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Des milices chrétiennes organisent la résistance face à l’Etat Islamique

Stagiaire Le Vif

Face à l’État Islamique, de nombreuses milices chrétiennes organisent désormais la résistance. En leur sein, des centaines d’Occidentaux, partis en croisade « pour éviter la fin du monde. »

Ils viennent des États-Unis, de Suisse, d’Allemagne, voire de Belgique. Ce sont, au choix, d’anciens Marines, de jeunes vétérans militaires ou des citoyens « simplement » chrétiens. Souvent, ils ont tout sacrifié pour s’offrir le voyage, à l’image de Tim Locks, ce businessman britannique qui a vendu son immense demeure « avec piscine intérieure et télévision dans chaque pièce », avant de prendre l’avion pour l’Irak. Pour chacun, l’objectif est identique : rejoindre une milice chrétienne afin de combattre l’État Islamique.

Fréquemment victimes des atrocités perpétrées par Daesh, les chrétiens du Moyent-Orient ont entrepris de s’organiser pour tenter de contrer les islamistes sur « leurs » terres. Un des premiers groupes armés, le Conseil militaire syriaque (CMS), créé début 2013, compte aujourd’hui en ses rangs plus de 1 500 combattants.

Une initiative qui fait des émules. Depuis plusieurs mois, de nombreux Occidentaux prennent effectivement le chemin de l’Irak ou de la Syrie, sans forcément partager la même idéologie. « Je ne souhaitais pas spécialement rejoindre tel ou tel groupe, mais juste aider les civiles », avance, au Métro anglais, Tim Locks, qui a quant à lui rallié « Dwekh Nawsha », une milice active dans le nord de l’Irak et « prisée » par les étrangers. Pour ces premiers jours, il fut assigné aux travaux de construction, en attendant d’être jugé apte à monter au front. Tatouage de Jésus sur le bras droit, Brett, lui, se bat bel et bien : il est un des piliers de « Dwekh Nawsha ». « Le terrorisme entrave les libertés. Nous nous battons pour que les gens puissent vivre en paix, sans persécution », annonce-t-il.

Ancien Marine, Louis fut parmi les premières recrues de « Dwekh Nawsha ». Pour lui, affronter Daesh, c’est avant tout défendre les intérêts de son pays, les États-Unis. « Je suis terriblement patriotique. Si mon gouvernement ne veut pas combattre l’EI, je le ferai, moi ».

Esprit de croisade

« Ces Occidentaux qui partent combattre au nom d’une religion sont dans une logique apocalyptique », analyse Myriam Benraad, spécialiste de l’Irak et du monde arabe, interrogée par Le Parisien. « C’est la fin du monde qui se joue et il faut défendre la civilisation judéo-chrétienne. Ce phénomène grandissant est une réponse à l’idéologie fondamentaliste du groupe État islamique. » Selon elle, il existe désormais une « sacralisation » du combat. « Ils partent rejouer l’Histoire, c’est une grande aventure au nom de la religion. Ils assument l’esprit de croisade. Au-delà de la nationalité, « c’est cause contre cause, civilisation contre civilisation ». Ce n’est pas là le fait d’être Américains ou Britanniques qui rassemble mais « c’est la religion qui crée la coalition ». »

L’État Islamique ne constitue toutefois pas le seul « ennemi » des milices chrétiennes syriennes. Se trouve également dans leur ligne de mire : Bachar El-Assad. « Son régime est responsable des malheurs actuels du peuple syrien. Il a renforcé les islamistes aux dépens de l’ASL (l’Armée Syrienne Libre) et poussé certains à renoncer, par désespoir, aux aspirations démocratiques de la Révolution », argumente à Slate Ibrahim, président de l’Union des partis syriaques. « Le clan Assad a soumis tout un peuple à la terreur et marginalisé les chrétiens, alors qu’il prétend défendre les minorités. »

En pratique, les combats contre l’armée se font cependant assez rares, et les deux camps restent plutôt en « statu quo ». Une situation expliquée, en partie, par la position de l’Église, plutôt favorable au régime.

A contrario, les affrontements avec l’EI sont, eux, quotidiens. De quoi rebouter les « nouveaux venus » occidentaux ? Pas Tim Locks, en tout cas : « Je n’ai aucune raison de rentrer tant que le boulot ici n’est pas terminé. Je n’envisagerai mon retour que quand Daesh sera totalement éradiqué. » (A.V.)

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