Pizzaiolo préparant la margherita selon la méthode traditionnelle. © AFP

Ces traditions et savoir-faire bientôt au patrimoine immatériel de l’Humanité ?

Le Vif

L’art du pizzaïolo napolitain, le séga tambour de Rodrigues, le savoir-faire des meuniers néerlandais ou la fête de la jarre sacrée en Inde pourraient faire leur entrée la semaine prochaine sur la Liste représentative du patrimoine culturel de l’Humanité.

Le comité ad hoc de l’Unesco se réunit du 4 au 9 décembre sur l’île sud-coréenne de Jeju pour examiner 34 demandes d’inscription sur cette Liste de traditions et savoir-faire, forte à ce jour de 365 éléments, liés à des chants, des danses, de la gastronomie, des fêtes, des célébrations…

Cette liste n’est pas établie selon des critères « d’excellence ou d’exclusivité », ne cherche pas à réunir le patrimoine « le plus beau », mais à représenter la diversité du patrimoine culturel immatériel, à mettre en lumière des savoir-faire portés par des communautés, selon l’Organisation pour l’éducation, la culture et la science des Nations unies.

Une inscription symbolique mais qui confère une certaine visibilité et pour laquelle certains sont prêts à tous les efforts, à l’instar des thuriféraires de l’art de la pizza napolitaine.

« Cela fait trois ans qu’on y travaille », a souligné Sergio Miccù, président de l’association des pizzaioli napolitains, joint par téléphone par l’AFP. « Nous sommes fiers d’avoir mené cette bataille à bien pour l’un des métiers les plus anciens au monde ».

Ce « savoir-faire culinaire qui associe gestuelle, chansons, sourires, technique, spectacle » et remonte au XVIe siècle, « s’est transmis de génération en génération » et « continue de jouer un rôle social et culturel important » dans la capitale de la Campanie, souligne le dossier de candidature italien.

Deux millions de personnes ont signé une « pétition mondiale » pour en soutenir l’inscription, selon ses promoteurs.

« La victoire de l’art du pizzaïolo napolitain représenterait le triomphe d’une culture artisanale authentique par rapport aux productions mondialisées des multinationales de l’alimentaire », a récemment estimé dans un communiqué l’homme à l’initiative de cette pétition, Alfonso Pecoraro Scanio, président de la fondation écologiste UniVerde.

Pour lui, il s’agit d' »un patrimoine culturel de savoirs traditionnels et de saveurs authentiques ».

Patrimoine immatériel menacé

Avec cette tradition italienne, les deux tiers des dossiers (23) ont toutes leurs chances d’intégrer la Liste, ayant reçu une recommandation positive par l’organe chargé d’instruire les candidatures, jusqu’à présent suivi par le Comité du patrimoine immatériel.

Parmi eux, le kochari d’Arménie, une danse traditionnelle très couramment pratiquée pour les fêtes et cérémonies familiales, le shital pati du Bangladesh, fabrication traditionnelle de nattes tissées avec des bandes de jonc, ou le séga tambour de Rodrigues défendu par Maurice, interprétation dynamique de musique, de chants et de danses puisant ses racines dans l’esclavage.

Onze propositions émanent d’États d’Asie et du Pacifique, 7 d’Europe de l’Ouest ou d’Amérique du Nord, 6 d’Europe de l’Est, les autres provenant des États africains, d’Amérique latine et des Caraïbes ainsi que d’un État arabe.

À Jeju, le Comité, composé des représentants de 24 États parties à la Convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de 2003, se penchera aussi sur le patrimoine culturel immatériel risquant de disparaître.

Il examinera six demandes d’inscriptions sur la liste de sauvegarde d’urgence, comme celle du langage sifflé de Turquie, un mode de communication malmené par les évolutions technologiques et socioéconomiques.

A ce jour cette liste contient 47 éléments dont la viabilité est considérée menacée. Une inscription permet aux États parties « de mobiliser la coopération et l’assistance internationales nécessaires pour renforcer la transmission de ces pratiques culturelles en accord avec les communautés concernées », explique l’Unesco.

Aussi à leur agenda: deux demandes d’assistance internationale, déposées par l’Ouganda et la Zambie, pour financer des projets de sauvegarde de leur patrimoine immatériel.

Le Comité qui se réunit tous les ans, assure le suivi de la mise en oeuvre de la convention de 2003, un instrument juridique ratifié par 175 États ayant intégré la sauvegarde du patrimoine immatériel dans leurs législations nationales.

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