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Brésil : les plaintes pour torture ont augmenté de 129 % en trois ans

Stagiaire Le Vif

Entre 2011 et 2013, 819 plaintes pour torture ont été introduites au Brésil. Une pratique déjà très utilisée durant la dictature, entre 1964 et 1985, qu’aucune politique n’est parvenue à endiguer.

La torture a été fortement utilisée par la dictature qui s’était établie il y a tout juste 50 ans. Une étude publiée par le journal brésilien O Globo révèle que le nombre de plaintes pour torture a augmenté de 129 % ces trois dernières années. 819 plaintes ont été introduites entre 2011 et 2013. Elles impliquaient 1.162 agents de l’État.

La torture touche surtout les plus vulnérables

Autrefois au Brésil, la torture était généralement utilisée dans des affaires politiques. Aujourd’hui, elle est de plus en plus utilisée contre des personnes pauvres et vulnérables. Selon des chercheurs de l’Université de São Paulo, les chiffres officiels ne reflètent qu’une partie de la réalité. « La parole de la victime est toujours remise en question. Vu que la torture est un crime sans témoins, c’est à la victime d’apporter des preuves », explique la chercheuse Maria Gorete Marques Jesus.

Les chercheurs du Centre d’Étude de la Violence montrent que la torture peut prendre plusieurs formes : menacer une personne et sa famille, lui porter des coups, la brûler, la laisser sans eau, ni nourriture, etc. « Plus jeune est la personne interpellée, plus forte est la tendance à utiliser la torture », explique un chercheur.

Une pratique héritée de la dictature

Pour la sociologue Viviane de Oliveira Cubas, la torture a été banalisée par la dictature de 1964 à 1985. Selon elle, « l’héritage de la dictature a été l’officialisation de cette pratique. Les policiers ne s’identifient pas aux citoyens et aucune force policière ne peut fonctionner sans être proche de la population ».

Peu de décisions politiques pour arrêter la torture

Un système de médiateur social a été mis en place il y a 18 ans à São Paulo. Mais ce système n’est pas présent dans tous les États brésiliens. Et son pouvoir serait trop limité pour enrayer efficacement les phénomènes de violence contre des citoyens.

En 2012, la présidente Dilma Rousseff, elle-même emprisonnée et torturée sous la dictature, a mis en place une Commission de la Vérité. Son rôle est d’enquêter sur les tortures pratiquées par le régime dictatorial. « Il s’agit d’un droit à la mémoire et à la vérité, pour que la société connaisse son passé », explique le coordinateur de la Commission dans un entretien à l’AFP. La Commission devrait rendre son rapport en décembre prochain. Rien ne garantit des effets concrets, car la Loi d’Amnistie de 1979, celle qui protège les tortionnaires, est toujours d’application.

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