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Chili : Pablo Neruda a-t-il été assassiné ?

La justice chilienne exhume les restes du poète Pablo Neruda afin de faire la lumière sur les causes de sa mort, en 1973. Selon le parti communiste, l’opposant au général Pinochet aurait été assassiné.

A-t-on tué Pablo Neruda ou a-t-il succombé à un cancer ? C’est pour répondre à cette question que le juge Mario Carroza a ordonné l’exhumation des restes du prix Nobel chilien de littérature de 1971. Allant dans le sens des accusations de Manuel Araya, ancien secrétaire personnel et chauffeur du poète, le parti communiste chilien a saisi la justice en décembre dernier afin de faire la lumière sur les circonstances de la mort de Neruda, le 23 septembre 1973, 12 jours après le coup d’Etat du général Pinochet.

« Neruda n’est pas mort de mort naturelle »

Selon Manuel Araya, le poète chilien aurait reçu une injection mortelle dans l’abdomen alors qu’il était hospitalisé. Souffrant d’un cancer de la prostate, son état de santé n’avait toutefois rien d’alarmant. En 2011, l’ancien secrétaire personnel de Neruda s’était confié dans les pages d’une revue mexicaine, évoquant un appel du poète quelques heures avant sa mort : « Revenez rapidement. Pendant que je dormais, un médecin est venu me faire une injection », aurait-il dit. Exhumés d’une crypte située sur la côte pacifique chilienne, les restes de l’homme de lettres seront analysés par la justice afin de tenter d’établir les causes de la mort. « Nous avons la certitude que Neruda n’est pas mort de mort naturelle », martèle l’avocat du parti communiste dont le poète était membre.

Une période sombre

Loin d’être la seule mort faisant l’objet de doutes de la part des opposants au régime de Pinochet, c’est toute la période de la dictature, de 1973 à 1990, qui est questionnée depuis plusieurs années. L’an passé les restes du président socialiste déchu Salvador Allende, ami du poète, étaient également exhumés afin d’établir les circonstances exactes de sa mort, le jour même du coup d’Etat. Repoussant les accusations d’assassinat, l’expertise médicale a conclu à un suicide. Mais cela n’était que la première de plusieurs investigations sur la mort d’opposants au régime autoritaire de Pinochet. Après Pablo Neruda, une autre enquête est ouverte sur les circonstances de la mort, en 1982, lors d’une opération bénigne, de l’opposant et ancien Président (1964-1970) Eduardo Frei Montalva.

Laura Paillard

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