Carte blanche

De l’urgence de la mise en place d’une politique démographique à l’échelle mondiale en vue d’une citoyenneté et d’une parentalité responsables

La mondialisation et la globalisation que les progrès technologiques de ces dernières décades ont rendues possibles, font qu’il est désormais indispensable de réfléchir et d’agir en termes de politique globale pour la planète « terre » arrivée à saturation.

Pour une citoyenneté responsable

Chaque année, actuellement en août, la presse nous informe que nous avons consommé toutes les ressources nécessaires à un fonctionnement et une alimentation normale de l’année en cours et que nous devrons terminer l’année « à crédit », soit en prenant sur la part des êtres humains qui nous suivront !

Il est étonnant qu’une telle déclaration qui, chaque année, survient de plus en plus tôt, ne soulève pas dans nos pays « dits développés » des réactions aussi alarmistes que celles entourant les changements climatiques, liés aux débordements des activités humaines, modifiant notamment lourdement l’équilibre de notre « échosystème ».

Il y a plus de 3000 ans, la ville « POLIS » des grecs, constituait le lieu principal de vie collective à organiser et à gérer. Le terme « politique » en est issu. Les temps ont bien changé : la mondialisation et la globalisation que les progrès technologiques de ces dernières décades ont rendues possibles, font qu’il est désormais indispensable de réfléchir et d’agir en termes de politique globale pour la planète « terre » arrivée à saturation. Vis-à-vis des générations qui nous suivront, il n’est ni responsable, ni moral, ni éthique de consommer à crédit. L’éthique, même à contre-courant de la pensée « progressiste », doit s’imposer là où les développements économiques et financiers à court et moyen termes, imposent sans vergogne, des objectifs contraires aux capacités de la planète « terre » et de ses habitants. L’activité humaine a déjà des conséquences climatiques désastreuses, mais, sans politique de décroissance démographique, réfléchie et planifiée au niveau de la planète, on court à une catastrophe encore plus sévère pour les « homo sapiens », devenus trop nombreux sur la planète. L’ONU a une responsabilité incontournable dans la mise en place d’une politique à l’échelle mondiale en ce domaine. Cela ne peut plus attendre !

Y a-t-il besoin d’envisager qu’en absence de toute politique adéquate, en 2050, on compterait plus de 10 milliards d’êtres humains sur notre planète, inégalement dispersés ! Relevons aussi que les plus gros accroissements de population, d’ici 2050, sont attendus en Afrique qui passerait de 1,7 milliard d’habitants actuellement, à environ 4,4 milliards. L’Asie et l’Amérique du Sud et Centrale connaîtraient également une croissance démographique importante.

Il est urgent de conscientiser nos contemporains, où qu’ils se trouvent sur notre planète, de l’énormité de ce problème démographique et de mettre en place des mesures conduisant à une réduction de la natalité, puisqu’avec près de 7 milliards d’habitants, aujourd’hui, nous arrivons déjà « trop court » dès le mois d’août. Dès lors, définir, comme objectif sur 4 à 6 générations, avec l’aide de démographes chevronnés, de revenir en dessous de la barre des 4 milliards d’êtres humains sur terre, constituerait, pour notre génération, un acte responsable et respectueux des générations qui nous suivront et un objectif salutaire indispensable pour leur bien-être, voire même leur survie paisible ! Il ne faut pas perdre de vue, avec humilité et sagesse, que, sur notre planète, chaque être humain n’est qu’un maillon de la transmission d’une vie qui est lentement et constamment en évolution. Chaque individu, durant quelques dizaines d’années, aura eu la chance ou la malchance d’être « locataire sur la terre« , dans des lieux et avec des moyens répartis de manière très inégale.

Pour une parentalité responsable

On connait, à présent, les limites des ressources planétaires. On connait aussi les conséquences dramatiques des activités économiques et industrielles débridées. Des traditions et des us et coutumes imposent des tabous culturels et sociaux de plus en plus surannés. L’enracinement dans des traditions séculaires, avec des diktats religieux dogmatiques, archaïques et anachroniques, constituent un obstacle à franchir par la voie de la raison et de la sagesse. En outre, les politiques locales, régionales ou même continentales « du chacun pour soi » , là même où la solidarité à l’échelle de la planète doit s’imposer dans l’urgence climatique ET démographique, il est devenu indispensable de mener une politique programmée de décroissance démographique qui permette d’assurer aux nouveau-nés une qualité de vie plus conforme à la Charte Universelle des Droits de l’Homme. Pour y arriver, il faut briser ces interdits culturels ou religieux, en visant à déculpabiliser la recherche du plaisir sexuel sans lien avec la procréation : les progrès scientifiques des 60 dernières années et les moyens techniques qui en ont découlés, (contraception tant hormonale que physique) permettent d’atteindre cet objectif, …mais encore faut-il le vouloir …sans tabous !

En parallèle, il faudra aussi éduquer et former les futurs parents, à une « parentalité responsable : « faire un enfant » est, le plus souvent, facile. Sans ignorer « l’instinct de maternité ou de paternité, ces parents ont-ils les moyens tant humains que matériels, de le nourrir, de l’héberger dignement, de l’éduquer, de lui offrir une scolarité adéquate et des soins de santé appropriés, de l’orienter vers un métier valorisant, pour que cet enfant devenu jeune adulte, puisse, à son tour, jouer son rôle actif dans la société et bénéficier en retour, de ses avancées technologiques et sociétales, qui agrémentent et facilitent la vie sur terre, à la recherche d’une meilleure qualité de contacts sociaux riches en émotions. A cet égard, il est indispensable d’adapter l’endoctrinement et l’éducation des jeunes aux réalités des découvertes scientifiques et à faire preuve d’esprit critique. Sans mépris pour l’Histoire de nos civilisations, à présent, Il est primordial d’offrir aux jeunes générations un cadre de vie et de relations nettement plus en phase avec les progrès scientifiques et technologiques dont tous devraient profiter. Si les multiples religions ont pu, dans l’Histoire passée, remédier à des situations posant question, les réponses qu’elles ont données ont été sources d’ostracisme, de conflits, de barbaries, de tueries, … Ceci est d’autant plus inexcusable aujourd’hui, si on reconnait, après mûre réflexion, que l’essentiel, pour un locataire sur cette planète, est de vivre collectivement en bonne harmonie avec ses contemporains, surtout ceux qui lui sont proches. Le devoir de chacun est de contribuer au bien-être et au progrès collectifs selon ses capacités, son expérience et sa santé.

Si la Chine a été sévèrement critiquée pour sa politique « un enfant par couple », il s’avère aujourd’hui, malgré les imperfections de sa mise en place (notamment le déséquilibre des genres par la « disparition » de nouveaux nés de sexe féminin), que cette politique fut inéluctable pour amorcer de manière responsable, la décroissance démographique en Chine.

C’est une politique équivalente qui doit être abordée à présent au niveau mondial pour que les ressources disponibles sur la « planète terre », soient équitablement partagées ente un nombre d’habitants en décroissance programmée vu la capacité limitée de notre planète. En ce domaine, l’intérêt collectif doit s’imposer sur la liberté individuelle : il y va de la survie de l’espèce humaine !

Michel Lesne, Professeur ordinaire honoraire à la Faculté de médecine de l’UCL et Professeur invité de nombreuses Universités étrangères (Laval et Montréal).

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