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Elections européennes: participation en forte hausse en France

Le Vif

Les Français semblent s’être bien plus mobilisés qu’en 2014 pour les élections européennes, avec une participation supérieure de huit à dix points, selon les estimations.

Selon l’Ifop-Fiducial, elle sera de 54% des électeurs inscrits sur l’ensemble de la journée. Pour Harris-Interactvie/Epoka, la participation s’élèvera à 52,2%.

Déjà, à 17H00, la participation s’élevait à 43,29%, en hausse de huit points par rapport à 2014 (35,07%), selon le ministère de l’Intérieur.

Ce taux est déjà supérieur à la participation finale d’il y a cinq ans, qui s’élevait à 42,4% pour la France entière. Nouveauté cette année : le scrutin se déroule dans le cadre d’une circonscription nationale, ce qui peut favoriser l’intérêt des Français.

C’est dans l’Aveyron, l’Indre et l’Ardèche que les Français ont le plus voté (plus de 50%), et en Seine-Saint-Denis (29,61%) et Corse du Sud (29,96%) que la participation est la plus faible.

En comparaison avec la moyenne nationale, la mobilisation se révèle plus importante dans les départements ruraux.

Ces chiffres rompent avec la tendance qui prévalait jusqu’alors au niveau européen : si le Parlement n’a cessé d’accroître ses pouvoirs au fil des années, le scrutin est généralement marqué par une faible participation (42,6% en 2014), particulièrement spectaculaire à l’Est. La Slovaquie avait battu le record il y a cinq ans avec 13% de votants.

« Les Européennes, c’est important. L’UE s’occupe de l’agriculture, des routes, des infrastructures, c’est eux qui décident de l’argent qu’ils accordent à chaque pays », a souligné Jeanne, retraitée de la Fonction publique, à la sortie de son bureau de vote de l’école Sadi Carnot, à Pantin (Seine-Saint-Denis). « Je trouve qu’on ne dit jamais exactement tout ce que l’Europe fait. C’est dommage, si on était plus clair, les jeunes voteraient davantage », a-t-elle estimé.

Près de 47 millions d’électeurs sont appelés à désigner les 79 eurodéputés français, soit cinq de plus qu’en 2014, après la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne. Les cinq derniers élus devront toutefois attendre que le Brexit soit effectif pour siéger.

Le Parlement européen compte au total 751 membres, élus par les quelque 427 millions de citoyens des 28 pays de l’Union.

Les bureaux de vote dans l’Hexagone fermeront à 18H00, 20H00 dans les grandes villes.

A Lyon, après l’explosion d’un colis piégé vendredi à Lyon, le ministre de l’Intérieur a appelé à renforcer la sécurité des lieux accueillant du public. A la mairie du 8e arrondissement de la ville, Cyrille, 60 ans, n’a « pas particulièrement » ressenti une ambiance différente des autres élections, même si les contrôles à l’entrée ont été renforcés.

A La Réunion et à Mayotte, les bureaux de vote qui avaient ouvert plus tôt dimanche (6H00 et 7H00 heure de Paris) viennent de fermer. Le taux de participation à La Réunion s’établissait à 26,34% à 17H00 (contre 14,66% en 2014).

« Les gens ont bien compris que les fonds européens nous servent beaucoup, en termes d’investissement, de développement », explique Jean-Raymond Cuzza, un musicien de Mayotte, à la sortie de son bureau de vote.

Le vote, qui a commencé samedi, est terminé dans les autres territoires ultramarins, qui ont voté dès samedi, avec une participation en progression en Guyane, Martinique, Guadeloupe, Polynésie. A Saint-Pierre et Miquelon, elle a par exemple augmenté de 11 points. En revanche, elle était en baisse à Wallis-et-Futuna et en Nouvelle-Calédonie.

Dans certains bureaux, des électeurs se sont plaints d’avoir été radiés sans raison des listes, comme par exemple dans le 1er arrondissement de Lyon: « Je n’ai pas déménagé. Je suis frustrée parce que je voulais voter », déplore une électrice.

– 34 listes, un record –

Les têtes de liste ont montré l’exemple, Jordan Bardella (Rassemblement national), à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Ian Brossat (PCF) Raphaël Glucksmann (PS/Place Publique), Nathalie Loiseau (La République en marche), Manon Aubry (LFI) et Yannick Jadot (EELV) à Paris et François-Xavier Bellamy (LR) à Versailles.

Emmanuel Macron a voté à la mairie du Touquet à la mi-journée en prenant tous les bulletins présentés, après s’être offert un bain de foule et serré plusieurs mains. La présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen a voté dans son fief de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), sans faire de commentaire.

« Il est toujours utile de rappeler à nos concitoyens » que « dans une démocratie, le vote c’est l’essentiel », a glissé le Premier ministre Edouard Philippe, qui a fait son devoir civique au Havre, par un vote électronique.

Un record de 34 listes sont en lice, dont la moitié seulement émanent des partis traditionnels. Deux listes sont issues des « gilets jaunes ».

Pour leur 28e samedi consécutif de manifestations, à la veille du scrutin européen, ils étaient environ 12.500 dans toute la France, selon le ministère de l’Intérieur, la mobilisation la plus faible de ce mouvement social. A Pantin, sur un panneau d’affichage vide devant le bureau de vote, un tag pronait: « le vote, c’est tous les samedi, #gilets jaunes ».

Partout dans l’Union européenne, les résultats officiels ne seront publiés qu’à 23H00, heure de clôture du scrutin en Italie, avec les premières estimations prévues dès 20H00.

Un envol des mouvements nationalistes et populistes est attendu, ce qui devrait faire perdre du terrain aux deux groupes les plus importants au Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE, droite pro-européenne), actuelle première force, et le Parti socialiste européen (PSE).

Droite et gauche se partagent le pouvoir de manière quasi ininterrompue depuis 1979 au Parlement de Strasbourg.

En France, pour ces premières élections intermédiaires du quinquennat d’Emmanuel Macron, la liste du RN pourrait devancer celle de LREM, avec une avance oscillant entre 0,5 et 2,5 points selon les sondages, très loin devant les autres listes.

Les Républicains espèrent ravir la troisième place avec 12,5 à 14% des suffrages. Les autres candidats ont plutôt peiné à émerger.

Eparpillée en cinq listes (PCF, LFI, Générations, PS/Place publique, EELV), la gauche notamment est apparue plus divisée que jamais.

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