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Ce que l’on sait sur le crash du vol d’Air Algérie

Stagiaire Le Vif

Le vol AH 5017 d’Air Algérie s’est écrasé dans le nord du Mali. Le problème serait survenu au moment d’un changement de cap, consécutif à de mauvaises conditions météo. « Il n’y a pas de survivant », affirme François Hollande. Le point sur ce que l’on sait de cette catastrophe aérienne.

« Il n’y a hélas aucun survivant », a affirmé vendredi le président François Hollande à propos de l’avion d’Air Algérie qui s’est écrasé jeudi au nord du Mali. Le président Hollande a encore précisé qu’ « une boîte noire a été retrouvée ».

La compagnie Air Algérie avait annoncé, ce jeudi 24 juillet, avoir perdu le contact avec un de ses avions. Celui-ci s’est écrasé dans le nord du Mali, dans la région de Gossi, à proximité de la frontière avec le Burkina Faso. Le problème serait survenu au moment d’un changement de cap, consécutif à de mauvaises conditions météo. Contrairement à la zone de crash de l’avion de la Malaysia Airlines, cette région du Mali n’est pas aux mains des rebelles armés, ce qui devrait accélérer et faciliter le travail des enquêteurs.

L’appareil avait décollé dans la nuit de Ouagadougou, au Burkina Faso, et faisait route en direction d’Alger. Le contact n’a été perdu que peu de temps après le décollage, alors que l’avion se trouvait dans l’espace aérien malien. « On ne peut exclure aucune hypothèse », a déclaré Laurent Fabius. Le vol AH 5017 transportait 116 passagers, dont six membres d’équipage. Le ministre français des Affaires étrangères indique la présence de 51 passagers français à bord. Dans la soirée, le général burkinabè Gilbert Diendiéré, chef d’état-major particulier de la présidence burkinabè, a annoncé que l’épave de l’avion avait été retrouvée dans le nord du Mali, près de la frontière avec le Burkina Faso. « Nous venons de retrouver l’avion algérien. L’épave a été localisée […] à 50 kilomètres au nord de la frontière du Burkina Faso, dans la zone malienne de Gossi ».

Plus tôt, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, avait déclaré qu’aucune hypothèse n’était à exclure pour expliquer la disparition de l’avion d’Air Algérie. « La seule chose que nous sachions de manière certaine, c’est l’alerte météo […] Cela peut être à l’origine, bien sûr, de la catastrophe mais il y a aussi d’autres hypothèses », a ajouté le ministre.

Laurent Fabius a également donné plus de précisions sur les 51 Français passagers du vol AH 5017. « Cela concerne 20 familles, parce que ce sont des fratries. Ce sont en général des amis de l’Afrique qui étaient là-bas, soit des touristes, soit des humanitaires ».

Une réunion de crise a été organisée jeudi soir à l’Elysée. La France mobilise « tous ses moyens militaires au Mali dans les recherches de l’appareil », a assuré le président français. Par ailleurs, François Hollande a annoncé le report de sa tournée dans l’océan Indien.

En France, une enquête judiciaire a été ouverte pour « homicides involontaires ». Sur le plateau de France 24, Faycal Mettaoui, un journaliste algérien, expliquait que la presse algérienne pointe du doigt « l’état défectueux » de l’appareil. De son côté, le pilote Mohamed Benzerroug, expert pour le site algérien TSA, affirmait que « l’avion affrété par Air Algérie avait déjà eu plusieurs pannes de moteur. La dernière a eu lieu la veille du décollage de l’avion ». L’avion disparu était en circulation depuis 1987. Une telle hypothèse a été balayée d’un revers de la main. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a assuré que l’appareil avait été déclaré en « bon état » lors d’un contrôle cette semaine en France.

Cinquante et un Français à bord

L’avion comptait 116 passagers à bord, dont les six membres d’équipage espagnols. « D’après les dernières informations communiquées par le gouvernement burkinabè, 51 Français se trouvaient à bord, soit près de la moitié des passagers qui se trouvaient à bord, ainsi que 14 autres nationalités », a déclaré Laurent Fabius.

Selon la dernière liste fournie par Air Algérie, l’avion transportait également 24 Burkinabè, huit Libanais, six Algériens, six Espagnols, cinq Canadiens, quatre Allemands, deux Luxembourgeois, un Belge, un Camerounais, un Egyptien, un Malien, un Nigérien, un Roumain, un Suisse, un Ukrainien et des personnes de « 3 nationalités en cours de recherche ».

Des recherches toujours en cours

Les recherches pour essayer de retrouver l’avion sont toujours en cours. Deux Mirage 2000 ont été envoyés sur la zone de disparition de l’appareil. Selon RFI, le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l’armée française, a expliqué que ces deux avions étaient déjà en vol et qu’il y avait eu une réaffectation de mission en fonction de la trajectoire et du dernier point connu du vol d’Air Algérie.

Selon les autorités burkinabè, l’avion aurait été localisé sur le territoire malien à 80 kilomètres au sud-est de Gossi, à la frontière avec le Burkina Faso, dans une zone de plaines et de marécages. Les autorités burkinabè ne se sont pas encore rendues sur place mais toutes les forces militaires sont mobilisées.

De son côté, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a déclaré : « L’épave a été aperçue entre Aguelhoc et Kidal ». Il n’a donné aucun détail supplémentaire. Tôt ce vendredi matin, des habitants de la zone ont dit avoir entendu de fortes explosions au nord de la localité d’Aguelhoc. Ils ont alors alerté des forces militaires présentes dans cette région du nord du Mali.

Des conditions météorologiques difficiles

« Le pilote de l’avion avait informé qu’il allait devoir dévier de trajectoire en raison des risques de forts orages. C’est à la suite de ce message que les contacts ont été interrompus avec les autorités aériennes de la zone », a déclaré le chef d’état-major particulier de la présidence du Burkina Faso, le général Gilbert Dendiéré.

« Aujourd’hui même, nous ne pouvons pas établir les causes de ce qui s’est produit », a déclaré François Hollande. « Ce que nous savons, a-t-il cependant ajouté aussitôt, c’est que l’équipage a signalé – il était 1H48 du matin – qu’il changeait de direction en raison de conditions météo particulièrement difficiles ».

En cette saison des pluies, les orages violents sont courants dans ces régions sahéliennes et la météo était très fortement perturbée ces dernières heures. Mais les raisons du crash ne sont pas encore connues et aucune hypothèse n’est exclue par les autorités françaises.

Interrogé par le Figaro, le criminologue Alain Bauer évoquait également la météo comme hypothèse principale. Néanmoins, il parle aussi de la question de la sécurité à l’aéroport d’Ouagadougou. Il explique. »La question du contrôle d’accès à bord des passagers et du contrôle des bagages sera inévitablement posée, puisque l’aéroport de départ, à Ouagadougou, n’est pas réputé comme l’un des plus sûrs en termes de vigilance. ans certains aéroports, le personnel de sûreté ne s’entoure pas forcément de toutes les précautions quand le passager est un oncle ou un cousin, avec 80 kg d’excédents de bagage, par exemple ».

Avion appartenant à Swiftair

Il s’agit du vol AH 5017 d’Air Algérie, une ligne régulière qui assure la liaison Ouagadougou-Alger quatre fois par semaine. La compagnie a annoncé la mise en place d’un plan d’urgence. L’avion, affrété par Air Algérie, est loué par la compagnie à une autre compagnie espagnole Swiftair.

Dans une note diffusée sur son site internet, Swiftair confirme la disparition d’un de ses appareils assurant la liaison Ouagadougou-Alger, et affirme qu’il s’agit d’un avion MD83. Mercredi, avant son départ du Burkina Faso, l’appareil aurait fait un voyage aller-retour depuis Paris vers Batna, dans le sud-est de l’Algérie.

Selon une source officielle burkinabè, l’avion aurait décollé à 01h17 de Ouagadougou au Burkina Faso, au lieu de 01h05 initialement prévu. Le vol devait arriver vers 5h40, heure locale, à Alger. Toujours selon cette source, le contact a été perdu très peu de temps après ce décollage, à 1h38. Il y avait à ce moment de forts orages au-dessus du Burkina Faso.

Du côté de la compagnie aérienne, autre son de cloche : on déclare que l’avion, un McDonnell Douglas, a perdu le contact avec la navigation aérienne algérienne 50 minutes après son décollage en direction d’Alger, c’est-à-dire à 1h55. Laurent Fabius a, quant à lui, déclaré que le contact avait été perdu à 1h47.

Signal perdu au-dessus du Mali

L’avion devait passer au-dessus du nord du Mali, notamment Gao et Tessalit. C’est au-dessus de cet espace aérien malien, près de la frontière algérienne, que le contact aurait été perdu avec l’équipage. Une information reprise par le secrétaire d’Etat français aux Transports, Frédéric Cuvillier. La piste d’un tir de missile de combattants du Nord Mali semble peu probable. En effet, ils ne disposeraient pas d’armes capables d’abattre un avion, puisqu’ils possèdent des tirées à l’épaule, comme de lance-roquettes, par exemple.

Selon une source d’Air Algérie : « L’avion n’était pas loin de la frontière algérienne quand on a demandé à l’équipage de se dérouter à cause d’une mauvaise visibilité et pour éviter un risque de collision avec un autre avion assurant la liaison Alger-Bamako. Le signal a été perdu après le changement de cap ». Alors que du côté burkinabè, le ministre des Transports a déclaré que le pilote avait lui-même demandé une modification de sa route en raison d’une tempête à 1h38.

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