Daniel Coats, l’homme qui contredit Trump en tout

Daniel Coats, directeur du renseignement national, a remis un rapport sur les  » menaces mondiales ». Fait surprenant, il s’oppose à Trump sur à peu près chaque crise ou défi majeur. C’est aussi un signe flagrant du malaise qui règne dans l’establishment américain vis-à-vis de la politique de Trump.

Lorsque Trump annonce son intention de retirer toutes les troupes américaines de Syrie, son retrait de l’accord nucléaire iranien ou lorsqu’il se rapproche du dictateur nord-coréen Kim Jong, les réactions interloquées vont fuser de partout dans le monde. Une stupéfaction généralisée qui va pourtant laisser de marbre le commandant en chef à Washington. S’il peut snober les critiques de ses alliés et autres partenaires à l’international, il n’est pas dit qu’il pourra en faire de même en interne. La fronde commence à sérieusement gronder, avec Daniel Coats, directeur du renseignement national , en figure de proue. C’est simple, dans son dernier rapport sur les menaces mondiales, il est en désaccord avec Trump sur presque tous les sujets.

L’évaluation annuelle des menaces mondiales fait l’objet d’un rapport de 42 pages publié par le directeur du renseignement national Daniel Coats. Il est rédigé avec l’aide de la CIA, du NSA et des Services de renseignement militaires.

Etat islamique

Au sujet de l’Etat islamique que Trump a annoncé comme vaincu , il déclare que « le groupe avait effectivement subi des pertes territoriales et des pertes importantes de dirigeants, mais que sa portée est encore mondiale. L’EI comprend huit branches et plus d’une douzaine de réseaux avec des milliers de disciples dispersés dans le monde ». Les Nations Unies vont dans son sens puisqu’ils estiment que jusqu’à 30 000 partisans de l’État islamique pourraient encore se trouver en Irak et en Syrie.

Iran

L’incompréhension domine aussi au sujet de l’Iran. Sous Trump, l’Amérique s’est retirée de l’accord nucléaire avec Téhéran. Dans son rapport, Coats donne pourtant crédit aux analyses selon lesquelles l’Iran ne cherche pas à fabriquer une arme nucléaire. Il contredit en cela Trump qui disait, en mai dernier, que l’Iran cherchait à se procurer des armes nucléaires. Il s’oppose aussi au ministre des Affaires étrangères, Mike Pompeo, et au conseiller à la sécurité nationale John Bolton qui soutiennent que l’Iran est la plus grande menace terroriste au monde.

Corée du Nord

Le chef des espions mouche aussi les affirmations de Trump sur la Corée du Nord. Pour lui, le président s’est montré trop optimiste au sujet de la dénucléarisation. « La Corée du Nord conserve ses capacités en matière d’armes de destruction massive. Il est peu probable qu’elle abandonne tous ses stocks, ses systèmes de lancements et ses capacités de production. Les dirigeants nord-coréens considèrent les armes nucléaires comme essentielles à la survie du régime », peut-on lire.

La bromance avec la Russie

L’homme prévient aussi depuis longtemps qu’il faut se méfier de la Russie, car de nombreux éléments tendent à montrer que les Russes tentent de saboter d’importants secteurs de l’infrastructure américaine, notamment l’aviation, l’eau et l’énergie. Et qu’ils comptent bien à nouveau se mêler des élections de 2020. La venue de Poutine à la Maison-Blanche, annoncée pour cette année, a donc estomaqué Daniel Coats.

Changement climatique

Même sur la météo, ils ne sont pas d’accord. Alors qu’un vague de froid frappe une partie des États-Unis, Trump, climatosceptique, blague sur le réchauffement climatique. « Qu’est-ce qui ne va pas avec le réchauffement climatique ? Revenez vite, on a besoin de vous ! »

Sur ce point aussi le rapport de Dan Coats, le contredit : « Les conditions météorologiques extrêmes et le réchauffement climatique sont une menace majeure pour les infrastructures, la santé et l’accès à la nourriture et à l’eau potable. »

Trump a évacué tout cela d’une pichenette en annonçant qu’il « n’est pas sûr d’être d’accord avec ces allégations. »