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Damas nie utiliser un « crématorium »

Le Vif

Les pourparlers de paix sur la Syrie ont repris mardi à l’ONU tandis que Damas a nié avoir recours à un « crématorium » pour faire disparaître les restes de milliers de prisonniers assassinés, une accusation portée la veille par Washington.

Cinq séries de pourparlers indirects – les deux délégations refusant de se parler face-à-face – ont déjà été organisées depuis 2016 sur les bords du lac Léman par l’envoyé spécial de l’ONU, Staffan de Mistura, sans résultat.

Après s’être entretenu mardi matin avec la délégation du régime, conduite par l’ambassadeur syrien aux Nations unies, Bachar al-Jaafari, le médiateur a rencontré dans l’après-midi les représentants de l’opposition, réunis au sein du Haut comité des négociations (HCN) siégeant à Ryad et dirigés par Nasr al-Hariri et Mohammad Sabra.

Le diplomate italo-suédois a prévu des discussions plus actives qu’au cours des précédents cycles de pourparlers et plusieurs sessions par jour.

Il a ainsi demandé à rencontrer à nouveau dans la soirée les deux délégations.

Auparavant, le médiateur avait rencontré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, venu spécialement à Genève.

« Ils ont échangé leurs opinions sur l’état actuel et les perspectives du règlement politique en Syrie en prenant en considération les derniers contacts politiques ayant eu lieu sous différents formats, en particulier, sous celui du processus d’Astana », a affirmé le ministère russe des Affaires étrangères à Moscou.

Ensemble, ils ont souligné qu’il est « essentiel que les acteurs clés fassent de nouveaux efforts, afin avant tout de renforcer le régime de désescalade et d’augmenter la livraison d’aide humanitaire à la population syrienne », selon le ministère.

La Russie et l’Iran, alliés du régime syrien, et la Turquie, soutien des rebelles, organisent depuis janvier à Astana, capitale du Kazakhstan, des pourparlers parallèles avec les parties syriennes, axés sur la sécurité. Le 4 mai, ils ont signé un important accord qui prévoit de créer des « zones de désescalade » en Syrie pour limiter l’effusion de sang.

L’ambassadeur Jaafari a de son côté eu également un entretien dans l’après-midi avec le vice-ministre russe Gatilov, selon l’agence syrienne Sana.

En six ans, la guerre a causé la mort de plus de 320.000 personnes et chassé plus de la moitié des Syriens de leur foyer.

– Atrocités –

Elle a également été émaillée d’atrocités: massacres de civils, armes chimiques, etc. Dernière horreur en date: les Etats-Unis ont accusé lundi le régime de Damas d’avoir brûlé dans un « crématorium » une partie des milliers de prisonniers assassinés ces dernières années et exhorté la Russie à faire pression sur son allié pour faire cesser ces « meurtres de masse ».

Ces allégations relaient un rapport, photos satellites à l’appui, qu’avait publié en février Amnesty International. Cette organisation de défense des droits de l’Homme affirmait que le régime avait fait pendre 13.000 personnes entre 2011 et 2015 dans cette prison de Saydnaya et dénonçait une « politique d’extermination », parlant de « crimes de guerre et crimes contre l’humanité ».

Le régime syrien a rejeté en bloc les accusations américaines.

« Ces allégations sont totalement infondées, elles ne sont que le produit de l’imagination de cette administration et de ses agents », a déclaré mardi le ministère syrien des Affaires étrangères à l’agence Sana.

Salem al-Meslet, porte-parole du HCN, a réclamé pour sa part une « action » de la communauté internationale.

« Les Américains savent ce qui se passe en Syrie maintenant. Il faut une action des Etats-Unis, de nos amis, pour sauver des vies », a-t-il dit à l’AFP, tandis que la France a réclamé une « enquête internationale ».

– Genève éclipsé par Astana –

Pendant les négociations en février, Staffan de Mistura est parvenu pour la première fois à faire accepter par les parties un ordre du jour comprenant quatre sujets: la lutte contre le terrorisme, la gouvernance (terme flou pour évoquer une transition politique), une nouvelle Constitution et l’organisation d’élections. Mais depuis, aucune avancée n’a été enregistrée.

L’opposition ne cesse de réclamer le départ du président Bachar al-Assad, ce que Damas refuse.

Les négociations de Genève sont de plus en plus éclipsées par les pourparlers d’Astana et par les défaites militaires des rebelles.

Une « désescalade » ne peut intervenir « sans un horizon politique », a affirmé M. De Mistura. « Nous travaillons en tandem », a-t-il ajouté, évoquant Astana et Genève.

Le président syrien a dénigré ces négociations à l’ONU, jugeant qu' »il s’agit principalement d’une rencontre pour les médias ».

Mais pourquoi enverrait-il dans ce cas une délégation de « 15 à 18 personnes » à Genève, a répondu M. De Mistura.

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