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Egypte : la révolte s’étend, malgré les menaces du pouvoir

Près de la place Tahrir, des centaines de personnes ont encerclé le Parlement et le siège du gouvernement.

Le pouvoir contesté du président Hosni Moubarak a averti mercredi que l’armée pourrait intervenir en cas de « chaos » en Egypte, au 16e jour d’une mobilisation populaire tenace marqué par des manifestations hostiles au Parlement et au gouvernement.

La révolte a touché une ville à 400 km au sud du Caire, El Kharga, où cinq personnes blessées dans des heurts entre manifestants et policiers qui ont fait usage de balles réelles ont succombé, selon des sources médicales. Une centaine d’autres ont été blessées.

A la contestation politique se sont ajoutés plusieurs mouvements sociaux portant sur les salaires ou les conditions de travail, dans les arsenaux de Port-Saïd (nord-est), dans plusieurs sociétés privées travaillant sur le canal de Suez (est) ou encore à l’aéroport du Caire.

Durcissant le ton à l’égard des manifestants qui ont rejeté toutes les mesures d’apaisement du régime, le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit a prévenu que « l’armée interviendrait en cas de chaos pour reprendre les choses en main ». Déjà mardi, le vice-président Omar Souleimane avait averti qu’une fin immédiate du régime « signifierait le chaos ».

Mais les manifestants semblaient refuser de lâcher prise, exigeant rien de moins que le départ immédiat de Hosni Moubarak, qui a promis de s’effacer à la fin de son mandat en septembre et formé une commission pour amender des articles de la Constitution contestés par l’opposition et liés à la présidentielle.

Sur la place place Tahrir, rond-point du Caire devenu symbole du mouvement déclenché le 25 janvier, des dizaines de milliers de manifestants ont encore réclamé le départ du chef de l’Etat, qui a gouverné l’Egypte d’une main de fer pendant près de 30 ans.

Les propos d’Omar Souleimane ont été dénoncés par l’opposition, dont les Frères musulmans. « Il s’agit d’une menace inacceptable aux yeux du peuple égyptien », a affirmé Mohamed Moursi, un responsable de la confrérie. « Tout le monde est d’accord pour continuer (à manifester) quelles que soient les menaces ».

Près de la place Tahrir, des centaines de personnes ont encerclé le Parlement et le siège du gouvernement, situés l’un en face de l’autre. Les deux bâtiments étaient protégés par des blindés et le Conseil des ministres a dû se tenir dans un autre lieu.

Les manifestants anti-gouvernementaux ont été galvanisés par la foule monstre rassemblée la veille place Tahrir, où, le nombre des protestataires a été le plus important depuis le début de la contestation.

La révolte a aussi touché la ville d’Assiout, au sud du Caire, où des manifestants anti-Moubarak ont bloqué une voie de chemin de fer et coupé une autoroute reliant le nord et le sud du pays à l’aide de pneus brûlés.

Des manifestants ont également saccagé un bâtiment officiel dans la ville de Port Saïd (nord-est), à l’entrée méditerranéenne du canal de Suez, et incendié la voiture du gouverneur.

Parallèlement, la vie reprenait au Caire son cours dans la journée, la plupart des commerces ayant rouvert dans la capitale.

Maintenant la pression, la Maison Blanche a estimé que la poursuite de la mobilisation populaire en Egypte montrait que les réformes politiques n’étaient encore pas suffisantes, alors que le département d’Etat a encouragé l’armée égyptienne à continuer à faire preuve de modération.

L’Express.fr

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