David Cameron © AFP

Brexit: qui est pour, qui est contre, avant le referendum du 23 juin ?

Le Vif

Le Premier ministre britannique David Cameron s’est lancé dans la bataille pour convaincre les Britanniques de voter contre le ‘Brexit’ lors d’un référendum fixé au 23 juin. Qui veut être ‘In’, qui veut être ‘Out’ ? Tour d’horizon des principaux acteurs de la campagne.

Au lendemain de l’accord arraché à Bruxelles à ses homologues européens, David Cameron a réitéré que le Royaume-Uni sera « plus fort, plus en sécurité et plus prospère au sein d’une union européenne réformée », lors d’une brève allocution devant le 10 Downing Street, à l’issue d’un Conseil des ministres de deux heures. « Nous sommes proches de l’une des plus importantes décisions de notre vie », a souligné M. Cameron, qui joue là sa place dans l’Histoire.

Plaidant pour le maintien de son pays dans l’UE, il a souligné que cela « nous donne le meilleur des deux mondes », estimant que la quitter serait « un plongeon dans l’incertitude » et menacerait l’économie et la sécurité du Royaume-Uni.

La partie s’annonce très délicate: avec 53%, les Britanniques partisans d’une sortie de l’UE devançaient en janvier ceux d’un maintien (47%), selon un sondage de l’institut Survation.

Si l’accord qu’il a négocié à Bruxelles a été accueilli avec scepticisme par la presse conservatrice, M. Cameron a reçu un appui de poids de sa ministre de l’Intérieur, Therese May, eurosceptique notoire, qui s’est rangée dans la campagne pour le oui. « L’UE est loin d’être parfaite et cet accord doit faire partie d’un processus permanent de changement et de réforme (…) mais pour des raisons de sécurité, de protection contre le crime et le terrorisme, de commerce avec l’Europe et d’accès aux marchés mondiaux, l’intérêt national est de rester membre de l’UE » a déclaré Mme May dans un communiqué.

Dans la foulée de la réunion du cabinet, cinq ministres ont annoncé leur volonté de faire campagne pour une sortie de l’UE, dont ceux de la Justice, Michael Gove, et du Travail Iain Duncan Smith, membres déclarés du puissant courant eurosceptique au sein du parti Tory.

Du côté des eurosceptiques convaincus, comme le chef du parti europhobe et anti-immigration Ukip, Nigel Farage, la messe est déjà dite.

Voici les principaux acteurs de la campagne en vue du référendum du 23 juin sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne:

Le camp du « In »

– Le Premier ministre David Cameron: « Je ferai campagne avec tout mon coeur et toute mon âme pour persuader le peuple britannique de rester dans l’Union européenne réformée », a promis le dirigeant, qui joue sa place dans l’histoire.

– La ministre de l’Intérieur Theresa May, un temps pressentie pour faire campagne pour le Brexit, s’est finalement rangée à l’avis de David Cameron. « L’UE est loin d’être parfaite et cet accord doit faire partie d’un processus permanent de changement et de réforme » mais « l’intérêt national est de rester membre de l’UE », a-t-elle déclaré.

– Bien que largement eurosceptique, le parti conservateur compte quelques europhiles déclarés parmi lesquels Damian Green, président du groupe Conservative European Mainstream et Anna Soubry, secrétaire d’État en charge des PME.

Jeremy Corbyn, leader du principal parti d’opposition, le Labour: « Nous ferons campagne pour maintenir le Royaume-Uni en Europe lors du prochain référendum, quels que soient les bricolages de David Cameron, car cela apporte investissements, emplois et protection aux travailleurs et aux consommateurs britanniques ».

Nicola Sturgeon, Premier ministre écossais et patronne du Parti nationaliste écossais (SNP), a réitéré samedi son soutien au maintien dans l’UE. Un Brexit pourrait à ses yeux déclencher l’organisation d’un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Écosse.

– « Ces réformes protègent la place et l’influence du Royaume-Uni à l’intérieur du marché unique et mettent un accent renouvelé sur la compétitivité de l’UE, ce qui va aider les entreprises britanniques à créer des emplois et de la croissance économique dans les années à venir », a salué la « patronne des patrons » britanniques, Carolyn Fairbairn, après l’accord de vendredi. Plusieurs grands patrons se sont déjà exprimés en faveur du maintien dans l’UE, dont Bob Dudley, directeur général de BP.

Le camp du « Out »

Cinq ministres Tory ont rejoint samedi la campagne pour une sortie de l’UE: Michael Gove (Justice), Iain Duncan Smith (Travail), John Whittingdale (Sports et médias), Chris Grayling (représentant du gouvernement au Parlement), Theresa Villiers (Irlande du Nord)

– Le leader du parti europhobe et anti-immigration Ukip, Nigel Farage, a toujours milité pour sortir le Royaume-Uni de l’UE mais d’autres partisans du Brexit ne voulaient pas être associés avec lui, d’où la multiplication des campagnes anti-UE.

« Vote Leave » est une campagne pluripartite qui bénéficie de l’appui des « Conservatives for Britain », des eurosceptiques du Labour, de la seule écologiste à la Chambre des Lords et de l’unique député Ukip, Douglas Carswell. Elle revendique le soutien de personnalités comme l’auteur à succès Frederick Forsyth et d’hommes d’affaires comme le co-fondateur du distributeur de téléphones Phones 4u, John Caudwell, l’un des fondateurs de l’équipementier sportif Reebok, Joe Foster, ou encore l’ancien directeur des librairies Foyle, Christopher Foyle.

« Leave.EU » fut la première campagne pro-Brexit à être lancée. Soutenue par Nigel Farage, elle a récemment annoncé son ralliement au groupe Grassroots Out (GO), qui ambitionne d’être choisi par la commission électorale pour mener officiellement la campagne et ainsi toucher sept millions de livres (10 millions d’euros) de subventions.

Scepticisme

Par ailleurs, l’accord conclu avec l’UE par David Cameron a été accueilli avec scepticisme par la presse britannique.Tour d’horizon des opinions.

The Times (conservateur): « Maigre gruau », titre l’éditorialiste. « On savait que, du pays du chocolat, David Cameron ramènerait du caramel », souligne le journal, raillant « la mise en scène théâtrale » des discussions marathon de M. Cameron avec ses partenaires. « Il n’a pas beaucoup d’autre choix que de revenir aux vieux arguments sur les intérêts britanniques mieux préservés en essayant de réformer l’Europe de l’intérieur plutôt que se soumettre aux rigueurs inconnues de la pleine indépendance », relève l’éditorialiste pour qui « une sacrée bataille l’attend ».

The Guardian (centre gauche): « Un paquet pratique » qui « ne peut être réduit à une mascarade ». Le journal proclame son soutien à un maintien du pays dans l’UE « quoi qu’il arrive » et demande aux électeurs d’examiner « très sérieusement » les réformes.

The Daily Telegraph (conservateur): « Maigres gains (…) Les Britanniques vont se regarder et se demander : « C’est tout? » A partir de maintenant, les tourments du parti conservateur sur le sujet seront exposés au grand jour ».

Daily Express (conservateur): « La reculade de Cameron », titrait le quotidien sur son site web. « Tu appelles ça un accord, Dave? »

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