Face à l’info, Éric Zemmour (62 ans), journaliste d’origine judéo-algérienne, commente l’actualité du lundi au jeudi. Ses contributions sont ouvertement racistes, sexistes et islamophobes et font de plus en plus d’audience: en mai, la limite magique du million a été franchie. Les anti-vax, les partisans de Le Pen et les extrémistes conservateurs voient CNews comme la dernière oasis de liberté d’expression dans un désert de politiquement correct.

Maintenant, Zemmour veut aussi conquérir l’Elysée. Il devrait annoncer officiellement sa candidature à la présidence française à l’automne. La plus haute fonction de la République française pourrait donc être détenue par un homme qui a été condamné à plusieurs reprises pour incitation à la haine raciale et accusé de harcèlement sexuel. Zemmour croit à la thèse du « grand remplacement », selon laquelle les élites dirigeantes essaient de remplacer la population par des immigrés. Il affirme également n’avoir jamais rencontré de femme plus intelligente que lui.

« La position anti-immigrée agressive de Zemmour est au service des électeurs pour lesquels Marine Le Pen est devenue trop laxiste et trop normale », a déclaré le politologue français Roland Cayrol. « Mais il attire aussi beaucoup de gens du camp traditionnellement conservateur, qui trouvent toujours Le Pen trop vulgaire. »

Zemmour parle poliment et fait souvent référence à Napoléon et à l’histoire de France. « Cela donne à ses supporters le sentiment qu’ils peuvent être à la fois intelligents et racistes », analyse Cayrol. Zemmour prend des positions aussi radicales que Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, à l’époque. Mais avec lui, tout sonne mieux, plus chic, moins flippant. Il redonne aux Français le sentiment qu’ils peuvent être fiers de leur pays. Zemmour résiste à la pression d’une approche critique du passé. Dans son argumentation, l’histoire de France est encore glorieuse.

Zemmour est au service des électeurs pour qui Marine Le Pen est devenue trop laxiste et trop normale.

Les élections sont dans neuf mois, une longue période en politique. Mais dans la dernière émission de Face à l’info avant les vacances d’été, Zemmour prenait déjà des allures présidentielles. C’était le 12 juillet, le jour où Macron s’adresserait aux Français immédiatement après le talk-show pour annoncer la réduction des mesures d’assouplissement, alors que le nombre d’infections au covid continuaient d’augmenter de manière alarmante.

La présentatrice Christine Kelly a demandé à Zemmour ce que lui, en tant que président de la France, dirait aux Français lors d’une telle soirée. Il n’avait pas vraiment à répondre à cette question, mais il l’a fait. En tant que président, il rendrait visite aux parents de Theo, 18 ans, qui a été poignardé à mort le 10 juillet par un migrant sénégalais de 62 ans dans un magasin de téléphonie près de Paris, a répondu Zemmour. « Ce serait un hommage au peuple français, victime d’une politique d’immigration incontrôlable. » Puis il est parti en vacances. Soi-disant pour se préparer aux neuf mois les plus difficiles de sa vie.

Par Britta Sandberg

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