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Congo : rififi autour du film sur le docteur Mukwege

Co-auteur avec Thierry Michel du film L’homme qui répare les femmes, la journaliste Colette Braeckman reproche à son partenaire d’avoir torpillé une négociation qui aurait peut-être permis de lever la censure.

Depuis que les autorités congolaises ont interdit la projection du film L’homme qui répare les femmes consacré au combat du gynécologue Denis Mukwege en faveur des femmes violées, les condamnations internationales n’ont pas cessé de pleuvoir, dont celle, ce mercredi encore, de la mission de l’ONU sur place, qui parle d’une « atteinte inadmissible à la liberté d’expression ». Raison de la censure ? Les militaires ont été « injustement calomniés », rapporte le porte-parole du gouvernement Lambert Mende.

Or « une voie de négociation demeurait ouverte », rapporte la journaliste Colette Braeckman, co-auteur avec le réalisateur Thierry Michel de ce documentaire primé dans plusieurs festivals internationaux. La porte s’est toutefois rapidement fermée étant donné que Thierry Michel, « sans consulter les autres personnes concernées », rapporte la journaliste, aurait pris des initiatives et tenu des propos qui ont poussé les autorités à confirmer l’interdiction.

D’après Colette Braeckman, il avait été convenu qu’à son arrivée cette semaine à Kinshasa, elle prendrait contact avec Lambert Mende afin de visionner les passages litigieux. « Si une erreur de traduction avait du être décelée, elle aurait pu être corrigée, ouvrant ainsi la voie à la levée du veto militaire. Cette solution à l’amiable aurait permis que nul ne perde la face et que la population congolaise puisse prendre connaissance d’un film qui lui était destiné en premier lieu ».

Mais, rapporte-t-elle, Thierry Michel avait entre-temps pris l’avis de traducteurs en Belgique qui ont conclu qu’aucune erreur n’avait été relevée « et ce verdict, qui ne découlait pas d’une appréciation croisée, fut largement communiqué ». La journaliste reconnaît toutefois que « les objections du pouvoir congolais étaient peut-être plus radicales qu’un problème de traduction ».

Accusé de vouloir « renforcer sa propre position de victime de la censure », Thierry Michel a choisi de calmer le jeu et de ne publier aucun communiqué, afin d’éviter que « l’affaire Mukwege, l’homme qui répare les femmes, ne devienne une affaire Thierry Michel » et dans le but de maintenir le débat sur l’enjeu principal, à savoir « la dégradation de la situation des droits humains en République démocratique du Congo ».

Francois Janne d’Othee

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