La grève générale du 5 décembre a signé le grand retour des syndicats sur le devant de la scène politique en France. © MEHDI TAAMALLAH /GETTY IMAGES

Des gilets jaunes aux syndicats

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Au déclin des premiers a succédé la revanche des seconds. Pour le président Emmanuel Macron, lâcher du lest ne suffit pas toujours à éteindre le feu.

Le président français Emmanuel Macron avait concédé pour 10,3 milliards d’euros en mesures d’urgence économiques et sociales le 10 décembre 2018. Quatre mois plus tard, face à la poursuite, même avec intensité décroissante, du mouvement des gilets jaunes, il dégage un nouveau montant de sept milliards, dont cinq en baisses d’impôts sur les revenus, pour décréter qu’  » il n’y a plus de débouché politique  » à la contestation de la France des laissés-pour-compte de la mondialisation. Dans l’entendement du chef de l’Etat, cette réponse vient couronner un Grand débat national directement inspiré par la révolte, que ses opposants ont perçu comme instrumentalisé, et qui, en vérité, lui a surtout servi à renouer les liens avec les maires, à quelques mois d’élections municipales.

Les gilets jaunes, ou en tout cas leur noyau dur, ont jugé la réaction présidentielle insuffisante au plan économique et inexistante en matière institutionnelle (la demande d’un référendum d’initiative citoyenne, notamment, n’ayant pas été retenue). Aussi, leur mouvement qui rompait avec la pratique de concertation sociale en France a-t-il perduré jusqu’au début de l’été. Mais par lassitude ou sous l’effet, malgré tout, des allègements sociaux, il s’est progressivement étiolé et transformé. Une tentative de relance à l’automne n’a pas eu l’effet escompté. Mais Emmanuel Macron n’en a pas eu fini pour autant avec la grogne sociale.

Lors de sa conférence de presse post-Grand débat du 25 avril, le président avait promis et  » un changement de méthode très profond  » et la poursuite des  » transformations en cours « . En dépit de l’électrochoc jaune, il n’a pas renoncé à sa réforme du système des retraites. Le gouvernement français y voit une oeuvre de justice sociale par la suppression des nombreux régimes spéciaux. Les syndicats la considèrent comme une nouvelle attaque contre le pouvoir d’achat. Une grève générale largement suivie le 5 décembre, en particulier dans les transports publics, lance la contestation avant même la présentation du projet et… d’inévitables concessions. C’est la revanche des syndicats, snobés par le Président durant deux ans. Comme pour symboliser cette année de fracture sociale, le 26 septembre, Jacques Chirac tire sa révérence. Lui, le président que l’on disait si proche de tous les Français.

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