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Ces Belges qui ont réussi à Londres

A Londres, la Belgique brille plus par ses individualités que par ses institutions. Pierre Lagrange, du fonds d’investissement GLG, ou Chris Dercon, directeur de la Tate Modern, en sont deux exemples parmi d’autres.

Sa visibilité à Londres, la Belgique la doit aujourd’hui plus à ses individualités qu’à ses sociétés ou ses institutions. « Il y a quelques années, Fortis était très active et très appréciée. Mais depuis le rachat par BNP Paribas, il n’y a plus véritablement de vitrine belge à la City », note Marc Roche, un des Belges les plus médiatiques de la place, correspondant du quotidien Le Monde et auteur de La Banque (Albin Michel), un dérangeant ouvrage sur Goldman Sachs. Sur les listings de l’ambassade de Belgique, quelque 7 000 Belges sont recensés comme vivant à Londres. Mais on les estime généralement à deux fois plus. A ceux-là s’ajoutent les enfants de la « génération Eurostar », un phénomène observé depuis quelques années à Bruxelles comme à Paris. Les pics de fréquentation du TGV le lundi matin et le vendredi soir attestent la transhumance de navetteurs hebdomadaires, hommes d’affaires ou employés de la finance.
Avec le décalage horaire, en partant de Bruxelles-Midi à 8 h 27, vous pouvez fouler les quais de la gare St Pancras au coeur de Londres à 9 h 30. « Il doit bien y avoir des Belges dans toutes les salles de marché de la City où se côtoient jusqu’à 40 nationalités », note Marc Roche. Du coup, « la nouvelle génération s’est fondue dans la vie londonienne », un mouvement qui tranche avec les activités beaucoup plus visibles, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des institutions caritatives, dont la présence de la Brigade Piron et des milliers de militaires belges réfugiés en Grande-Bretagne avait posé les jalons.

Pour autant, la quantité, même relative, n’exclut pas la qualité. Et la Belgique peut se targuer de disposer à Londres de quelques perles. Pierre Lagrange, par exemple, dont la discrétion est proportionnelle à la fortune, estimée à plus de 1 milliard de dollars… Ancien de Solvay, présenté avant la crise financière comme « le Belge le mieux payé au monde », l’homme au look de rock-star des années 1980 est une personnalité qui compte sur la place londonienne : ancien de Goldman Sachs, il a fondé le hedge fund GLG Partners (avec L comme Lagrange), devenu l’un des principaux fonds d’investissement européens et racheté en 2010 par le gestionnaire de fonds britannique Man Group. Pierre Lagrange est aussi réputé comme un grand collectionneur d’oeuvres d’art. Une passion qu’il partage avec un autre Belge en vue dans la capitale britannique, Chris Dercon. Après avoir travaillé à Gand, New York, Rotterdam et Munich, il est devenu en mars le directeur de la Tate Modern, un des plus grands musées d’art moderne et contemporain d’Europe, qui trône sur les rives de la Tamise, dans le quartier de Bankside…

Hors la très prisée galaxie financière (avec, notamment, Jean-Louis Six (BERD), Jacques Purnode (Coca-Cola Enterprises), ou Stan Beckers (BlackRock), la colonie des Belges connus ou reconnus à Londres s’épanouit dans les domaines les plus divers : il en va ainsi du baron Peter Piot, ancien patron d’Onusida et directeur de l’Institute of Global Health de l’Imperial College, du designer Christopher Devos dont les créations de mode avec Peter Pilotto éblouissent depuis quelques années, ou des footballeurs Thomas Vermaelen (Arsenal) et Moussa Dembélé (Fulham, le club du milliardaire égyptien Mohammed al Fayed), préservés des excès de la presse people par une discrétion assumée. Une vertu belge ? Pascal Grégoire, le premier secrétaire de l’ambassade de Belgique, n’est pas loin de le suggérer, lui qui juge que les Belges sont surtout appréciés dans la City pour leur compétence, leur aptitude au travail et leur sens de l’autodérision. Ces valeurs, le Londonien peut sans doute les apprécier au prestigieux Club Anglo-Belge ou au restaurant Café Luc, de plus en plus couru, que Julie, la fille du chef étoilé Luc Van Ostende, propriétaire du Café Théâtre à Gand, a ouvert il y a un an à Marylebone.

G.P.

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