Crash aérien: l’un des deux pilotes était coincé hors du cockpit

L’un des deux pilotes de l’Airbus A320 allemand qui s’est écrasé dans les Alpes françaises a quitté le cockpit et n’a pas pu y retourner, selon les enregistrements sonores récupérés par les enquêteurs, a indiqué à l’AFP une source proche de l’enquête.

« Au début du vol, on entend l’équipage parler normalement, puis on entend le bruit d’un des sièges qui recule, une porte qui s’ouvre et se referme, des bruits indiquant qu’on retape à la porte, et il n’y a plus de conversation à ce moment-là jusqu’au crash », a déclaré cette source qui a eu connaissance de la teneur des enregistrements, confirmant une information du New York Times parue dans la nuit de mercredi à jeudi.

Les deux pilotes s’exprimaient en allemand. Et, à la fin du vol, les alarmes indiquant la proximité du sol retentissent, a indiqué cette même source, qui n’était pas en mesure de dire si c’est le commandant de bord ou le copilote qui avait quitté la cabine de pilotage.

Une autre source proche du dossier a indiqué à l’AFP que le copilote était entré « récemment dans la compagnie » allemande Germanwings (filiale low cost de Lufthansa), « fin 2013, avec à son actif quelques centaines d’heures de vol ». Une autre source évoque « 300 heures de vol ».

Sa nationalité n’est par ailleurs pas connue avec précision, ont déclaré ces sources proches du dossier.

Ces informations proviennent de l’audition par les enquêteurs de la « boîte noire » enregistrant les sons dans le cockpit. Le Cockpit Voice Recorder (CVR) avait été retrouvé mardi quelques heures après l’accident et sa lecture a été effectuée mercredi en fin de journée.

Le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), chargé de décrypter la « boîte noire », n’était pas en mesure d’infirmer ou de confirmer ces informations.

Germanwings avait de son côté indiqué que le commandant de bord était très expérimenté: il avait plus de 10 ans d’expérience et plus de 6.000 heures de vol à son actif.

L’A320 de la compagnie allemande, qui devait relier Barcelone (Espagne) à Düsseldorf (Allemagne), s’est écrasé mardi dans le sud des Alpes françaises avec 144 passagers à bord, en majorité allemands et espagnols, et six membres d’équipage.

Mercredi, le BEA avait écarté la piste d’une explosion de l’avion en vol, indiquant que l’appareil avait volé jusqu’au bout.

Dans le déroulement des faits, le dernier message radio au contrôle à Marseille a été enregistré à 09h30 GMT, le début de descente de l’appareil a commencé une minute plus tard et la dernière position radar a été enregistrée à 09h40 GMT, avait indiqué le BEA.

Pendant ces dix minutes, la trajectoire de l’avion a été rectiligne. Il est descendu à une vitesse modérée de 3.000 pieds par minute, quelque 1.000 mètres par minute, ce qui ne correspond ni à un avion en décrochage, ni à un avion en descente d’urgence avec une panne grave.

Se diriger tout droit en direction des montagnes ne correspond toutefois pas à une action rationnelle de la part de pilotes professionnels, avaient expliqué mercredi plusieurs experts aéronautiques et commandants de bord interrogés par l’AFP.

« Si les pilotes n’ont pas empêché l’avion d’aller s’écraser contre les montagnes, c’est que soit ils étaient inconscients ou morts, soit ils ont décidé de mourir, soit on les a obligés à mourir », avait résumé un des experts.

Parmi les hypothèses désormais envisageables, il y a le cas du pilote aux commandes qui se suicide ou qui conduit volontairement l’appareil au crash pour une cause inconnue.

Nettement moins probable est celle du pilote qui aurait eu un malaise alors que son collègue n’était plus dans la cabine de pilotage, dans la mesure où il y a eu une action volontaire pour faire voler l’avion à une altitude plus basse menant droit sur la montagne.

Après les attentats du 11 septembre 2001, la protection du cockpit des avions de ligne a été renforcée. L’ordre d’ouvrir le cockpit ne provient aujourd’hui que de l’intérieur et est donné par les pilotes.

Dans l’histoire aéronautique, des cas de pilotes qui se sont suicidés existent, notamment fin 2013 lors du vol de Mozambique Airlines qui s’est écrasé en Namibie, de Silk Air en 1997 et d’Egyptair en 1999, même si les autorités indonésiennes et égyptiennes ont contesté la conclusion de l’enquête.

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