Un quatrième mandat de chancelière pour Angela Merkel ? © AFP

Élections en Allemagne : la voie royale pour Merkel ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Les élections fédérales allemandes auront lieu le 24 septembre prochain. Angela Merkel y brigue un quatrième mandat de chancelière. Les autres partis sont-ils en mesure de lui barrer la route ?

Les électeurs allemands se rendront aux urnes dans un peu moins d’un mois, le 24 septembre. Ce scrutin a pour but de renouveler le Bundestag (parlement fédéral), ainsi que le chef de gouvernement, le chancelier fédéral. Les chrétiens-démocrates d’Angela Merkel sont largement en tête dans les derniers sondages. Mais la moitié des électeurs interrogés confient cependant être encore indécis.

Un challenger en mauvaise posture

S’avance-t-on vers un quatrième mandat pour l’actuelle chancelière Angela Merkel au pouvoir depuis 2005 ? Si c’est le cas, elle battrait le record de longévité à la chancellerie. Selon les sondages, sa réélection laisse peu de place au doute. En effet, l’union conservatrice CDU-CSU est en tête des sondages d’opinion depuis plusieurs mois. Si les Allemands votaient aujourd’hui, le parti d’Angela Merkel remporterait environ 38% des votes.

Le SPD, le principal challenger, compte environ 14 points de retard (24%). Les sociaux-démocrates avaient pourtant fait revenir Martin Schulz, ancien président du parlement européen, pour tenter de convaincre les électeurs allemands. Mais le parti a déjà vécu plusieurs déroutes électorales, au niveau régional, depuis le début de l’année. Parmi ses thèmes de campagne, le parti mise sur la justice sociale et prône davantage de fermeté face à la droite nationaliste. Les autres formations politiques (voir encadré) se bagarrent pour la troisième place et sont estimées entre 7 et 10%.

Martin Schulz, le principal challenger d'Angela Merkel
Martin Schulz, le principal challenger d’Angela Merkel© REUTERS

Chômage, plein emploi et immigration

Pour convaincre les Allemands, Angela Merkel mise sur le bilan de son troisième mandat. Economique principalement. Elle peut en effet se vanter d’un taux de chômage au plus bas depuis la réunification de l’Allemagne. L’actuelle chancelière promet également le plein emploi – un taux de chômage sous la barre des 3% – pour l’année 2025. Elle veut mettre en avant la qualité de vie de ses concitoyens, avec son slogan « L’Allemagne, un pays où il fait bon vivre« .

La sécurité est également chère à la CDU-CSU. Le parti souhaite créer 15.000 nouveaux postes de policiers fédéraux. Le thème sécuritaire n’a pas été choisi par hasard. Il semblerait que le parti de la chancelière veuille reconquérir une partie de l’électorat séduit par l’extrême droite.

Une autre thématique préoccupe les Allemands : l’immigration. Angela Merkel a tenté de rassurer ses potentiels électeurs en assurant qu’il n’y aurait pas un nouvel afflux de migrants comme par le passé. Lors de l’année 2015-2016, notre voisin avait accueilli plus d’un million de migrants. La chancelière a cependant refusé de fixer une limite annuelle du nombre de réfugiés accueillis dans son pays.

Les tensions diplomatiques avec la Turquie pourraient également jouer un mauvais tour à Angela Merkel. Le président Erdogan a appelé les électeurs germano-turcs à voter contre la CDU et le SPD, qu’il estime être des « ennemis » de son pays.

Six partis, entre désir de coalition et opposition

La chancellerie fédérale se disputera incontestablement entre la CDU-CSU et le SPD, avec un avantage certain pour la première formation. Dans ce scénario, le SPD devrait alors décider s’il souhaite jouer un rôle d’opposition ou devenir partenaire de la coalition gouvernementale. Les deux partis sont encore un peu frileux à évoquer cette option.

Quatre autres partis peuvent jouer un rôle dans ces élections fédérales. Alors que certains aimeraient intégrer la future coalition gouvernementale, d’autres veulent jouer un rôle d’opposition fort.

Élections en Allemagne : la voie royale pour Merkel ?
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– Les libéraux du FDP avaient quitté la chambre des députés lors des dernières élections, après une lourde défaite électorale. Un retour au Bundestag – l’Assemblée parlementaire allemande – serait de bon augure pour la jeune direction du parti. Avec un bon résultat, ils pourraient être tentés de s’allier aux conservateurs pour former une coalition gouvernementale.

– Les Verts allemands, en pleine redéfinition de leur identité, ont de leur côté un choix à faire. Ils ne sont pas étrangers aux coalitions gouvernementales, puisqu’ils faisaient partie du gouvernement entre 1998 et 2005, lorsque le SPD était aux commandes. Ils pourraient gouverner une nouvelle fois, mais avec les conservateurs et les libéraux – une coalition inédite en Allemagne. Mais ils pourraient également faire le choix de l’opposition, et peut-être d’un rapprochement avec un autre parti (SPD, gauche radicale…).

– Le parti de droite populiste AfD (Alternative pour l’Allemagne) n’avait pas réussi à entrer à l’Assemblée parlementaire en 2013, année de sa création. Mais le parti est aujourd’hui présent dans 13 parlements régionaux (sur 16) Les sondages leur confiant pour l’instant 8%, cela pourrait changer la donne, même si ce résultat est faible comparé aux 15% d’intentions de vote au plus fort de la crise migratoire.

– Le parti de gauche radicale Die Linke fait déjà partie de plusieurs gouvernements régionaux – celui de Berlin notamment. La formation a été créée en 2007 par d’anciens communistes est-allemands et des déçus du SPD. Mais il est peu probable que le SPD accepte de faire une coalition avec Die Linke, tant certaines exigences sont incompatibles, comme la sortie de l’Allemagne de l’OTAN par exemple. De plus, une coalition des partis de gauche (SPD, Grüne, Die Linke) serait mathématiquement compliquée à établir si les sondages s’avèrent exacts.

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