Le Président du Venezuela Nicolàs Maduro © REUTERS

Coupures d’électricité, semaine de deux jours: les mesures drastiques du Venezuela face à la crise énergétique

Stagiaire Le Vif

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé mardi une nouvelle salve de mesures pour tenter de réduire la consommation d’énergie dans le pays. Les fonctionnaires ne travailleront désormais que deux jours sur la semaine. Le pays affronte une grave crise énergétique qui s’ajoute aux tensions économiques et politiques. L’opposition demande notamment un référendum contre le président.

Le Conseil national électoral (CNE) du Venezuela a approuvé hier la demande faite par l’opposition d’entamer une procédure dont l’objectif à terme est la tenue d’un référendum contre le Président Nicolàs Maduro. Une décision qui intervient dans un contexte déjà difficile de crise économique et énergétique qui a obligé le gouvernement à prendre des mesures inédites.

Pour les adversaires de Nicolas Maduro, ce n’est que la première étape d’un processus qui s’annonce compliqué. En effet, une pétition initiale devra dans un premier temps rassembler près de 200.000 signatures, afin de lancer une deuxième procédure. Une nouvelle pétition devra ensuite récolter près de 4 millions de signatures pour avaliser l’organisation d’un référendum. Dans l’hypothèse où ce référendum est validé, la motion contre Nicolàs Maduro devrait dépasser 7,6 millions de voix pour passer, soit le nombre de votes que l’actuel Président a obtenu lors de son élection en 2013.

L’opposition, incarnée par une coalition appelée la « Table de l’Unité Démocratique », a remporté la majorité aux dernières élections parlementaires et semble déterminée à imposer une pression maximale sur celui qui a succédé à Hugo Chavez.

Le Secrétaire Général de l’Organisation des Etats Américains (OEA), une organisation internationale dont font partis tous les pays d’Amérique du Nord et du Sud, a déclaré sur Twitter sa satisfaction à propos de la décision du Conseil électoral. Ce qui fait dire aux pro-Maduro que la pression vient aussi de l’étranger. « L’OEA est devenue le Ministère de la Domination des Etats-Unis sur notre peuple », dénonce Hector Rodriguez, un député vénézuélien, au micro de la chaine de télévision panaméricaine TeleSur.

Une triple crise

La décision du conseil électoral tombe alors que le pays traverse une situation difficile. Tout d’abord, la chute des cours du brut qui sévit depuis 2014 a asséché les finances d’un pays ayant développé une extrême dépendance à ses revenus pétroliers. Le pays, qui est assis sur les plus larges réserves de brut au monde, tire 96% de ses revenus de l’exportation de l’or noir, et les réformes mises en place depuis l’ère Chavez en dépendent cruellement.

Mais le pays se retrouve également asséché au sens propre du terme. Le phénomène météorologique El Nino a provoqué une vague de sécheresse, tarissant notamment plusieurs réservoirs d’eaux importants du pays, et provoquant ainsi des répercussions en cascade. L’usine hydroélectrique de Guri Dam, qui fournit normalement 70% des besoins du pays, ne peut plus tourner à plein régime, provoquant ainsi une pénurie généralisé d’électricité.

En réaction, Nicolas Maduro a ordonné mardi que les fonctionnaires ne travaillent désormais plus que deux jours par semaine. « Mercredi, jeudi et vendredi seront chômés dans le secteur public, à l’exception des tâches fondamentales et nécessaires », a déclaré le vice-président Aristobulo Isturiz, précisant que les classes seraient également suspendues le vendredi pour les écoliers, de la maternelle au lycée.

Cette mesure suit la décision prise la semaine dernière de couper l’arrivée en électricité 4h par jours durant 40 jours dans les dix états les plus peuplés du pays, à l’exception de la capitale Caracas et ses près de 5 millions d’habitants.

Les pénuries de produits de première nécessité provoquées par la crise rendent la situation encore plus difficile pour les citoyens, qui ont dû faire face à une inflation de 180% en 2015. En 2014, des mouvements de protestation liés à ces pénuries avaient déjà secoué le pays. Ils avaient fait 40 morts.

Arthur Sente (stg.), avec AFP

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