" Il est mort comme un chien ", a commenté Donald Trump lors de l'annonce de la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi. © GETTY IMAGES

Daech, le feu sous la cendre

La mort du  » calife  » de l’Etat islamique ne signe pas l’éradication de son idéologie mortifère. Les causes de son avènement sont toujours présentes.

 » Il est mort comme un chien  » : c’est avec ce langage de western que le président Trump a annoncé la mort de Abou Bakr al-Baghdadi, survenue le 27 octobre au nord-ouest de la Syrie. Alors que des forces spéciales américaines menaient une opération contre son QG proche de la frontière turque, le calife autoproclamé de l’Etat islamique (ou Daech) s’est fait exploser alors qu’il s’était terré dans un tunnel. Le chef djihadiste avait déjà dû se résoudre en 2017 à la chute de sa capitale Raqqa, reprise par les forces arabo-kurdes soutenues par les Etats-Unis.

Game over ? Pas si vite. Si Daech a été vaincu, les causes qui ont mené à son avènement sont toujours d’actualité : sectarisme religieux, manque de perspectives, injustices, corruption, trafics d’armes… Sur 80 000 combattants à l’apogée de l’Etat islamique, 11 000 circuleraient encore en Irak. Et dès que les Occidentaux auront le dos tourné, ils pourraient à nouveau s’emparer de localités. Un peu plus de 20 000 combattants se seraient redéployés sur d’autres terres du djihad comme la Libye, le Sahel, l’Indonésie… Moins d’une semaine après la mort du calife, au Mali, Daech revendiquait l’attaque menée par un commando contre un camp militaire (49 morts).

 » Depuis quarante ans, l’hydre djihadiste n’a jamais faibli, au contraire, explique le chercheur Sébastien Boussois, auteur de Daech, la suite (éd. de l’Aube, 240 p.). Peu importe le chef, l’idéologie le dépasse largement et est diffusée mondialement. Les franchisés sont nombreux.  » Les étrangers formaient près de la moitié des combattants de Daech en Irak et en Syrie.  » Jusqu’en 2015, nous étions sur des profils jeunes, en crise identitaire, issus de l’immigration. Nous évoluons vers un spectre plus large et de moins en moins identifiable en amont : des profils de convertis, des catégories favorisées, mais également des mineurs et des femmes fortement idéologisées.  »

En cette fin d’année, plus de 10 000 combattants de Daech sont encore détenus par les Forces démocratiques syriennes, dans le nord de la Syrie. D’après le général Saad al-Allaq, chef de l’espionnage irakien, les  » émirs  » de Daech élaboraient des plans pour prendre d’assaut les prisons et permettre leur fuite. Pour l’heure, l’Europe préfère que ses ressortissants soient jugés sur place. Elle se prive ainsi d’un moyen de mieux les contrôler, ainsi que leurs familles.

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