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Deuil au Liban après un attentat de l’EI dans un fief du Hezbollah

Le Vif

Le Liban observait vendredi une journée de deuil au lendemain d’un attentat du groupe Etat islamique (EI) dans un fief du Hezbollah qui a fait 44 morts, l’une des attaques les plus meurtrières depuis la fin de la guerre civile.

Le mouvement chiite Hezbollah combat, au côté du régime de Bachar al-Assad, les rebelles et les jihadistes dont le groupe extrémiste sunnite EI en Syrie voisine, déchirée depuis plus de quatre ans par un conflit dévastateur qui a fait plus de 250.000 morts.

L’attaque, la plus meurtrière commise par l’EI au Liban, a été condamnée par les Etats-Unis, la France et l’ONU.

Vendredi, les drapeaux jaunes du Hezbollah et ceux verts du mouvement chiite Amal étaient accrochés sur le lieu de l’attentat tandis que des bulldozers nettoyaient la rue jonchée de gravas et de bris de verre.

Les familles se préparaient à enterrer leurs morts et le pays observait une journée de deuil national avec notamment la fermeture des écoles publiques et privées.

Selon un nouveau bilan encore provisoire de la Croix-Rouge libanaise, l’attaque a fait 44 morts et 239 blessés dans une rue commerçante bondée du quartier de Bourj al-Barajné, dans la banlieue sud de Beyrouth, un fief du puissant mouvement armé.

Plusieurs des blessés sont dans un état critique, selon elle.

L’une des victimes fait figure de héros. Selon la presse, Adel Tarmous a payé de sa vie le fait d’avoir empêché un kamikaze de pénétrer dans une Husseiniyé, lieu de culte chiite. Il doit être enterré près de Marjayoun (sud).

‘Position inconfortable’

Mais l’EI, tout en parlant de deux attaques, a fait état d’un seul kamikaze dans un communiqué. « Des soldats du califat ont réussi à faire exploser une motocyclette piégée contre un rassemblement de ‘rafida' », terme péjoratif désignant les chiites, puis « un de nos combattants a fait détoner sa ceinture explosive au milieu du groupe ».

Le procureur qui mène l’enquête a également affirmé qu’il y a eu deux explosions, une charge de 7 kg sur une mobylette et une ceinture avec 2 kg d’explosifs. Il ne fait pas mention d’un troisième kamikaze, comme annoncé auparavant.

Pour Charlie Winter, un expert de l’EI, « cette opération marquée par le sceau confessionnel correspond tant au niveau opérationnel que stratégique à la manière d’agir de ce groupe ».

Cet attentat intervient aussi au moment où l’EI subit des revers tant en Syrie qu’en Irak. « Je pense qu’il existe une corrélation entre ce déchainement de violence et le fait que le groupe se trouve dans une position inconfortable », a-t-il ajouté.

Il s’agit du premier attentat contre un fief du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth depuis juin 2014, lorsqu’un agent de sécurité avait été tué en empêchant une attaque.

‘Actes horribles’

L’EI avait pour la première fois revendiqué en janvier 2014 un attentat contre un fief du Hezbollah qui avait fait quatre morts mais l’attaque de jeudi est la plus sanglante contre un fief du mouvement chiite depuis son implication début 2013 dans le conflit syrien.

En décrivant les explosions, un témoin a dit penser que « c’était la fin du monde ».

A l’étranger, le président français François Hollande a exprimé son « effroi » et son « indignation », dénonçant un « acte abject ». Washington a dénoncé des « actes terroristes horribles ».

Et le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a parlé « d’acte méprisable » appelant les Libanais à « continuer de travailler à préserver la sécurité et la stabilité » du pays.

Entre juillet 2013 et février 2014, neuf attaques ont été menées contre les fiefs du Hezbollah ou des régions fidèles à ce mouvement, la plupart revendiquées par des groupes extrémistes sunnites.

Ceux-ci avaient parlé d’une « vengeance » à la décision du Hezbollah d’envoyer des milliers de ses hommes combattre en Syrie au côté du régime Assad contre les rebelles et les jihadistes, en grande majorité des sunnites.

Il y a moins d’un mois, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait de nouveau défendu son combat en Syrie, en parlant d’une bataille « essentielle ».

La présence du Hezbollah en Syrie « est plus importante que jamais – qualitativement, quantitativement et en matière d’équipement », avait-il dit.

D’après le dernier bilan donné par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, 971 membres du Hezbollah ont péri en Syrie.

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