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De plus en plus d’Anglais doivent s’arracher eux-mêmes leurs dents

Le Vif

Pour la première fois en quarante ans, les médecins font grève en Angleterre. Ils ne comprennent pas pourquoi le gouvernement de Cameron veut mettre en place de nouvelles conditions de travail nettement moins favorable à l’heure ou l’automédication prend de l’ampleur avec des conséquences catastrophiques. De plus en plus d’Anglais doivent, par exemple, s’arracher eux-mêmes leurs dents.

En 2009, le vétéran Ian Boynton s’est arraché lui-même ses dents avec une pince parce qu’il n’arrivait pas à trouver de dentiste. La photo de lui et ses 13 chicots va faire le tour des médias. Six ans plus tard, cette pratique, que l’on pensait d’un autre âge, n’a plus rien d’une exception.

La commande en ligne de plombage a le vent en poupe et pas moins de 250.000 kits de réparation dentaires ont été vendus en ligne par la plus grande compagnie du genre DenTek. L’association des dentistes estime que 20 % des Anglais se sont arraché eux-mêmes une dent ou se sont fait « soigner » par un proche. Le Journal of Dental Research annonce qu’un anglais pauvre a en moyenne 7 dents en moins qu’un Anglais mieux nanti. La dentition des Anglais pourrait donc présager ce que sera l’aide sociale anglaise. Et les Anglais feraient bien de s’y faire au plus vite parce qu’il s’agit d’un avenir proche.

Des patients psychiatriques errent en rue

Pour faire des économies, le gouvernement de Cameron a décidé de couper dans les budgets il y a 5 ans. Depuis 2010, la participation de l’état est passée de 45 à 40 % du PIB. Et il prévoit même de passer à 36 % d’ici 2020. Dans l’Angleterre « nouvelle mouture », seuls le travail et le chacun-pour-soi seront récompensés. Ne seront plus pris en charge que les très âgés ou les très malades.

Près d’un million d’emplois de fonctionnaire ont été supprimés. Les budgets des communes ont été divisés par deux. Les centres d’accueil, les maisons de soins et les centres de jour sont fermés. Les patients psychiatriques errent dans les rues alors que les enfants handicapés sont enfermés à la maison puisqu’ils n’ont plus nulle part où aller. Dans une commune du sud de l’Angleterre, les habitants ont engagé une milice privée après que l’état a fermé un énième bureau de police. Pour trois vigiles, cela coûte 2.8 euros par habitant et par semaine. Ce genre de chose pourrait devenir la norme puisqu’au sein de la police 17.000 postes ont été supprimés. Et on en prévoit encore 22.000 suppressions supplémentaires dans un avenir relativement proche.

Les professeurs payent les déjeuners de leurs élèves

Le plan qui prévoit la restructuration de l’état providence n’est qu’à mi-parcours. Le gouvernement a délégué une partie de ses obligations financières vers les employeurs. Certaines tâches ont été automatisées et de nombreux services sociaux ont été intégrés à d’autres structures. Tout cela n’a pourtant qu’un impact limité. Presque 40 % des Britanniques sont désormais des exclus. Ils sont livrés à eux-mêmes et doivent construire leurs propres réseaux. En cette période où le contrat 0 heure s’installe (un contrat qui ne garantit même pas un minimum d’heures) et où on ne sait jamais de quels moyens on disposera le lendemain, il n’y a pas de petites économies. Les gens ne peuvent compter que sur leurs amis et voisins. Car ce qui était auparavant le domaine des docteurs, des thérapeutes, des dentistes, des notaires ou encore des professeurs et des travailleurs sociaux doit désormais être fait soit même. Sans argent, ni professionnalisme. Parce que l’État britannique a tout simplement décidé de supprimer son rôle de fournisseur de service.

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