Hommage au dessinateur français Georges Wolinksi à Paris. © BELGAIMAGE

Charlie Hebdo : qui sont les 12 victimes de l’attaque ?

L’attaque qui a visé mercredi le siège du journal Charlie Hebdo a fait au total douze morts, dont deux policiers, un agent d’entretien et huit journalistes. Parmi eux, cinq dessinateurs de la publication satirique. On dénombre également onze blessés dont quatre dans un état grave.

Quatre célèbres dessinateurs, Charb, Cabu, Wolinski, Tignous mais aussi Philippe Honoré dont la mort n’a été apprise que plus tard dans la journée ont été tués dans l’attaque perpétrée au siège de la rédaction du journal satirique.

Charb

Stéphane Charbonnier, dit Charb, est né en août 1967 en France. Au début des années 90, il collabore régulièrement à La Grosse Bertha, hebdomadaire satirique créé en 1990 en opposition à la guerre du Golfe, qu’il quittera en juillet 1992 avec une partie de l’équipe pour participer à la relance de Charlie Hebdo. « Je n’ai pas de gosses, pas de femme, pas de voiture, pas de crédit. C’est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux », avait notamment déclaré le directeur de la publication de Charlie Hebdo à la suite de l’incendie des locaux de l’hebdomadaire en 2011. Avec son trait épais, Charb ne reculait devant aucune plaisanterie. Les guerres, la politique et les politiciens, la télé-réalité, la maladie ou les religions, aucun sujet n’était à l’abri de son crayon. « A Charlie Hebdo, on n’a pas l’impression d’égorger quelqu’un avec un feutre », disait ce dessinateur engagé dès son plus jeune âge, en évoquant la façon dont le journal satirique abordait la question de l’islam. L’une de ses dernières caricatures publiées interrogeait: « Toujours pas d’attentat en France? ». Un homme barbu et armé répondait: « Attendez, on a jusqu’à la fin janvier pour présenter ses voeux… ».

Cabu

Né en 1938 à Chalons-en-Champagne, Jean Cabut, alias Cabu, l’anarchiste rêveur derrière ses lunettes cerclées, a débuté sa carrière de dessinateur à l’adolescence pour l’Union de Reims avant d’entrer en 1960 au magazine satirique Hara Kiri. Il a ensuite travaillé à Pilote, sous la guidance de René Goscinny. C’est alors qu’apparait son personnage fétiche, Le Grand Duduche. Après ses débuts de reporter dessinateur en 1969, il devient un pilier de Charlie Hebdo. Il travaillait également pour Le Canard Enchaîné. Cabu a encore collaboré à plusieurs émissions de télévision, dont « Récré A2 », avec Dorothée. Son fils, le chanteur Mano Solo, est décédé du Sida en 2010. Ses caricatures de Mahomet publiées en 2006 étaient parmi les plus caustiques de celles qui avaient valu à l’équipe de Charlie Hebdo des menaces de morts. « Les dessinateurs vivent de la bêtise et ça ne régresse pas », constatait-il dans un fou rire.

Wolinski , Cabu, Charb et Tignous
Wolinski , Cabu, Charb et Tignous© AFP

Wolinski

Né en 1934 d’une mère franco-italienne et d’un père polonais, est arrivé en France à 13 ans et a rejoint en 1960 l’équipe de Hara-Kiri. Il était également devenu un pilier de Charlie Hebdo après 1968. Il a aussi participé à Charlie Mensuel, dont il fût le rédacteur en chef de 1970 à 1981. Dès les années 80, Georges Wolinski collabore pour différents magazines et quotidiens tels que L’Humanité, Libération ou Le Nouvel Observateur. Avec 80 albums à son actif, il a notamment été couronné par le Grand Prix du festival d’Angoulême en 2005. Irrévérencieux et grivois, Georges Wolinski était le père du célèbre personnage du « Roi des cons », pilier de la bande de Hara-Kiri dans les années 60 puis de Charlie Hebdo. L’humour toujours grinçant, bien dans la note de Hara-Kiri – « journal bête et méchant » -, il imaginait, en 2012, que l’on pourrait graver sur sa tombe ce mot de Cavanna, vieux compagnon de route: « Wolinski, on croit qu’il est con parce qu’il fait le con mais en réalité, il est vraiment con ».

Tignous

Le dessinateur de presse Tignous, Bernard Verlhac, est né en 1957. Il publie ses premiers dessins sur l’actualité en 1990 dans L’idiot international avant de rejoindre La Grosse Bertha. Il collaborait régulièrement à Charlie Hebdo, Marianne, Fluide Glacial, L’Express, ou Télérama.

Honoré

On a appris que plus tard dans la journée de mercredi la mort de ce cinquième caricaturiste. Autodidacte né en 1941, Philippe Honoré publie son premier dessin de presse à 16 ans, dans le journal Sud-Ouest. Selon le Magazine Littéraire, l’un des nombreux médias où l’on pouvait croiser ses dessins en noir et blanc au style suranné (Le Monde, Libération, les Inrockuptibles). Il collaborait avec Charlie Hebdo depuis sa reparution en 1992, selon le site des éditions Larousse, pour qui il avait notamment illustré l’édition anniversaire 2010 du Petit Larousse. Ses travaux ont fait l’objet de nombreuses expositions collectives. Il est l’auteur du dernier dessin tweeté par l’hebdomadaire, quelques instants seulement avant l’attaque. On y voit le chef de l’organisation de l’Etat islamique (EI) Abou Bakr al-Baghdadi présenter ses voeux: « Et surtout la santé! ».

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Outres ces dessinateurs, d’autres collaborateurs réguliers ou plus occasionnels de la rédaction de Charlie Hebdo sont aussi à compter parmi les victimes.

L’économiste Bernard Maris

Bernard Maris, économiste médiatique et chroniqueur sur France Inter collaborait à Charlie Hebdo sous le pseudonyme d' »Oncle Bernard ». Diplômé de l’Institut d’études politiques de Toulouse, Bernard Maris était professeur d’économie à l’université Paris VIII. Il animait également une émission hebdomadaire sur France Inter, intitulée « Le débat économique », le vendredi à 7h50. Il a aussi écrit de nombreux ouvrages aux titres évocateurs parmi lesquels Ah que la guerre économique est jolie ! en 1998 ou Marx, oh Marx, pourquoi m’as-tu abandonné? en 2010. Mais ce sont ses « Anti-manuels d’économie » sortis au début des années 2000, et dont le premier tome est consacré aux fourmis et le second aux cigales, qui ont connu le plus de succès.

Bernard Maris.
Bernard Maris.© DR/Emmanuel Bovet/ Albin Michel

Michel Renaud, fondateur du festival « Rendez-vous du carnet de voyage »

Le fondateur du festival clermontois « Rendez-vous du carnet de voyage », Michel Renaud, figure également parmi les victimes. Michel Renaud était présent à la réunion de rédaction de l’hebdomadaire en compagnie du secrétaire général des Carnets de voyage, Gérard Gaillard en vue d’une future collaboration rédactionnelle avec le journal. Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand, a expliqué que « Gérard Gaillard a pu se coucher pendant la fusillade, il a eu la vie sauve mais est extrêmement choqué. Michel Renaud a été tué sur coup ».

Elsa Cayat, psychanaliste

La chroniqueuse Elsa Cayat est la seule femme parmi les victimes décédées. Psychiatre et psychanalyste, elle tenait la chronique bimensuelle « Divan » du journal.

Mustapha Ourrad, correcteur

Mustapha Ourrad était correcteur à Charlie Hebdo. Né en Algérie, « kabyle » d’après Le Monde, il venait d’obtenir la nationalité française. « Autodidacte » et d’une grande « érudition », selon le quotidien, il avait travaillé pour une maison d’édition et plusieurs journaux avant l’hebdomadaire satirique selon L’Express.fr. Il avait deux enfants.

Frédéric Boisseau, agent d’entretien

Frédéric Boisseau, 42 ans, agent de maintenance de la société Sodexo. Ce père de deux enfants se trouvait dans le hall d’entrée pour des travaux de maintenance du bâtiment quand il a été tué par les assaillants.

Franck Brinsolaro, policier du Service de protection des hautes personnalités

Franck Brinsolaro, un policier du Service de protection des hautes personnalités était chargé d’assurer la protection du dessinateur Charb, menacé depuis la publication de caricatures de Mahomet. Il a été tué dans la salle de rédaction où se tenait la conférence de rédaction hebdomadaire. Il n’a pas eu le temps de riposter. Selon Le Figaro, il avait 49 ans.

Charlie Hebdo : qui sont les 12 victimes de l'attaque ?
© Reuters

Ahmed Merabet, policier du 11e arrondissement

On le voit dans une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux, ce policier de la brigade anti-criminalité du 11e arrondissement de Paris qui a été tué lors d’un échange de tirs dans la rue. Blessé. Ahmed Merabet a été ensuite abattu froidement par l’un des terroristes, comme le montre une vidéo qui a circulé sur le web. Selon Le Figaro, il avait 42 ans. Il était représentant du personnel et appartenait à la brigade VTT de l’arrondissement.

Les blessés

Parmi les blessés, Philippe Lançon, chroniqueur littéraire, journaliste à Libération et chroniqueur à Charlie Hebdo a été grièvement blessé au visage dans l’attaque selon cet article du Monde qui relate « un carnage indescriptible ». « Le pronostic vital n’est pas engagé mais il est réservé » selon les déclarations faites par des médecins en fin de journée. Philippe Lançon est hospitalisé à Paris. Autre journaliste à avoir être blessé selon L’Express: Fabrice Nicolino, journaliste environnemental, auteur notamment d’enquêtes coup-de-poing sur l’écologie. Son pronostic vital ne serait plus engagé. C’est ce que rapporte le site Reporterre, citant le témoignage d’une proche de Nicolino, ainsi que l’association Bretagne vivante dont il est membre. Directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, le dessinateur Riss était également à la table de la conférence de rédaction lors de l’attaque, et il aurait été touché par les balles à l’épaule. Son pronostic vital ne serait pas engagé. Simon Fieschi, le jeune webmaster du journal, serait le plus grièvement atteint selon Le Monde.

Par ailleurs, une femme automobiliste, percutée par les assaillants place du Colonel Fabien, a également été blessée, a indiqué le parquet.

Les témoins

La journaliste Sigolène Vinson était aussi présente à la réunion de rédaction. Toujours selon l’article du Monde, les assaillants lui auraient dit, un canon sur la tempe : « Toi on te tuera pas, car on ne tue pas les femmes, mais tu liras le Coran. »

Parmi les autres rescapés, la dessinatrice Corinne Rey, dite Coco, a témoigné pour L’Humanité. Elle raconte qu’elle était « allée chercher sa fille à la garderie, en arrivant devant la porte de l’immeuble du journal deux hommes cagoulés et armés nous ont brutalement menacées. Ils voulaient entrer, monter. J’ai tapé le code ».

La dessinatrice Catherine Meurisse a témoigné aussi dans Le Courrier de l’Ouest. Arrivée en retard à la conférence de rédaction hebdomadaire, elle a juste vu « deux hommes encagoulés » dans la rue quand elle est arrivée. Laurent Léger, journaliste de Charlie Hebdo se trouve dans la salle au moment de l’attaque et s’en sort indemne. Gérard Biard, le rédacteur en chef du journal est aussi toujours en vie.

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