A Milan, Italie. © Reuters

Coronavirus : le monde proche du point de basculement

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

La Corée du Sud est en alerte rouge, l’Iran a fermé ses frontières et une partie de l’Italie du Nord est en confinement. Près de 80.000 personnes ont été contaminées par le coronavirus. Le Covid-19 continue de se propager malgré des mesures drastiques mises en place. Le monde est de plus en plus proche du point de basculement vers une pandémie, selon les experts.

Certains des pays les plus touchés par le virus s’efforcent d’enrayer sa progression deux jours après que Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ait déclaré que la communauté internationale devait agir rapidement avant que la « fenêtre d’opportunité » ne se referme complètement, affirme le Guardian.

Avec près de 80.000 cas de Covid-19 confirmés dans le monde, les experts estiment que la situation atteindra bientôt un seuil critique.

Le nord de l’Italie en confinement

A Venise, le carnaval a été annulé.
A Venise, le carnaval a été annulé.© Belga

Dans 11 villes du nord de l’Italie, 50.000 personnes ont été enfermées depuis vendredi soir, la police patrouillant dans les rues et des amendes étant imposées à toute personne surprise à entrer ou à quitter les zones d’épidémie. Quatre personnes sont mortes du virus en Italie depuis vendredi et plus de 150 cas ont été signalés, la plupart dans la petite ville de Codogno, à environ 60 km au sud-est de Milan.

Le Dr Robin Thompson, chercheur en épidémiologie mathématique à l’Université d’Oxford, a souligné que le nombre de cas en Italie avait doublé entre vendredi et samedi. « C’est une étape importante de l’épidémie de coronavirus », a-t-il déclaré. « L’isolement rapide des cas, même bénins, dans les zones touchées est important pour prévenir une transmission importante de personne à personne en Europe. Il est essentiel que les directives de santé publique soient suivies ».

La Corée du Sud en « alerte rouge »

Désinfection dans un marché de Deagu, en Corée du Sud.
Désinfection dans un marché de Deagu, en Corée du Sud.© Belga

Dimanche, le président de la Corée du Sud, Moon Jae-in, a placé le pays en « alerte rouge » après avoir annoncé un sixième décès et plus de 600 infections dans le pays.

Alors que le nombre de patients augmente dans le monde, certains groupes de virus n’ont pas montré de lien évident avec la Chine.

Paul Hunter, professeur en médecine à l’université d’East Anglia (Angleterre) et autorité anglaise en matière de nouvelle infection au coronavirus, a fait écho à l’avertissement de l’OMS et a déclaré que le temps nous était désormais compté pour tenter de contenir la maladie. « Le directeur général de l’OMS a parlé d’un rétrécissement de la fenêtre d’opportunité pour contrôler l’épidémie actuelle », a-t-il déclaré. Selon lui, les évènements des dernières 24 heures montrent que le point de basculement après lequel il sera impossible d’empêcher une pandémie mondiale est de plus en plus proche.

Selon M. Hunter, alors que le nombre de cas est en baisse en Chine, la maladie s’est propagée de manière préoccupante ailleurs. Il a ajouté que la recrudescence des cas en Corée du Sud avait été sans précédent jusqu’à présent dans l’épidémie : « L’identification d’un groupe de cas en Italie est une grande préoccupation pour l’Europe et nous pouvons nous attendre à ce que d’autres cas soient identifiés dans les prochains jours ».

Situation critique en Iran

A Téhéran, en Iran.
A Téhéran, en Iran.© Belga

M. Hunter a également déclaré que la situation en Iran pourrait avoir des implications majeures pour le Moyen-Orient. « Un autre problème avec les cas iraniens est l’ampleur des conflits armés dans la région », a-t-il déclaré.L’Iran a enregistré huit décès dus au virus. Il s’agit du plus grand nombre de victimes en dehors de la Chine. Les trois derniers décès signalés dimanche faisaient partie des 15 nouveaux cas confirmés, ce qui porte le nombre total d’infections à 43.

Le Pakistan a réagi en fermant sa frontière terrestre avec l’Iran, tandis que l’Afghanistan a déclaré qu’il suspendait ses voyages vers l’Iran « pour empêcher la propagation du nouveau coronavirus et protéger la population ». La Turquie a également fermé ses frontières et a déclaré qu’elle arrêterait les vols entrants, ajoutant que toutes les autoroutes et les chemins de fer à la frontière seraient fermés dès dimanche après-midi.

Un premier cas en Afghanistan

A Kaboul.
A Kaboul.© Reuters

Un premier cas de coronavirus a été détecté dans l’ouest de l’Afghanistan chez un patient arrivé récemment d’Iran, a annoncé le ministre de la Santé afghan qui a déclaré « l’état d’urgence » dans cette province frontalière de l’Iran. Le malade a été détecté parmi trois personnes suspectes dont les autorités avaient dit dimanche qu’elles revenaient de la ville de Qom en Iran. Seul l’un de ces trois cas s’est révélé positif après les tests, a précisé le ministre. Selon un communiqué du conseil de sécurité nationale afghan (NSC) diffusé dimanche, les autorités afghanes ont pris des mesures afin de « détecter et mettre en quarantaine tous cas probables à Kaboul et dans les provinces ». Le pays, très pauvre et plongé dans un conflit meurtrier depuis 40 ans, est cependant très mal équipé pour faire face à l’épidémie.

L’Afghanistan partage une frontière très poreuse avec l’Iran, souvent utilisée par les passeurs et pour la traite d’êtres humains. Des millions de réfugiés afghans vivent aujourd’hui dans le pays.

En Chine, les autorités font marche arrière

A Wuhan.
A Wuhan.© Belga

En Chine même, l’épidémie a fait encore 150 morts au cours des dernières 24 heures. Alors que les autorités se montraient ces derniers jours plus optimistes quant à l’évolution de la maladie, ce chiffre constitue une nette remontée du nombre de décès par rapport au chiffre annoncé la veille (97). Au total, près de 2.600 personnes ont succombé en Chine.

À Wuhan, la mairie a renoncé aux mesures d’allègement de quarantaine qu’elle avait elle-même annoncées quelques heures plus tôt.

Coupée du monde depuis exactement un mois, la ville de 11 millions d’habitants avait annoncé lundi matin que les non-résidents allaient pouvoir quitter la ville du centre du pays s’ils ne présentaient pas de symptômes de la maladie et n’avaient jamais été en contact avec des porteurs du virus. Quelques heures plus tard, la mairie a affirmé que cette décision était « invalidée » et que des sanctions étaient prises contre ceux qui avaient fait cette annonce « sans autorisation ».

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