Une adolescente et son bébé de 15 mois à Monrovia © AFP

Dans le sillage d’Ebola, l’insidieuse épidémie de viol

Le Vif

L’épidémie d’Ebola a entraîné dans son sillage une vague de viols et violence envers les jeunes filles et les femmes. Au point que les grossesses d’adolescentes ont pratiquement doublé.

Près de 30.000 personnes auront été touchées par le virus Ebola. On ne sait, par contre, pas combien de personnes ont été agressées sexuellement. Le sujet est resté longtemps ignoré et ce n’est que récemment que l’on a appris que les grossesses adolescentes ont doublé durant l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest. Dans certaines régions de Sierra Leone, ce taux a même atteint une hausse de 65%, selon des chiffres repris par le site Slate. Des chiffres effrayants qui ne pourraient être qu’un pâle reflet de la réalité puisque les victimes ne vont que rarement signaler leur agression.

Le lien entre l’épidémie et la vague de viols pourrait surprendre, mais s’explique pourtant facilement selon Monica Onyango, chercheuse en santé mondiale à l’Université de Boston interviewé par Slate : « les épidémies sont identiques à des situations de conflit. Vous avez une lacune de gouvernance, vous avez du chaos et de l’instabilité. Autant de facteurs qui fragilisent les femmes face à la violence sexo-spécifique. »

Les cas sont en effet nombreux, bien qu’encore trop peu documentés. Ce qui semble être établi, c’est que le confinement qu’ont entraîné l’épidémie et la quarantaine explique la hausse des agressions sexuelles. Notamment par le fait que les hommes soient assignés à résidence alors qu’ils avaient l’habitude de vivre leur vie en extérieur. En Sierra Leone, par exemple, il semble que la plupart des agressions ont eu lieu en quarantaine.

Il y a aussi les orphelines qui se prostituent pour survivre, ou celles qui se marient avec des hommes beaucoup plus âgés pour se mettre à l’abri. Enfin, d’autres filles ne peuvent plus se permettre d’aller à l’école et travaillent. Ce qui les expose davantage aux agressions sexuelles.

Cette épidémie de grossesse adolescente est d’autant plus dramatique que les jeunes filles enceintes se font, dans la plupart de ces pays, éjecter du système scolaire. De quoi creuser encore l’écart.

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