© Reuters

Costa Concordia : portrait de deux plongeurs volontaires

Une équipe de dix plongeurs volontaires aide les pompiers à rechercher les disparus du naufrage du Costa Concordia, le 13 janvier. Parmi eux, les deux pères de famille Marco et Dario se sont joints aux secours.

Marco et Dario, pères de famille d’une quarantaine d’années, ont les traits tirés par la fatigue: ils font partie d’une équipe de dix plongeurs volontaires qui aident les pompiers à rechercher les disparus du naufrage du Costa Concordia sur l’île du Giglio. 16 personnes sont toujours portées disparues, plus de 10 jours après les faits.

Pourquoi ont-ils quitté leur famille pour venir dans cet enfer ? « C’est une chose que chacun d’entre nous sent en lui : la passion de la mer, la volonté d’aider les autres… on ne peut pas faire autrement ! » explique Marco De Lorenzi, 46 ans, membre d’un club de plongée de Cervia près de Ravenne (nord).

« C’est la première fois que je suis sur une opération aussi importante, mais j’avais participé aux secours au moment du séisme de L’Aquila » (300 morts en avril 2009), raconte cet homme au visage rubicond, qui dans le civil est attaché de presse d’une entreprise. Accoudé tel un vieux loup de mer au comptoir d’un bar du port, Marco est loin d’être novice : « Souvent, comme nous habitons une ville en bord de mer, nous participons à des opérations de secours, notamment lors de cas de noyades pour retrouver les corps ».

Une situation « tragique »

Ce qui ne l’a pas empêché d’être frappé par « le caractère tragique de la situation, surtout en voyant la zone de la poupe éventrée ». Un sentiment partagé par son collègue Dario Fantini, qui hoche la tête pour l’approuver tout en sirotant son café brûlant.

Une situation qui ne laisse pas non plus indifférents la compagne et le fils de Marco : « Ils sont un peu inquiets et suivent eux aussi l’affaire de très près, mais ils savent que je rentre samedi prochain après une mission d’une semaine ». Dario, le visage buriné par les éléments, est lui aussi attendu avec impatience à Cesena (centre) par sa femme et ses deux enfants : Gaïa, 18 ans, et Andrea, 13 ans, qu’il appelle « au moins une fois par jour ».

Mais il n’est pas venu au Giglio à contrecoeur : « C’est un engagement que j’ai pris il y a des années quand j’ai commencé à participer aux opérations de la Protection civile, animé avant tout par la passion », souligne-t-il. « C’est un moyen de rendre quelque chose à notre pays qui nous a tant donné mais qui de temps à autre est frappé par ce genre de malheurs », affirme cet électronicien de 48 ans, qui connaît d’autant mieux l’île qu’il y vient depuis 25 ans en vacances.

« On se doit d’être aussi bons que les professionnels »

« L’arrivée sur l’île est complètement modifiée avec ce géant de métal couché sur le flanc comme s’il était blessé : c’est quelque chose qui frappe les esprits, même si on cherche à ne pas être trop impliqués émotionnellement », confie-t-il. Il n’a pas hésité un instant à laisser son travail pour venir sur l’île : « En Italie, il existe des lois qui permettent aux volontaires d’intervenir en urgence et de quitter leur poste de travail », explique-t-il.

« Pour ce qui concerne la charge de la mission, la fatigue, le stress, nous sommes récompensés par notre présence ici », ajoute Dario dans un sourire, engoncé dans son pesant uniforme bleu marine et jaune fluo orné d’un écusson aux couleurs du drapeau italien.
Sa venue ici n’est pas due au hasard : depuis des années, il s’entraîne au moins une fois par semaine avec son club de plongée. Lui-même maître-instructeur de la FIAS (fédération italienne des activités sous-marines), il a organisé l’an dernier un cours de formation pour 300 volontaires. »C’est un engagement très sérieux », affirme-t-il, « on se doit d’être au moins aussi bons que les plongeurs professionnels ».

Le Vif.be, avec L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire