Pour obtenir le logo du Patrimoine Mondial de l'Humanité, un site doit répondre aux critères définis par l'UNESCO depuis 1946 (voir encadré). © Istock

Connaissez-vous réellement l’UNESCO ?

Stagiaire Le Vif

« … un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO  »

Les images ont fait le tour du monde. En mai 2015, le groupe rebelle de lEtat Islamique prenait possession de Palmyre, l’une des villes antiques les mieux préservées du Moyen-Orient, au Nord-Est de la Syrie. Véritable joyau d’architecture bâti au premier siècle de notre ère, Palmyre souffre depuis lors de la colère des djihadistes, qui voient dans l’existence de ces vestiges une atteinte idéologique et religieuse à l’érection de leur « califat ». Des vestiges qui doivent donc être détruits, sans autre forme de procès, à grands coups d’explosifs et de barnum médiatique.

Au-delà de la colère suscitée au sein de la communauté internationale, impuissante, ces récents épisodes sont venus nous rappeler combien les héritages du passé restent vulnérables en cas de conflit. Palmyre n’est d’ailleurs pas la seule concernée. Selon l’UNESCO, qui recense depuis des décennies tout ce que notre patrimoine mondial compte d’inestimable, 47 autres endroits sur le globe sont actuellement en péril.

L’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture a eu fort à faire ces dernières années dans la préservation du patrimoine mondial, dont la pérennité n’a jamais paru aussi menacée qu’aujourd’hui, l’interminable conflit syrien en toile de fond. Tiraillée entre ses nombreux devoirs liés au développement et son rôle de porte-parole de la culture humaine, l’UNESCO est l’une des institutions les plus importantes sur l’échiquier mondial, mais jouit parfois d’un déficit de notoriété auprès du grand public. L’occasion d’une petite remise à niveau.

70 ans pour la paix

L’UNESCO est née au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, le 16 novembre 1945, par la signature d’un acte constitutif rassemblant 37 pays. Effective un an plus tard, l’organisation a traduit en ces termes son objectif principal ; « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations Unies reconnaît à tous les peuples. » Si elles n’étaient que 37 au tout début, 191 nations (plus 10 états associés) composent aujourd’hui l’UNESCO, dont les réunions se déroulent à son siège de Paris.

Chaque jour depuis sa création, l’UNESCO cherche « à apporter un peu de valeur ajoutée au fonctionnement de la communauté internationale. » Elle cumule ainsi plusieurs statuts allant du laboratoire d’idées à centre d’échange d’informations, en passant par catalyseur de coopération entre nations.

Sa mission est de contribuer à la construction de la paix, à la réduction de la pauvreté, au développement durable et au dialogue interculturel. Autant de programmes liés par un dénominateur commun ; l’éducation symbolisée par le programme l’Éducation pour tous (EPT). Il vise à faire de l’UNESCO le chef de file en matière d’éducation aux niveaux mondial et régional, tout en renforçant les systèmes d’enseignement dans un maximum de pays.

L’organisation oeuvre donc avec les gouvernements et dispose d’un réseau, unique au monde, composé de deux types de partenaires : d’un côté, 199 commissions nationales qui travaillent à maintenir un dialogue serein entre les autorités et la société civile ; de l’autre, des centres étiquetés UNESCO qui se font les intermédiaires de l’organisation en adaptant ses programmes à leurs pays respectifs.

Un pied dans la modernité

Après des décennies d’un fonctionnement un rien figé, 2009 marque un tournant pour l’UNESCO avec la nomination de Irina Bokova au poste de directrice générale. Fraichement élue, celle-ci annonce l’entame d’une profonde réforme pour améliorer la pertinence et la visibilité de l’institution. Un processus coupé court par les soubresauts de la crise financière.

Privée d’une importante part de son budget après le retrait des Etats-Unis, obligé de couper drastiquement dans ses dépenses, l’Association pour la paix va patiemment traverser les troubles en se serrant la ceinture. Aujourd’hui, l’UNESCO peut se vanter d’avoir atteint la majorité (70 sur 86) des recommandations de réforme demandées par Irina Bokova. Désormais, l’association a recentré son action sur des domaines précis et a obtenu les faveurs du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, pour mener à bien de nouvelles initiatives dans les domaines éducatif et scientifique.

En 2015, l’UNESCO a eu 70 ans. Un anniversaire marqué par le lancement d’un nouveau plan de communication, basé sur une meilleure approche des médias sociaux et de son image à l’international. Depuis le début de cette année, le secteur des archives a également emboité le pas en démarrant la numérisation progressive de ses contenus.

Une demande élevée

Comment faire partie du patrimoine mondial ?

Comme son nom l’indique, l’UNESCO veille également à la protection et la gestion du patrimoine culturel et naturel de notre planète. Pour accéder à ce statut, un site doit au moins répondre à un de ces 10 critères, redéfinis en 2004 :

– Représenter un chef-d’oeuvre du génie créateur humain

– Témoigner d’un échange d’influences pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée

– Apporter un témoignage unique ou exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation, vivante ou disparue

– Offrir un exemple d’un type de construction ou d’ensemble architectural, technologique d’une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine

– Etre un exemple éminent d’établissement humain, de l’utilisation du territoire ou de la mer, représentatif d’une culture ou de l’interaction avec l’environnement.

– Etre directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des oeuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle.

– Représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles

– Etre des exemples représentatifs des grands stades de l’histoire de la Terre

– Etre des exemples représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes terrestres, aquatiques, côtiers et marins ;

– Contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation en l’état de la diversité biologique

A l’heure actuelle, l’UNESCO recense un total de 1031 sites constituant la majeure partie du patrimoine mondial. Une liste en perpétuelle évolution avec, rien qu’en 2015, l’ajout de 24 nouveaux noms, en majorité au Moyen-Orient, en Europe du Nord ainsi qu’en Asie. Pour ces localités, être labellisé « UNESCO » n’est pas seulement synonyme de préservation et de prestige, mais est aussi un argument suffisamment solide pour attirer les touristes du monde entier. Quitte à parfois transformer ces lieux autrefois préservés en véritables nids à curieux, avec son lot d’inconvénients. Mais ça, c’est une autre histoire…

Guillaume Alvarez

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