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Désaccords sur le Brexit: Theresa May perd deux poids lourds de son gouvernement

Le Vif

La Première ministre Theresa May faisait face lundi à un double revers avec la démission de deux poids lourds de son gouvernement, signe des désaccords sur l’avenir de la relation du Royaume-Uni avec l’Union européenne après le Brexit.

Le ministre du Brexit, l’eurosceptique David Davis, a démissionné dimanche soir, en signe de protestation contre le plan de Mme May de maintenir des relations économiques étroites avec Bruxelles après le Brexit, prévu le 29 mars 2019. Une option qualifiée de « Brexit doux » par opposition au « Brexit dur » souhaité par les partisans d’une rupture nette avec Bruxelles.

Lundi après-midi, le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a suivi la même voie, peu avant que Mme May ne prenne la parole devant les députés britanniques pour exposer son plan adopté vendredi soir lors d’une réunion de son gouvernement dans sa résidence de campagne de Chequers, à 70 km au nord-ouest de Londres.

« Nous sommes en désaccord sur la meilleure manière de mettre à exécution notre engagement commun d’honorer le résultat du référendum » de juin 2016, au cours duquel les Britanniques s’étaient prononcés à 52% en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, a expliqué Mme May devant les députés, tout en défendant sa stratégie comme la meilleure pour l’avenir du pays.

Après des mois de divisions de sa majorité conservatrice sur les futures liens avec Bruxelles, la dirigeante pensait être parvenue à un consensus et avoir obtenu les coudées franches à Chequers pour aller proposer son projet à Bruxelles.

« Mais l’illusion d’unité n’aura duré que 48 heures », a dénoncé le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn devant le Parlement, critiquant deux ans d’atermoiements et « les occasions manquées ».

« L’avenir des emplois et des investissements est en jeu », a-t-il averti, appelant le gouvernement à agir ou « à faire place ».

Les rumeurs allaient bon train depuis des mois sur le départ de M. Davis, 69 ans, visiblement mécontent du chemin que prenaient les négociations, même si en public il se montrait loyal avec Mme May.

En revanche, le flamboyant Boris Johnson, 54 ans, l’un des leaders de la campagne pour sortir de l’UE, ne s’est jamais privé de miner le terrain de la Première ministre, critiquant ouvertement ses choix sans être sanctionné.

Marchés inquiets

Son départ accroît les chances de voir Mme May affronter un vote de défiance au sein de son parti, auquel elle devait s’adresser en fin d’après-midi dans une atmosphère jugée fébrile par les médias britanniques.

Ses soutiens estiment qu’elle remporterait un tel vote, personne ne semblant actuellement capable de rassembler les Tories autour d’une position commune. Mais si elle perdait, Boris Johnson est l’un de ceux sur les rangs pour lui succéder.

Son successeur à la tête du ministère des Affaires étrangères sera désigné rapidement, a annoncé Downing Street.

Celui de David Davis est déjà connu: il s’agit de Dominic Raab, jusque-là secrétaire d’Etat au Logement.

Ce député eurosceptique de 44 ans aura la lourde tâche de représenter le Royaume-Uni de ferrailler avec des dirigeants européens qui s’impatientent de plus en plus de voir les négociations avancer à moins de neuf mois du Brexit.

La Commission européenne a affirmé lundi que la démission de David Davis ne constituait pas pour elle un problème pour les négociations. « Nous continuerons à négocier de bonne volonté avec la Première ministre May et les négociateurs britanniques », a déclaré son porte-parole Margaritis Schinas, avant la démission de M. Johnson.

Le secrétaire d’État au Brexit Steve Baker a également démissionné pour protester contre le plan dévoilé vendredi soir par Mme May et qui prévoit de mettre en place une zone de libre échange et un nouveau modèle douanier avec les 27, afin de maintenir un commerce « sans friction » avec le continent.

Les milieux économiques et financiers l’ont eux plutôt bien accueillis, y voyant une légère inflexion en direction du « Brexit doux » qu’ils appellent de leurs voeux.

Mais les marchés britanniques se sont inquiétés après la démission de Boris Johnson, craignant la chute du gouvernement, ce qui a fait nettement baisser la livre.

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