© REUTERS

Ecosse: Bien déterminés à rester dans l’UE, les indépendantistes mettent le cap sur Bruxelles

« Déterminée » à défendre la place de l’Ecosse dans l’Union européenne malgré le Brexit, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon se rendra mercredi à Bruxelles pour plaider sa cause, avec l’indépendance en ligne de mire, même si elle ne devrait pas y rencontrer l’exécutif de l’UE.

La cheffe du parti indépendantiste SNP tient ainsi une promesse faite des mois avant le référendum : défendre bec et ongles les intérêts de l’Ecosse en cas de Brexit, quitte à ajouter un peu plus à la confusion d’un Royaume-Uni complètement déboussolé.

« Je suis déterminée, complètement déterminée à préserver la relation et la place de l’Écosse dans l’UE », a déclaré, combative, Mme Sturgeon, au cours d’un débat consacré au Brexit devant le Parlement d’Edimbourg.

« Si nous sortions de l’Europe, ce serait contre notre gré » et « démocratiquement inacceptable », a-t-elle ajouté, soulignant que les Ecossais avaient voté « clairement pour le maintien (ndr : à 62%) » dans le giron européen.

Selon un sondage réalisé pour le Sunday Times, 52% des Ecossais veulent que leur pays se sépare du reste du Royaume-Uni, et que l’Ecosse reste membre de l’Union européenne.

Mardi devant le Parlement d’Edimbourg, plusieurs centaines de manifestants se sont réunis pour protester contre le Brexit.

« Y a-t-il quelqu’un ici qui a voté pour rester dans l’UE? Ouiiiiii ! », a lancé au mégaphone un jeune homme, encourageant la foule à se mobiliser pour que l’Ecosse reste dans l’Union.

« L’Ecosse souhaite la bienvenue à l’UE », « laissez l’Ecosse rester en Europe », pouvait-on lire sur plusieurs banderoles, au milieu de drapeaux européens ou écossais… mais sans un seul « Union Jack ».

Mme Sturgeon a annoncé qu’elle se rendrait mercredi à Bruxelles « pour présenter la position et les intérêts de l’Ecosse aux représentants des principaux groupes parlementaires et au président du Parlement européen » Martin Schulz.

En allant évoquer le dossier écossais en plein sommet européen, Mme Sturgeon se place dans la situation délicate d’ouvrir des discussions alors que le Royaume-Uni n’a lui-même pas encore déclenché le processus de sortie de l’UE.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a ainsi refusé de rencontrer Mme Sturgeon. « M. Tusk pense que ce n’est pas le bon moment », a-t-on dit de source européenne.

On a également appris auprès de la Commission qu’une rencontre avec son président Jean-Claude Juncker n’était pas prévue « pour le moment ».

Lundi, le ministre écossais de l’Agriculture Fergus Ewing s’était rendu de son propre chef à Luxembourg, pour y rencontrer ses homologues européens. Un rendez-vous « pris de longue date », après sa récente nomination, selon une source à la Commission.

« Si le ministre écossais est là, il me l’a dit, c’est parce qu’au niveau du gouvernement écossais ils cherchent des contacts. Il m’a semblé tout à fait légitime de pouvoir le rencontrer », a pour sa part déclaré le ministre français Stéphane Le Foll.

– « Fausse promesse » –

Dès vendredi et l’annonce des résultats, Mme Sturgeon avait jugé « hautement probable » un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Ecosse après celui de 2014, marqué par la victoire du « non ».

« Toutes les options doivent être sur la table pour protéger notre place en Europe, y compris un second référendum d’indépendance », a-t-elle redit mardi, précisant toutefois qu’il ne s’agissait pas du « point de départ » des discussions.

Mme Sturgeon a également annoncé la création d’un groupe d’experts chargé d’aider son gouvernement à protéger les « intérêts » de l’Ecosse, une des quatre nations constitutives du Royaume-Uni.

Bien que minoritaire au Parlement d’Edimbourg, le SNP de Mme Sturgeon peut compter sur le soutien des Verts écossais, favorables à l’indépendance.

« Ceux qui en 2014 ont voté (contre l’indépendance) l’ont fait sur la base de la fausse promesse que leur appartenance à l’UE serait protégée », a souligné le député écossais écologiste Patrick Harvie.

La dirigeante des conservateurs écossais Ruth Davidson a revanche accusé les indépendantistes de rendre la situation encore plus compliquée. « Vous n’atténuez pas le choc causé par un référendum en allumant le feu pour un autre », a-t-elle lancé.

Lundi, le gouvernement britannique avait estimé qu’un nouveau référendum sur l’indépendance était « la dernière chose dont a besoin l’Ecosse ».

Contenu partenaire