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Ces femmes qui défient les narcos mexicains

Trois femmes ont pris la tête de polices locales, près de Ciudad Juarez, l’une des villes les plus dangereuses au monde. L’une d’entre elles a tout juste 20 ans.

Des « Desperate Housewives » font leur entrée dans la Police mexicaine, pour mettre un terme au règne des narcotrafiquants, titre le site de la chaîne américaine Fox News. En effet, deux femmes au foyer prendront ce jeudi la tête des forces de l’ordre de deux villes riveraines de Ciudad Juarez, réputées pour leur niveau de violence, indique le quotidien espagnol El Pais.

Olga Lidia Herrera Castillo, 43 ans et mère de cinq enfants, va se charger de la sécurité dans le village de Villa Luz, qui compte 300 âmes. Sa mission? « Rassurer ses concitoyens », affirme le journal de Ciudad Juarez, El Diario. « Je suis fière et je n’ai pas peur de faire un travail qui est traditionnellement attribué aux hommes », déclare-t-elle, citée par le journal mexicain. L’autre femme s’appelle Veronica Rios Ontiveros: à 38 ans, elle a été élue commissaire dans la localité de El Vergel et ne veut pas voir sa localité « tomber aussi bas que Ciudad Juarez ».

Une bataille perdue d’avance?

Le gros de leur travail sera consacré à la lutte contre les narcotrafiquants, puisque ces femmes vont devoir assurer la sécurité de zones conflictuelles, où l’empreinte des cartels de la drogue est tenace, explique le quotidien mexicain El Universal.
Ciudad Juarez, une ville de 1,3 millions d’habitants, est le théâtre d’affrontements sanglants entre les cartels « de Juarez » et « de Sinaloa »: tous deux souhaitent contrôler le marché local et le trafic de drogue vers les Etats-Unis, premier client mondial de cocaïne. Leur rivalité a fait plus de 2600 morts en 2009 et 2500 cette année.

Ces derniers mois, la violence dans cette ville frontalière a atteint un niveau jamais vu au Mexique. Et ce, malgré la lutte du gouvernement depuis décembre 2006, date de l’entrée au pouvoir du président Felipe Calderon, explique le quotidien El Nacional. Les autorités ont capturé plusieurs délinquants considérés comme les plus dangereux et ont déployé près de 50 000 hommes dans les zones les plus affectées par le trafic.

Mais depuis, la violence s’est accrue: le trafic de la drogue a fait 28 000 morts en trois ans. En 2010, 7000 personnes ont été assassinées dans tout le pays, selon le ministère de la Justice mexicain. Un niveau encore jamais atteint…

L’alcool, cet autre combat

Olga Lidia Herrera Castillo déclare qu’un autre problème est à l’origine de l’insécurité et de la peur ambiante: la consommation excessive d’alcool, à l’origine de violences familiales, ou de bagarres, souligne El Diario local. La quadragénaire aura donc aussi pour tâche de sensibiliser les habitants et de renforcer la surveillance, particulièrement le week-end, dans les environs de Samalayuca et de Villa Luz, deux zones touristiques où la population ne cesse de s’enrichir.

Agathe Heintz

Chef de la Police à 20 ans

Marisol Valles Garcia, 20 ans et maman d’un bébé de sept mois, a été nommée à la tête il y a trois semaines de la police de la municipalité de Praxedis Guerrero, à proximité de Ciudad Juarez. « C’est la femme la plus courageuse du pays », affirmait alors El Pais. La jeune maman, tout juste mariée, a suivi un cursus en criminologie à l’Université de la ville voisine de Ciudad Juárez. Et d’emblée sa tâche semble périlleuse: la jeune femme a à sa disposition une quinzaine de policiers, dépourvus d’expérience, alors que les gangs liés au trafic de la drogue sont composés de plusieurs milliers de tueurs. Malgré cela, elle reste optimiste: « Je sais que les habitants m’aideront, qu’ils collaboreront pour trouver des solutions aux problèmes de sécurité que nous vivons quotidiennement ».

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