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Colonisation israélienne: la résolution de l’ONU adoptée, Israël ne s’y conformera pas

Le Vif

Le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé vendredi pour la première fois à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens et à Jerusalem Est, dans une résolution permise par la décision sans précédent des Etats-Unis de ne pas utiliser leur droit de veto sur cette question.

Les Etats-Unis se sont abstenus alors qu’ils avaient jusqu’ici toujours soutenu Israël sur ce dossier extrêmement sensible. Les 14 autres membres du Conseil de sécurité ont eux voté en faveur de ce texte rédigé par l’Egypte.

« Israël rejette cette résolution anti-israélienne honteuse des Nations unies et ne s’y conformera pas », ont vivement réagi dans un communiqué les services du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Il s’agit d' »un grand camouflet » pour Israël, a estimé de son côté Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienne. « Il s’agit d’une condamnation internationale unanime de la colonisation et d’un fort soutien à une solution à deux Etats », a-t-il ajouté.

Ce dossier international se double d’une divergence entre d’administration américaine sortante, celle de Barack Obama, et le président élu des Etats-Unis Donald Trump.

Ce dernier était intervenu avec succès auprès du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour reporter le vote sur ce texte initialement prévu jeudi. Il a rapidement cherché à rassurer les alliés israéliens: « Les choses seront différentes à l’ONU après le 20 janvier », date de son entrée en fonctions, a-t-il dit sur Twitter.

Après la volte-face du Caire, quatre pays –la Nouvelle-Zélande, la Malaisie, le Sénégal et le Venezuela– avaient finalement obtenu qu’un vote soit organisé vendredi.

La résolution exhorte Israël à « cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est », affirmant par ailleurs que les colonies israéliennes « n’ont pas de valeur juridique » et sont « dangereuses pour la viabilité d’une solution à deux Etats ».

Frustrés par des années d’efforts diplomatiques infructueux, les Etats-Unis ont justifié leur abstention par l’impact de la colonisation sur la recherche de la paix au Proche-Orient. « On ne peut en même temps défendre l’expansion des colonies israéliennes et une solution à deux Etats », comme le fait Benjamin Netanyahu, a déclaré l’ambassadrice américaine aux Nations unies Samantha Power après le vote accueilli par des applaudissements.

L’administration Obama avait opposé son veto à une résolution similaire en 2011. Mais cinq ans plus tard, la position du président sortant, qui entretient des relations notoirement exécrables avec Benjamin Netanyahu, faisait l’objet de nombreuses spéculations depuis des mois. Et l’hypothèse que Washington laisse passer une telle résolution, avait été évoquée à de nombreuses reprises.

Donald Trump avait lui très vite exprimé son hostilité au projet égyptien et plaidé jeudi pour que Washington bloque le texte, dans une rare prise de position pour un président élu et pas encore en fonctions.

Transition politique aux Etats-Unis

« Quand ils ont eu connaissance du fait que (l’administration américaine actuelle) ne mettrait pas son veto à cette résolution, des responsables israéliens ont pris contact avec des membres de l’équipe de transition de M. Trump pour demander l’aide du président élu », a affirmé vendredi à l’AFP un responsable israélien sous couvert d’anonymat.

Cette aide s’est matérialisée par un appel à Abdel Fattah al-Sissi, selon un communiqué de la présidence égyptienne. L’Egypte avait alors réclamé le report du vote.

« Les deux dirigeants se sont mis d’accord sur l’importance de donner à la nouvelle administration américaine (que dirigera M. Trump à partir du 20 janvier) une chance de gérer tous les aspects de la cause palestinienne pour arriver à un accord complet » sur le dossier, d’après ce communiqué.

La colonisation est vue comme un frein majeur au processus de paix, les constructions israéliennes étant effectuées sur des terres qui pourraient appartenir à un futur Etat palestinien.

Les Nations unies la considèrent comme illégale au regard du droit international et ont appelé à plusieurs reprises Israël à y mettre fin. Malgré cela, des responsables onusiens ont constaté une augmentation des constructions ces derniers mois.

Après l’échec des derniers efforts américains pour relancer le processus de paix en avril 2014, une conférence a été convoquée par la France pour le 15 janvier afin de réitérer le soutien de la communauté internationale à la solution à deux Etats.

« La résolution adoptée aujourd’hui et la conférence internationale de Paris représentent les deux faces de la même médaille, visant à affirmer notre attachement commun à la solution à deux Etats », a déclaré l’ambassadeur français aux Nations unies François Delattre souhaitant « la relance d’un processus politique crédible ».

Les Etats-Unis avaient jusqu’alors utilisé leur droit de veto trente fois pour bloquer des résolutions concernant Israël et les Palestiniens, selon l’organisation Security Council Report. C’est en 2009, concernant un appel à un cessez-le-feu à Gaza, que les Etats-Unis se sont abstenus pour la dernière fois lors d’un vote au Conseil de sécurité quel qu’en soit le thème.

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