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Comment Disney espionne vos enfants via les applications

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Plusieurs applications de la marque Disney seraient équipées d’un logiciel de traçage. L’entreprise collecterait des informations sur des mineurs et les vendrait sans le consentement des parents.

C’est l’Américaine Amanda Rushing qui tire la sonnette d’alarme en déposant une action en justice contre l’entreprise Disney. Selon elle, pas moins de 43 applications de jeux contiendraient un logiciel de traçage, destiné à recueillir et vendre des informations sur des mineurs d’âge sans l’accord parental, révèle De Morgen.

Ces applications et jeux destinés aux enfants peuvent être téléchargés gratuitement sur les smartphones et les tablettes. Mais ils ne font pas que divertir : utilisant un logiciel spécialement développé pour l’occasion, la société américaine collecte toutes sortes de données (âge, adresse email…), semble-t-il dans le but de les revendre à d’autres entreprises. La loi américaine est formelle à ce sujet : c’est une pratique parfaitement illégale. La loi sur la protection de la vie privée des mineurs stipule qu’il faut avoir le consentement des parents pour des enfants de moins de 13 ans. Disney se défend : pour l’entreprise, cette loi n’a été violée en aucun cas.

On ignore combien de personnes pourraient être touchées si cette accusation se révélait fondée. Mais une chose est sûre : les jeux de la marque Disney connaissent une énorme popularité et sont disponibles aussi bien sur Google Play que sur l’Apple Store. Certaines applications comptent jusqu’à 100 millions d’utilisateurs. Et bien qu’il soit stipulé dans la déclaration de confidentialité que Disney demande le consentement des parents pour donner des informations à d’autres entreprises, il est n’est pas encore sûr que l’entreprise fasse cela dans les règles de l’art.

Qu’en est-il de la Belgique ? La loi n’est pas exactement la même qu’aux Etats-Unis. « Pour l’instant, notre loi sur la vie privée ne fait encore aucune distinction entre les mineurs et les adultes. Mais cela changera en mai prochain, lorsque la nouvelle réglementation européenne sur la vie privée nous concernera », explique Jos Dumortier, professeur à la KU Leuven, interviewé par De Morgen. Selon lui, les parents devront à l’avenir aussi être d’accord avec les « conditions d’utilisation » d’une application. Il y a cependant encore des discussions pour déterminer à partir de quel âge les enfants peuvent prendre cette décision eux-mêmes. Certains pays de l’UE souhaitent placer cette limite à 16 ans, d’autres à 13 ans. En ce qui concerne la Belgique, rien n’est encore sûr. Persiste aussi la question du contrôle de l’âge d’utilisateur par le fondateur de l’application.

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