Personnes fuyant les combats entre les Forces démocratiques syriennes et les combattants du groupe de l'EI (archives) © Reuters

Dans l’est de la Syrie, l’EI acculé dans 4 km2

Le Vif

Le groupe Etat islamique (EI) est désormais acculé dans un territoire de quatre kilomètres carrés dans l’est de la Syrie, a annoncé lundi une alliance arabo-kurde qui prépare un nouvel assaut contre les jihadistes.

Poussés dans leurs derniers retranchements, d’irréductibles combattants de l’EI ainsi que leurs chefs luttent pour défendre les maigres restes d’un « califat » qui s’étendait autrefois sur de vastes territoires en Syrie et en Irak.

En septembre, les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont lancé, avec le soutien d’une coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington, leur offensive contre l’ultime réduit de l’EI dans l’est de la Syrie en guerre.

Au fil des mois, ils ont conquis l’écrasante majorité de ce bastion de l’EI, près de la frontière avec l’Irak.

Les jihadistes ne tiennent plus aujourd’hui qu’une poignée de hameaux et de terres agricoles ainsi qu’un petit carré dans le village de Baghouz.

« Géographiquement parlant, il ne reste que quatre kilomètres carrés sous le contrôle de l’EI, de Baghouz en allant vers la frontière irakienne », a indiqué Heval Roni, chef des opérations des FDS dans le secteur, à une équipe de l’AFP présente près de la zone des combats.

« De hauts dirigeants de l’EI sont toujours présents » dans ce dernier réduit, a ajouté ce commandant depuis Soussa, localité arrachée aux jihadistes à la mi-janvier. D’après lui, ces jihadistes de premier rang seraient « majoritairement irakiens ».

« Nous n’avons rien entendu à propos d’Abou Bakr al-Baghdadi », a souligné M. Roni, alors que le sort du chef de l’EI demeure un mystère. Donné pour mort à plusieurs reprises, un message audio lui étant attribué avait été diffusé en août dernier sur la messagerie Telegram via des comptes pro-EI.

Assaut final proche

Depuis septembre, plus de 1.200 jihadistes de l’EI et plus de 600 combattants de l’alliance kurdo-arabe ont été tués dans les affrontements dans cette zone de l’est de la Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Au moins 400 civils, dont 144 enfants ont en outre péri, d’après la même source.

« Nous nous attendons à ce que l’assaut final débute prochainement, après la fin des préparatifs nécessaires », a affirmé Heval Roni.

La lutte contre l’EI illustre la complexité de la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011 et a fait plus de 360.000 morts.

Déclenché avec la répression par le régime du président syrien Bachar al-Assad de manifestations prodémocratie, le conflit s’est complexifié au fil des ans avec l’implication de puissances étrangères et de groupes jihadistes sur un territoire morcelé.

Dans un entretien exclusif à l’AFP le 24 janvier, le commandant en chef des FDS Mazloum Kobani avait récemment estimé que ses hommes auraient encore besoin d’un mois pour « éliminer ce qu’il reste de l’EI ».

Mettant en avant cette défaite attendue, le président américain Donald Trump avait annoncé en décembre le retrait à venir des quelque 2.000 soldats déployés en Syrie pour épauler les FDS dans leur combat.

Attaques kamikazes

Mais malgré leur mise en déroute, les jihadistes de l’EI continuent de prouver leur capacité de nuisance. Ils lancent régulièrement des attaques suicide contre les FDS pour tenter de freiner leur avancée.

En janvier, ils ont aussi revendiqué deux attentats meurtriers en moins d’une semaine contre des troupes américaines de la coalition et leurs alliés syriens.

Dans l’est de la Syrie, les jihadistes de l’EI contrôlaient des localités et des villages densément peuplés.

Après avoir perdu la quasi-totalité de ce secteur, l’EI n’a plus que des combattants dispersés dans le vaste désert syrien qui s’étend du centre du pays à la province de Deir Ezzor. Là, les jihadistes ne contrôlent aucun regroupement urbain et des affrontements sporadiques les opposent parfois aux forces du régime.

Pour le commandant Heval Roni, même si l’EI perdra prochainement tout contrôle géographique en Syrie, il n’en restera pas moins dangereux.

Selon des experts, l’EI a entamé sa mue en organisation clandestine en se cachant dans le désert ou en développant des « cellules dormantes » dans les territoires qu’il a perdus mais où il continue d’avoir des partisans. « Ils essayent d’en finir avec Al-Qaïda depuis 20 ans, et ils n’ont pas réussi. Ce sera la même chose avec l’EI », a mis en garde le commandant Roni.

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