En images: à Donetsk, concours de beauté séparatiste chez les rebelles prorusses

Le Vif

Elles sont dix à défiler en tenue de soirée dans la salle de réception d’un des hôtels les plus chics de Donetsk, sous les applaudissements de leurs proches et de leurs camarades de tranchées, venus avec des bouquets de fleurs mais qui n’ont pas pris la peine de retirer leurs tenues de combat.Numéros de danse, de chant, de guitare, poèmes et discours vantant le « courage » et le « dévouement » des participantes: tout est fait pour tenter d’oublier la guerre et faire croire à un concours de beauté comme il en existe partout ailleurs, si ce n’est le nid de mitrailleuses à l’entrée du bâtiment et les hommes en armes qui contrôlent les allées et venues.Et à peine les dix participantes prises sous les flashs des photographes, elles retournent immédiatement se changer pour revenir sur scène dans une tenue qui leur est plus familière: l’uniforme kaki. »Les héroïnes de la fête d’aujourd’hui se sentent malheureusement plus à l’aise en uniforme qu’en robe et talons. J’espère que ce n’est que temporaire », lance le haut responsable séparatiste Denis Pouchiline, venu pour l’occasion, avant de louer leur exemple. « Même dans mon treillis militaire, je n’oublie pas que je suis une femme. D’ailleurs, mes camarades me le rappellent souvent », plaisante Iana, 35 ans, qui a rejoint la rébellion dès les premiers jours après avoir milité dans les mouvements prorusses. « La vie de soldat est très différente. On perd tout son confort, on ne peut plus s’allonger, prendre une douche… Mais je me sentais obligée de défendre ma terre comme l’ont fait mes parents et mes grands-parents », explique cette ancienne juriste de Donetsk.Beaucoup avouent avoir simplement suivi leurs maris ou leurs compagnons au moment où ils ont rejoint les séparatistes. Irina, du bataillon rebelle « Vostok », raconte pour sa part avoir pris les armes lorsque les premiers bombardements dans les villes de l’Est ont commencé, en mai. « Il n’y a aucune différence entre ce que nous faisons et ce que font les hommes dans nos bataillons. Nous avons tous les mêmes obligations », affirme cette ancienne animatrice de jardin d’enfants de 23 ans. « Mon fils est très fier de moi. Ma fille, elle, est trop petite pour comprendre. Je ne les ai vus qu’une seule fois en six mois », confie Iana dans un soupir. Il y a encore quelques heures, Iana Manouilova portait arme et treillis militaire, le bras orné de l’écusson de son bataillon rebelle « Berkout ». Elle défile désormais en robe de soirée et talons hauts devant tout le gratin séparatiste de Donetsk.Si elle ne sont pas encore prêtes à déposer définitivement les armes, la plupart des participantes avouent qu’elles retourneraient avec plaisir à une vie civile. « Si la paix arrive enfin, j’irai avec mes enfants. J’essayerai d’être une bonne mère et de continuer à aider les gens », explique la jeune combattante. « Nous espérons tous que le cessez-le-feu durera, mais personne n’y croit vraiment ».

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