Paul Magnette et François Hollande © AFP

CETA, Caterpillar: Paul Magnette s’entretient avec François Hollande à Paris

Quelques heures après un second refus de la Wallonie au traité de libre-échange entre l’UE et le Canada (CETA), le ministre-président wallon Paul Magnette s’est entretenu avec le président français François Hollande à l’Elysée à Paris, à l’occasion d’une rencontre initialement prévue pour évoquer le dossier Caterpillar.

C’est le CETA qui a toutefois été le sujet majeur de cette rencontre. « Il faut trouver des pays qui comprennent notre position et sont capables de nous soutenir », a indiqué à Belga M. Magnette, au sortir de cette rencontre. Le président français a-t-il été réceptif à ses arguments ? « J’ai eu le sentiment qu’il me comprenait, mais c’est compliqué, les pressions sont très fortes », a commenté le chef du gouvernement wallon, bien conscient que la France figure parmi les pays qui soutiennent le CETA.

Les contacts vont bon train sur une éventuelle marge de négociation qui pourrait faire évoluer le CETA avant sa signature officielle prévue le 27 octobre. Plus tôt dans la journée, M. Magnette avait confirmé que le refus wallon du CETA – en son état actuel – empêcherait la Belgique de donner son feu vert mardi prochain, lors d’un conseil des ministres de l’UE à Luxembourg.

Vendredi soir à Paris, le dirigeant wallon devait encore rencontrer des représentants du Premier ministre canadien Justin Trudeau.

A ses yeux, la Wallonie (et la Fédération Wallonie-Bruxelles qui refuse aussi le CETA) n’est pas si isolée que d’aucuns tentent de le faire croire. « Au moins trois à quatre pays partagent notre position, au moins sur certains éléments », estime-t-il, refusant d’en dire plus par souci stratégique. « Non, nous ne sommes pas isolés ».

L’entretien à l’Elysée était initialement prévu dans le cadre de l’annonce de la fermeture de Caterpillar Gosselies, le géant américain du génie civil délocalisant une partie de cette production en France. « Il s’agit de se montrer unis face à Caterpillar, afin de ne pas jouer l’un contre l’autre », dit Paul Magnette. Les deux dirigeants socialistes ont notamment évoqué l’avenir de la politique industrielle en Europe et une révision de la directive Renault allant dans le sens d’une plus grande protection des travailleurs.

Manuel Valls veut « convaincre » les Wallons

Le Premier ministre français Manuel Valls s’est déclaré vendredi « optimiste » de pouvoir « convaincre » les autorités wallonnes de revenir sur leur veto à la ratification du controversé traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada.

Le Parlement wallon, dont l’aval est indispensable à la ratification du traité, a adopté vendredi une résolution demandant à son ministre-président de ne pas autoriser la Belgique à signer l’accord avec le Canada.

« Il y a des discussions au moment même où je vous parle entre le ministre-président de la Wallonie (Paul Magnette, NDLR) et le Président de la République (François Hollande, NDLR) », a indiqué M. Valls, lors d’une conférence de presse à Québec aux côtés de son homologue québécois Philippe Couillard.

La signature du Ceta est prévue le 27 octobre à Bruxelles en présence des dirigeants européens et du Premier ministre canadien Justin Trudeau.

« Il reste encore quelques jours pour convaincre nos amis wallons et permettre la signature de la Belgique », a relevé le chef du gouvernement français, dont la visite au Canada depuis mercredi porte justement, en grande partie, sur cet accord de libre-échange.

Le dirigeant wallon a laissé la porte ouverte à un accord de dernière minute, posant comme condition que la récente « déclaration interprétative » qui accompagne le traité commercial de 1.600 pages soit dotée du « même poids juridique » que le Ceta lui-même.

« Il est possible de travailler dans cette direction », a jugé le Premier ministre québécois Philippe Couillard.

Des personnalités de l’Open Vld exhortent Reynders à signer le CETA

Des personnalités de l’Open Vld ont exhorté vendredi le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, à signer le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, malgré l’opposition des parlements de Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

« Signez tout simplement le traité commercial avec le Canada », a lancé sur Twitter le député Vincent Van Quickenborne à l’adresse de M. Reynders.

L’exhortation a rapidement valu une réponse à l’ancien ministre, venant du chef de groupe Ecolo-Groen à la Chambre, Kristof Calvo. « Jadis, le VLD était pour la démocratie citoyenne, maintenant les majorités parlementaires ne comptent même plus », a-t-il rétorqué.

Interrogé par la VRT, l’ancien commissaire européen, Karel De Gucht, a abondé dans le même sens que son coreligionnaire libéral. En 2009 et 2011, le gouvernement fédéral, auquel participaient le cdH et le PS, a approuvé les mandats de négociation du CETA, a-t-il rappelé.

« La seule différence maintenant, c’est que le PS et le cdH sont dans l’opposition. C’est la raison pour laquelle ils ont changé d’attitude. Si vous me le demandez, je pense que Didier Reynders doit simplement signer cet accord. Si la Wallonie s’y oppose, qu’elle aille devant la Cour constitutionnelle en Belgique ou la Cour européenne de justice, et nous verrons ce que nous verrons. Mais, maintenant, il faut simplement signer », a-t-il expliqué.

Contenu partenaire