Nancy Pelosi, leader de la minorité à la Chambre des représentants, et Ben Ray Lujan, président du DCCC, célèbrent le projet de prise de contrôle de la Chambre des représentants par le Parti démocrate lors d'une soirée électorale à mi-mandat organisée par la Campagne du Congrès démocrate, le 7 novembre 2018 © AFP

Elections de mi-mandat aux USA: victoire démocrate au Congrès mais pas de « vague » anti-Trump

Le Vif

Les démocrates ont engrangé une précieuse victoire mardi soir dans les élections américaines de mi-mandat, en prenant le contrôle partiel du Congrès, mais la « vague » anti-Trump un temps annoncée n’a pas eu lieu.

Les républicains ont conservé leur majorité au Sénat, ce qui a permis à Donald Trump de rapidement revendiquer un « immense succès », sans évoquer la perte par son parti de la Chambre des représentants.

Cette victoire démocrate à la chambre basse devrait entraver l’action du 45e président des Etats-Unis jusqu’à la fin de son mandat en 2021. « Un Congrès démocrate va oeuvrer à des solutions qui nous rassemblent, car nous en avons tous assez des divisions », a déclaré Nancy Pelosi, la chef des démocrates à la Chambre des représentants, en promettant de restaurer les « contrepouvoirs constitutionnels ».

Deux ans après la victoire choc de l’homme d’affaires, propulsé à la Maison Blanche sans la moindre expérience politique ou diplomatique, les Américains se sont pressés en nombre dans les bureaux de vote.

Selon les estimations des chaînes américaines, les démocrates ont repris le contrôle de la Chambre des représentants pour la première fois depuis 2010. Les républicains, de leur côté, ont conservé leur majorité au Sénat, qu’il pourraient même accroître d’un ou deux sièges.

Les Etats-Unis se retrouveront donc, en janvier 2019, avec un 116e Congrès divisé, dans une société marquée par un profond clivage autour de la personne de M. Trump.

Les élections de mi-mandat sont traditionnellement délicates pour le président en place. Mais la perte de la Chambre, en dépit d’excellents indicateurs économiques, reste un revers pour le magnat de l’immobilier tant il avait fait de ce rendez-vous un véritable référendum sur sa personne.

« Satisfait de l’économie »

La carte électorale sénatoriale jouait, cette année, en faveur des républicains: le renouvellement par tiers concernait des Etats majoritairement conservateurs.

Le nombre de votants n’est pas centralisé par une autorité électorale unique aux Etats-Unis, mais au Texas, à New York ou dans le Maryland, électeurs et scrutateurs interrogés par l’AFP semblaient surpris par l’affluence.

A l’Université d’Irvine, 60 km au sud de Los Angeles, les électeurs se sont pressés en nombre.

John Savarese, étudiant en psychologie de 26 ans, a grandi à Fullerton, une ville d’Orange County réputée pour être très conservatrice. Mais il a voté démocrate. Ses parents sont des républicains convaincus, il est fiancé à une jeune fille d’origine mexicaine, Américaine de première génération: « Quand je vois les difficultés que sa famille endure en ce moment, je ne pouvais pas ne pas voter », explique-t-il à l’AFP.

Nicky Davidson, étudiante en biologie, 20 ans, a elle voté républicain au nom de ses « croyances chrétiennes » notamment. Donald Trump « fait les choses différemment, et c’est ça dont nous avons besoin », explique-t-elle.

Reprenant l’argument de campagne du président, James Gerlock, 27 ans, a voté républicain à Chicago car il est « extrêmement satisfait de l’économie ».

Donald Trump, qui est resté cloîtré mardi à la Maison Blanche, sans tweeter –fait rare– pendant plus de huit heures, a fait campagne jusqu’au dernier moment avec une rafale de rassemblements « Make America Great Again ».

Le magnat de l’immobilier, qui avait commencé sa campagne présidentielle en traitant les immigrés mexicains de « violeurs », a de nouveau opté cette année pour un message anxiogène sur l’immigration. « C’est une invasion », martèle-t-il depuis plusieurs semaines à propos des migrants d’Amérique centrale qui traversent actuellement, en groupe, le Mexique vers la frontière américaine.

Première Amérindienne au Congrès

Ces élections ont donné lieu à de nombreuses premières.

Sharice Davids
Sharice Davids © AFP

La démocrate du Kansas Sharice Davids, avocate férue d’arts martiaux, est devenue la première Amérindienne à être élue au Congrès en l’emportant sur des terres conservatrices.

Ilhan Omar et Rashida Tlaib, respectivement du Minnesota et du Michigan, sont devenues les deux premières femmes de confession musulmane élues à la Chambre des représentants. « On a réussi, ensemble. Merci! », a tweeté Ilhan Omar, une réfugiée somalienne, avant d’écrire à l’attention de Rashida Tlaib, née à Détroit de parents immigrés palestiniens: « Félicitations à ma soeur Rashida Tlaib pour sa victoire. J’ai hâte de siéger avec toi, inchallah ».

Ilhan Omar
Ilhan Omar© AFP

Grande première aussi dans le Colorado (ouest) où le démocrate Jared Polis est devenu le premier gouverneur ouvertement gay d’un Etat américain.

L’espoir démocrate Beto O’Rourke, qui avait reçu tardivement le soutien de la chanteuse Beyoncé, n’a pas réussi à créer la surprise au Texas. Le sénateur sortant Ted Cruz, auquel Donald Trump était venu prêter main forte, a été réélu à l’issue d’une course très serrée.

Elections législatives américaines: état des lieux

Les Américains, qui s’exprimaient mardi pour la première fois dans les urnes depuis la victoire surprise de Donald Trump en 2016, ont élu un Congrès divisé: les démocrates s’emparent de la Chambre des représentants tandis que les républicains renforcent leur contrôle du Sénat, avec de chaque côté des batailles locales haletantes.

Les démocrates, vainqueurs à la Chambre

Les démocrates ont pris le contrôle de la Chambre des représentants, surfant sur l’indignation contre Donald Trump et la promesse de protéger la couverture santé, sans toutefois transformer l’essai d’une « vague » annoncée.

Ils ont arraché 26 sièges aux républicains, dont quatre en Pennsylvanie, mais aussi en Floride, dans le Colorado, le Kansas, le New Jersey, à New York ou en Virginie.

Alexandria Ocasio-Cortez
Alexandria Ocasio-Cortez© Reuters

Le scrutin a été marqué par un nombre important de femmes, de jeunes et de candidats issus des minorités ethniques et sexuelles. Les démocrates Ilhan Omar (Minnesota) et Rashida Tlaib (Michigan) sont les premières femmes musulmanes à être élues au Congrès, et Sharice Davids (Kansas) la première Amérindienne. Alexandria Ocasio-Cortez (New York), membre de l’aile gauche du parti démocrate, est elle devenue à 29 ans la benjamine du Congrès.

La chef des démocrates à la Chambre, Nancy Pelosi, a promis mardi un nouvel équilibre des pouvoirs aux Etats-Unis, alors que les Américains ont montré selon elle qu’ils en avaient « assez des divisions ».

La Chambre basse est composée de 435 sièges, renouvelés entièrement tous les deux ans. Les démocrates devaient enlever 23 sièges républicains pour gagner la majorité. Le site indépendant Cook Political Report prévoit qu’ils s’emparent d’au moins 30 sièges.

Les républicains gardent le Sénat

Au Sénat, les républicains renforcent leur majorité, prenant selon les médias américains quatre sièges aux démocrates, favorisés par une carte électorale avantageuse. Les démocrates étaient en effet contraints de défendre dix sièges dans des Etats pro-Trump.

Ils ont résisté en Virginie-Occidentale et dans le New Jersey. Mais ils ont perdu tôt dans la soirée l’Etat clé de l’Indiana, puis le Missouri et le Dakota du Nord, terres conservatrices.

Les républicains ont enregistré une précieuse victoire en conservant le siège de Ted Cruz au Texas, malgré les millions de dollars dépensés pour soutenir le démocrate Beto O’Rourke, star de la campagne. Et en Floride, l’ex-gouverneur Rick Scott a battu le sortant démocrate Bill Nelson.

Le siège du Mississippi, tenu par les républicains, sera remis en jeu fin novembre, aucun des candidats n’ayant atteint la barre des 50% des voix.

Le Sénat américain compte 100 sièges. Les électeurs renouvellent un tiers de la chambre haute tous les six ans, soit 35 sièges cette fois.

Gouverneurs

Les démocrates ont perdu l’une des courses les plus scrutées pour l’un des 36 sièges de gouverneurs: le duel entre le démocrate Andrew Gillum, premier candidat noir à ce poste en Floride, et le républicain Ron DeSantis, un partisan déclaré du président Trump. Malgré des accusations de racisme, M. DeSantis l’a finalement emporté au terme d’un duel très serré.

L’autre scrutin très observé était la bataille en Géorgie entre le républicain Brian Kemp et la démocrate Stacey Abrams, qui pourrait devenir la première gouverneure noire d’un Etat américain.

Dans le Colorado, les électeurs ont choisi le démocrate Jared Polis, qui deviendra le premier gouverneur américain ouvertement gay. Et dans le Kansas très conservateur, la démocrate Laura Kelly a créé la surprise en battant le favori, Kris Kobach.

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