© Reuters/Charles Platiau

DSK : « son entourage est complice »

Pascal de Sutter, sexologue et professeur de psychologie à l’université catholique de Louvain, revient sur l’affaire Dominique Strauss-Kahn. Expert en psychologie politique, il est l’auteur du livre à succès Ces fous qui nous gouvernent.

Le Vif/L’Express : Quelle lecture faites-vous de l’affaire DSK ?

Pascal de Sutter : Quelle que soit l’hypothèse, même celle d’un coup monté, il y a eu une erreur stratégique de la part de Dominique Strauss-Kahn et de son entourage proche. L’homme a depuis longtemps une réputation de séducteur, de harceleur même. Dès lors, vu son passé et le contexte – il aurait été le meilleur atout de la gauche dans la future campagne présidentielle -, on n’aurait jamais dû laisser DSK seul, dans une chambre d’hôtel. C’était une folie. Bref, son environnement l’a mal protégé. Dans le cas où DSK aurait fait des avances appuyées à une femme de chambre, sans qu’il ait commis une agression ou un viol, voire dans l’hypothèse où la victime présumée relaterait la vérité, cela démontre ce que j’ai déjà écrit : les hommes politiques agissent de façon bien plus émotive que rationnelle.

On dit que le monde de la politique est celui de la séduction.

Pour être un leader, il faut être un mâle dominant : l’un ne va pas sans l’autre. Ainsi, les hommes politiques aiment s’entourer de belles femmes. Beaucoup d’entre eux sont des grands consommateurs sexuels, parfois de façon compulsive : ils ont alors des rapports sexuels plus fréquents ou accumulent les partenaires, ou parfois, recourent à la prostitution.

Les femmes de pouvoir développent-elles le même appétit sexuel ?

Chez les hommes de pouvoir, le sexe sert souvent de déstressant. Chez les femmes, au contraire, la recherche a montré que le stress annule tout désir sexuel. On voit parfois des femmes de pouvoir se masculiniser : ces femmes couguars adoptent alors la position du mâle dominant.

On ne note pas ce type de dérapage en Belgique. Nos hommes politiques produiraient-ils moins de testostérones ? Non ! De nombreux hommes politiques ont une vie sexuelle très active. Mais la majorité d’entre eux sont des séducteurs, pas des prédateurs. Il ne faut pas jeter le discrédit sur l’ensemble de la classe politique. Quelques-uns, en revanche, ont des comportements inadmissibles. Ce sont des faits rares mais connus. Les journalistes le savent, qui restent très discrets. Ils ne s’y risquent pas, car la population rejette ce qu’elle considère comme « agressivité » journalistique. Cela n’est pas le cas aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne.

Vous évoquez également la « complicité » de l’entourage de Dominique Strauss-Kahn.

Celui de DSK, mais des hommes politiques en général. Leur entourage les pousse en quelque sorte au « crime ». Ils sont entourés de belles femmes, qui parfois les « allument » et certains craquent. Mais ils sont aussi habitués aux faveurs : on leur fait sauter leurs petites amendes, on leur offre la plus belle chambre, alors pourquoi ne pourraient-ils pas « avoir » les plus belles femmes ? Ils en viennent peu à peu à penser qu’ils peuvent tout se permettre, grâce à leur position et parce que les autres laissent faire.

Propos recueillis par Soraya Ghali

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire