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Cameron à Bruxelles, Juncker refuse d’envisager tout « Brexit »

Le chef de l’exécutif européen Jean-Claude Juncker a refusé mardi d’envisager tout « Brexit », la sortie du Royaume-Uni de l’UE, lors d’une visite à Bruxelles de David Cameron, venu chercher l’appui du Parlement européen avant un sommet crucial censé répondre à ses demandes de réformes.

« Nous n’avons pas de plan B, nous avons un plan A. La Grande-Bretagne restera dans l’Union européenne et sera un membre constructif et actif de l’Union », a insisté M. Juncker, qui a reçu le Premier ministre britannique David Cameron à la mi-journée à Bruxelles.

« Si je disais que nous avons un plan B, cela donnerait l’impression qu’il y a comme une volonté de la Commission d’envisager sérieusement que la Grande-Bretagne puisse quitter l’Union européenne. Donc je n’entre pas dans les détails d’un plan B », a expliqué le président de la Commission, qui joue un rôle de « facilitateur » dans les négociations.

M. Cameron a promis un référendum sur le maintien ou non de son pays dans l’UE. Il espère arracher un compromis lors d’un sommet des 28 chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE jeudi et vendredi à Bruxelles, ce qui lui permettrait d’organiser cette consultation à haut risque dès le mois de juin.

Le Britannique a également rencontré le président du Parlement européen, Martin Shulz, mais n’a fait aucune déclaration durant sa brève visite.

Sous pression des eurosceptiques, M. Cameron avait décidé d’abréger son programme au Parlement, en annulant notamment une rencontre prévue avec l’ensemble des chefs des groupes politiques.

Certains parlementaires estiment que le dirigeant conservateur en demande bien trop en échange de la promesse de faire campagne pour le « oui » dans l’UE, et d’autres pas assez, à l’instar de l’europhobe britannique Nigel Farage.

M. Cameron « n’a pas demandé grand-chose, n’est-ce pas ? Et il obtient vraiment très peu. Il ne veut pas que le peuple britannique comprenne que même ce soi-disant accord peut être bloqué par un veto de la part de ce parlement », s’est insurgé M. Farage, le chef du parti anti-immigration Ukip.

Difficultés à résoudre

« Je rejette cette rhétorique. Le Parlement européen n’a pas de veto », a répondu Martin Schulz.

« L’Union européenne n’a jamais été dans une situation aussi dramatique », a-t-il averti, mettant en garde contre l’impact d’une sortie de la Grande-Bretagne de l’UE, déjà ébranlée par une crise migratoire sans précédent.

Outre M. Shulz, M. Cameron a vu trois eurodéputés impliqués dans les tractations de dernière heure et les chefs des deux principaux groupes au Parlement: Manfred Weber (Parti populaire européen, centre-droit) et Gianni Pittella, pour les socialistes.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a présenté le 2 février un pré-accord pour répondre aux revendications britanniques et éviter un « Brexit », mais de l’immigration à la souveraineté politique, en passant par la gouvernance économique, les pommes de discorde restent nombreuses.

M. Tusk, qui fait la tournée des capitales européennes pour tenter de rapprocher les positions, a qualifié lundi à Bucarest le risque d’éclatement de l’UE de « réel ».

M. Tusk a rendu visite à des dirigeants d’Europe centrale et de l’Est, où la question des restrictions des aides sociales aux Européens venant travailler en Grande-Bretagne, l’une des revendications phares de M. Cameron, est mal perçue.

Il devait encore s’entretenir dans la journée avec le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka et la chancelière allemande Angela Merkel.

De son côté, M. Cameron a effectué lundi soir une visite surprise à Paris dans l’espoir de vaincre les réticences de François Hollande. Le président français refuse que les pays n’ayant pas adopté la monnaie unique puissent bloquer une décision des 19 pays de la zone euro.

« Il reste encore du travail à faire notamment sur les relations entre les pays de la zone euro et les non (membres de l’) euro, sur l’intégrité du marché intérieur, sur la régulation des marchés financiers », a expliqué le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Harlem Désir, mardi à Bruxelles.

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