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Entre les vaches pomponnées, Hollande se fait huer (vidéo)

Le Vif

Les campagnes françaises débarquent samedi à Paris pour le traditionnel Salon de l’Agriculture et sont, cette année, bien déterminées à faire entendre les griefs d’une profession qui traverse une crise profonde.

Près de 4.000 animaux – vaches pomponnées, cochons de compétition et chiens de troupeaux – vont s’installer pour une semaine dans le sud de Paris, où près de 700.000 visiteurs pourront aussi découvrir les plus novateurs des tracteurs high-tech.

L’occasion pour des agriculteurs venus de toute la France de promouvoir et démystifier un métier dont la réalité est méconnue des citadins.

Mais cette vitrine de l’excellence agricole aura du mal à cacher la détresse d’une profession, qui n’a pas quitté les routes depuis un mois enchaînant de nouveaux blocages et manifestations, après un été également mouvementé.

Les nuages se sont accumulés tout au long de 2015, en premier lieu pour l’élevage. Les prix de la viande bovine, porcine, et du lait se sont effondrés au fil des mois, sous l’effet de la fin des quotas laitiers européens, de l’embargo russe et du recul de la demande chinoise.

La surproduction mondiale de blé a ensuite entraîné les céréaliers dans la tourmente, suivis par les producteurs de légumes, plombés par la douceur de l’hiver.

Les épizooties sont venues achever le tableau: fièvre catarrhale ovine et grippe aviaire ont poussé nombre de pays importateurs à fermer leurs portes à la viande bovine française ainsi qu’à la volaille et au foie gras.

La chute durable des prix du pétrole risque aussi de pousser les pays producteurs à limiter leurs importations agricoles à l’avenir.

En outre, le Salon s’ouvre à deux jours de la fin des négociations commerciales annuelles entre les grandes surfaces et leurs fournisseurs, qui se déroulent dans un climat exécrable.

La distribution, engagée depuis plusieurs années dans une guerre des prix, impose des baisses de plus en plus importantes aux industriels dont elle achète les produits, ce qui pousse les fabricants à répercuter ces baisses sur les agriculteurs.

‘Concours de beauté politique’

La profession agricole n’a donc pas caché qu’elle attendrait de pied ferme les responsables politiques qui s’aventureront au Salon, à commencer par le président François Hollande, traditionnellement présent à l’inauguration.

« Il n’est pas question que le Salon se transforme une nouvelle fois en concours de beauté politique », a prévenu la FNSEA, premier syndicat agricole français, qui compte demander à tous les élus attendus au salon de répondre à un « questionnaire précis » sur les questions qui préoccupent le monde paysan.

Ils devront notamment préciser leurs positions sur la politique agricole européenne, la présence des loups dans certaines régions ou encore le stockage de l’eau.

Le gouvernement a multiplié les mesures d’aides à l’agriculture depuis l’été, avec notamment un plan de soutien à l’élevage porté à 825 millions au fil des rallonges.

Le premier ministre Manuel Valls a aussi répondu à une des principales demandes de la FNSEA, en accordant la semaine dernière une baisse de 7 points des charges sociales des agriculteurs, ramenant celles-ci à 35%, c’est-à-dire dans la moyenne des concurrents européens.

La FNSEA a salué cette annonce mais n’a pas désarmé pour autant. Le syndicat attend la fin des négociations avec la grande distribution le 29 février au soir « avec fébrilité » pour savoir s’il aura « gain de cause », a assuré son patron Xavier Beulin.

La France reste la première puissance agricole en Europe, même si la part de l’agriculture et des industries alimentaires dans l’économie française a chuté de près de la moitié depuis 1980 (à 3,5% du PIB aujourd’hui contre 6% en 1980).

Plus de la moitié des exploitations agricoles, les plus petites, ont disparu au cours des 30 dernières années et il reste un peu moins d’un demi-million de fermes aujourd’hui en France.

Preuve que l’heure est grave: quinze évêques catholiques viendront au Salon de l’Agriculture manifester leur « solidarité ». « Dans cette souffrance, tout regard attentif est le bienvenu », estime Mgr Philippe Mousset, evêque de Périgueux (sud-ouest) qui mènera la délégation.

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