Theresa May © REUTERS

Brexit: les expulsions des ressortissants de l’UE en hausse depuis le référendum

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Le nombre de ressortissants de l’UE expulsés du Royaume-Uni depuis le référendum sur le Brexit a considérablement augmenté.

Malgré les promesses des ministres britanniques de garantir les droits des résidents, le nombre de citoyens de l’UE mis à la porte du Royaume-Uni a explosé depuis le référendum sur le Brexit, révèle The Independent. Ce nombre a quintuplé depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs en 2010 et s’est renforcé avec le vote sur la sortie de l’UE.

Une analyse des données officielles montre qu’il y a eu 26% de déménagements forcés des ressortissants européens au cours des trois premiers mois de 2017, comparé à la même période l’an dernier. En tout, ce n’est pas moins de 5.000 citoyens issus des pays membres de l’UE qui ont été expulsés du Royaume-Uni au cours des douze derniers mois. Une augmentation de 14% par rapport aux douze mois précédents. Ces chiffres viennent d’une note de service du ministère de l’Intérieur, qui a fuité.

Selon des militants des Droits de l’Homme, interrogés par The Independent, la plupart de ces renvois sont illégaux. Pour le Labour, ces chiffres sont « honteux » et pourraient rendre les négociations sur la sortie de l’UE plus compliquées. Les politiques à la base de ces mesures de répression sont actuellement contestées devant les tribunaux britanniques.

Méthodes controversées

Une des méthodes utilisées pour expulser les citoyens de l’UE qui vivent légalement au Royaume-Uni, est une nouvelle règle du ministère de l’Intérieur, introduite par May lorsqu’elle y était Secrétaire d’Etat, qui dit que ceux qui vivent dans la rue « abusent » de leurs droits et doivent être mis dehors. Ces ressortissants de l’UE sans-abri peuvent donc être expulsés de force, sans avoir commis aucune infraction pénale. Selon la directive de l’UE, que tous les pays membres doivent respecter, il est illégal d’expulser un citoyen de l’UE sauf s’il « abuse de ses droits » (fraude, mariage de commodité) et  » pour des raisons sérieuses d’ordre ou de sécurité publique ». Selon la loi britannique, dormir dans la rue fait partie de ces « raisons ». De plus, les organisations dénoncent que ces personnes n’ont pas droit aux 30 jours qu’on devrait légalement leur donner pour quitter le pays, ce qui limite leur possibilité de recours juridique.

Ces chiffres surviennent alors que la Première ministre Theresa May disait encore en juin dernier que « les citoyens de l’UE font partie intégrante du tissu économique, culturel et social de notre pays », arguant qu’elle avait toujours eu l’intention de « protéger leurs droits ». D’autant plus ironique si l’on prend en compte le document du ministère de l’Intérieur révélé la semaine dernière dans le Guardian et dont nous résumions les cinq points importants. Parmi ceux-ci, le souhait britannique de favoriser le marché du travail pour les Britanniques, de faire reculer l’envie des entreprises d’engager des ressortissants de l’UE ou encore de fermer la porte à la libre circulation des personnes entre le Royaume-Uni et le bloc UE.

Les ressortissants de l’UE ne seraient donc plus les bienvenus au Royaume-Uni ? Certains en sont tellement convaincus qu’ils décident de prendre les devants et de quitter le pays, où ils vivent et travaillent parfois depuis des dizaines d’années.

Pour l’instant, le droit européen reste pourtant légalement prioritaire aux lois britanniques. Mais cela pourrait bientôt changer. En effet, le Parlement britannique se prononce ce lundi pour la première fois sur le « Repeal Act ». Cette « Loi de (retrait de) l’Union européenne » vise à abroger « l’European Communities Act » de 1972 qui avait marqué l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union européenne et acté la primauté du droit communautaire sur le droit britannique.

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