Selon les mutualités, le budget des médicaments risque d'être encore un peu plus sous tension. © GETTY IMAGES

Complot des sociétés pharmaceutiques américaines pour faire gonfler les prix des médicaments ?

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Pas moins de 44 États d’Amérique ont déposé plainte le 10 mai contre les principales entreprises pharmaceutiques pour fixation illégale des prix des médicaments génériques.

Des sociétés comme Teva, Pfizer et Mylan ont conspiré pour faire gonfler les prix des médicaments génériques jusqu’à près de 1000 %, accusent les procureurs chargés du procès déposé vendredi dernier par 44 États d’Amérique. Un plan, qui concerne l’ensemble de l’industrie, affecterait en effet les prix de plus de 100 traitements utilisés pour le VIH, l’asthme, le cholestérol, le trouble du déficit de l’attention (TDAH) et la dépression.

« Nous savons tous que les médicaments sur ordonnance peuvent coûter cher » a déclaré, dans un communiqué, le procureur général du New Jersey. « Nous avons découvert que les prix élevés des médicaments sont en partie dus à un complot illégal entre les fabricants de médicaments génériques pour faire gonfler leurs prix.« 

Ainsi, la lamivudine-zidovudine (VIH), le budésonide (asthme), le fénofibrate (hypercholestérolémie), l’amphétamine-dextroamphétamine (TDAH), certains antibiotiques oraux, contraceptifs, antidépresseurs, anticoagulants et médicaments contre le cancer sont touchés par cette flambée illégale des prix.

Des rencontres en cachette

Selon l’enquête des procureurs, plus d’une douzaine de fabricants de médicaments et autant de responsables des ventes et du marketing sont impliqués dans cette affaire judiciaire. Les conspirateurs, au courant de l’illégalité de leurs efforts pour réduire, voire supprimer la concurrence, sont accusés d’avoir comploté en cachette lors de réunions de réseautage. Toutes ces « manigances » auraient eu lieu entre juillet 2013 et janvier 2015, période à laquelle l’entreprise Teva a commencé à augmenter les prix de près de 400 préparations et 112 médicaments génériques.

Avec Teva comme société à la tête du complot, de nombreuses entreprises pharmaceutiques ont passé un accord pour coopérer en matière de prix afin que chaque concurrent puisse conserver une « part équitable » du marché des médicaments génériques. Une coopération qui a alors mené à une forte augmentation des prix.

« Plutôt que d’entrer sur un marché particulier de médicaments génériques en se faisant concurrence sur les prix afin de gagner des parts de marché« , affirme la plainte, « les concurrents de l’industrie des médicaments génériques communiqueraient directement et systématiquement entre eux, diviseraient les clients afin de créer un équilibre artificiel sur le marché, puis maintiendraient des prix anticoncurrentiels élevés. « 

La plainte a été déposée vendredi 10 mai devant la Cour de district fédérale du Connecticut, où l’enquête a déjà débuté. Samedi, le procureur du Connecticut s’est exprimé sur Twitter, qualifiant l’effort des sociétés pharmaceutiques pour maximiser leurs profits comme « une violation hautement illégale des lois antitrust« . Ce complot aurait effectivement eu un impact négatif sur l’économie nationale, tout en portant atteinte aux programmes fédéraux de santé et aux divers plans de santé des États. Mais si pour l’instant, Teva et Pfizer ont nié toute implication, le procureur général du New Jersey l’assure : «  aucune entreprise du New Jersey ne recevra un laissez-passer si elle a enfreint la loi et a nui à nos résidents.« 

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