Carte blanche

Ces terroristes qui assassinent nos frères chrétiens

Quoiqu’on en dise, lorsqu’une attaque quelconque frappe le sol français, les musulmans ont toujours en tête : pourvu que ce ne soit pas encore un terroriste de Daech et pourvu qu’on ne soit pas la cible des amalgames.

Daech et pourvu qu’on ne soit pas la cible des amalgames.

C’est encore avec émotion que nous avons appris, en pleine journée, la prise d’otage dans l’Eglise de Saint-Etienne-du-Rouvray. Les terroristes auraient crié « Daech » avant d’entrer dans le lieu de culte.

La rhétorique politique

Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est que le politique n’instrumentalise pas ce fait. Ce que l’on veut, d’abord et avant tout, c’est partager ce moment d’émotion avec nos frères chrétiens. Nous sommes confiants dans l’unité religieuse qui suivra cette attaque : nous sommes confiants dans les efforts que nous avons mis en avant pendant nos dialogues interreligieux et nous sommes conscients que ces dialogues ont porté des fruits.

Plus que jamais, cette attaque sanglante, atroce, nous montre que c’est notre unité qui va faire notre force. Il faut continuer, inlassablement, à parcourir nos villes, nos villages pour montrer que c’est en tant que juif, musulman, chrétien, bouddhiste ou athées que nous allons réussir le pari fraternel français. Et nous savons que ce pari est réussi, nous avons su montrer une image unie de nos différentes religions dans ce pays qui comporte la devise fraternité.

La rhétorique de l’islam

Je sais que certains frères chrétiens vont se poser la question d’une interaction entre le massacre des chrétiens et de l’islam. Alors, à moi, en tant que musulman, de vous répondre qu’il n’en existe pas. Non seulement, le Coran a réputé la vie de tout humain sacré, mais il a également accordé le Salut à tout être humain, quelle que soit sa religion.

Mais également, mes chers frères chrétiens, n’oublions pas ces paroles prononcées par le Prophète de l’islam à destination des moines du Monastère de Sainte Catherine du Sinaï. En 628, une délégation de moines du monastère Sainte-Catherine se rendit auprès du prophète pour lui demander sa protection. Celui-ci leur octroya une charte leur garantissant des droits qu’il convient ici de proposer à la lecture :

« Ceci est un message de Muhammed ibn Abdoullah, constituant une alliance avec ceux dont la religion est le christianisme ; que nous soyons proches ou éloignés, nous sommes avec eux. Moi-même, les auxiliaires [de Médine] et mes fidèles, nous nous portons à leur défense, car les chrétiens sont mes citoyens. Et par Dieu, je résisterai contre quoi que ce soit qui les contrarie. Nulle contrainte sur eux, à aucun moment. Leurs juges ne seront point démis de leurs fonctions ni leurs moines expulsés de leurs monastères. Nul ne doit jamais détruire un édifice religieux leur appartenant ni l’endommager ni en voler quoi que ce soit pour ensuite l’apporter chez les musulmans. Quiconque en vole quoi que ce soit viole l’alliance de Dieu et désobéit à Son prophète. En vérité, les chrétiens sont mes alliés et sont assurés de mon soutien contre tout ce qui les indispose. Nul ne doit les forcer à voyager ou à se battre contre leur gré. Les musulmans doivent se battre pour eux si besoin est. Si une femme chrétienne est mariée à un musulman, ce mariage ne doit pas avoir lieu sans son approbation. Une fois mariée, nul ne doit l’empêcher d’aller prier à l’église. Leurs églises sont sous la protection des musulmans. Nul ne doit les empêcher de les réparer ou de les rénover, et le caractère sacré de leur alliance ne doit être violé en aucun cas. Nul musulman ne doit violer cette alliance jusqu’au Jour du Jugement Dernier (fin du monde). »

Voilà ce que Daech n’aura pas. Notre fraternité.

Asif ARIF est avocat au barreau de Paris, Directeur du site Cultures & Croyances et Directeur aux affaires publiques de l’association musulmane ahmadiyya de France.

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